Bouteflika aurait-il la trouille de se rendre à Constantine

A moins de 48 heures de la visite programmée dans la capitale de l'est algérien, Constantine, Bouteflika annonce son report sans même en préciser les motifs.

Pourtant, l'on certifie que le dispositif de sécurité était opérationnel et bien en place, que la claque locale a été suffisamment préparée pour servir de caisse de résonance à l'ambition désormais arrêtée par le mentor de briguer un troisième mandat présidentiel en mai 2009.

Aussi, la décision prise, après tant de préparatifs, qui ont coûté certainement très cher au contribuable, prend-elle l'opinion de court. Et, c'est pourquoi cette dernière s'interroge-t-elle, aujourd'hui, non sans raison, si les conditions de sécurité étaient-elles effectivement réunies, à quelques jours seulement d'un accrochage qui a mis aux prises les forces de sécurité et un groupe terroriste opérant en banlieue de Constantine. Chat échaudé craignant l'eau froide, l'on se demande aussi si Bouteflika, gardant encore frais le souvenir de la bombe qui lui était destinée à Batna, n'a pas lui-même renoncé à son déplacement, par simple crainte d'y perdre la vie.

Certaines mauvaises langues laissent entendre aussi que le président, peu assuré d'y être soutenu, malgré la claque, dans sa pré-campagne électorale, aurait préféré finalement y renoncer dans l'immédiat.

Comme d'une manière générale le terrorisme semble avoir repris des forces à la faveur de la maudite loi de réconciliation nationale, il n'est pas donc exclu que Bouteflika ait encore bien de soucis à se faire et de grains à moudre avant de songer à reprendre en toute sécurité ses balades électorales, pourtant très onéreuses, à travers les grandes agglomérations de l'intérieur du pays.

La presse de ce matin a révélé ce matin les soubassements de la visite de Bouteflika à Constantine, qui a été annulée au dernier moment.

Apparemment, il n'y avait ni inspection de chantiers ni visite de travail à faire dans la localité, excepté la seule envie de "répondre" aux sollicitations des élus et des commis de l'Etat qui voulaient simplement assurer le chef de l'Etat de leur totale adhésion à son projet de se représenter aux prochaines élections présidentielles de mai 2009. Ils l'ont montré d'ailleurs en lui préparant de multiples banderoles à sa gloire, où l'on peut lire : "Les Constantinois exhortent Votre Excellence à briguer un troisième mandat pour parachever son ambitieux programme".

D'aucuns auront voulu, par ces manifestations d'"allégeance", reproduire en quelque sorte l'image carnavalesque qui avait été spécialement concoctée à l'occasion de la visite de Sarkozy dans la capitale de l'est. L'on avait tenu à montrer alors à l'hôte de marque de l'Algérie toute "l'estime et la considération" du peuple dont pouvait se prévaloir le président algérien.

Depuis cette date, les choses se sont révélées, en vérité, sous leur vrai jour. Bouteflika risquait non seulement un attentat contre sa personne mais il pouvait aussi être hué par les centaines de Constantinois chassés de leurs maisons et non recasés. Et cela aurait fait très mal en semant à coup sûr la contagion autre part.