Les Algériens ne veulent ni de talibans ni de Bouteflika

Inaugurant sa diplomatie de la réconciliation, Sarkozy aurait déclaré, selon Le Matin d'Algérie du 8 dernier : "Ce que veut faire la diplomatie française, c'est une diplomatie de la réconciliation. La France veut parler avec tout le monde. Bien sûr qu'il faut soutenir le gouvernement de M. Bouteflika, parce que personne ne veut d'un gouvernement taliban en Algérie..."

Sans chercher autre part l'explication d'un tel langage, c'est en Algérie même, dans les coulisses du pouvoir, qu'on doit la trouver et nulle part ailleurs.

Il est quasiment certain que les stratèges d'El-Mouradia exploitent à fond la pression terroriste, qui s'exerce sur le pouvoir, pour bien montrer que le danger, qui avait menacé l'existence de l'Etat avant l'arrivée de leur mentor aux commandes, a quasiment disparu avec le soi-disant rétablissement de la paix généré par la fameuse loi de réconciliation nationale. En d'autres termes, le ballon de baudruche s'est dégonflé sous l'effet de cette loi, d'où la prétendue maîtrise de la situation sécuritaire tant saluée il y a quelques mois. Et c'est même la raison d'être des manigances auxquelles s'étaient donnés un temps les thuriféraires, pour ne pas dire les gens à claque qui ont eu l'outrecuidance de demander un prix Nobel pour leur président.

Mais la vérité est là qui dévoile les choses sous leur vrai jour : les bombes successives de Dellys, de Batna, du Palais du gouvernement, de Bab-Ezzouar, de Ben-Aknoun et d'Hydra témoignent suffisamment, par le bain de sang qu'elles ont fait couler, que ni Bouteflika, ni son alter ego Zerhouni ne sont capables de maîtriser quoi que ce soit dans la flambée terroriste particulièrement engendrée par leur cécité, celle ayant eu pour résultat de libérer en toute illégalité et inconscience criminelle des milliers d'assassins en les dotant de plus de gratifications inespérées pour leurs crimes barbares.

Il avait pourtant bien fière allure à Tamanrasset, ces derniers jours, ce président grincheux qui, en 1999, avait joué au messie capable de tout résoudre en un tournemain, mais qui, hélas, n'a pas même eu la présence d'esprit de présenter publiquement ses condoléances aux familles de victimes des derniers attentats. C'est vrai qu'à Tam, il était là tout nimbé d'une aura qui lui avait tant manqué partout ailleurs, faute d'avoir donné à son règne un sens digne d'un président de tous les Algériens. Et ce n'est pas la capitale, qui l'a toujours rejeté, qui ferait aujourd'hui amende honorable pour le recueillir dans ses bras. Et il le sait.

Sarkozy a donc bien tort de croire que l'Algérie se résume à la personne de Bouteflika et à son équipe d'incapables. Il se trompe d'autant plus lourdement que le pays a déjà fait la preuve, bien avant l'avènement de ce dernier, qu'il est à même de présenter d'autres guides nettement plus compétents et surtout plus résolus et déterminés à écraser la vermine intégriste qui le gangrène.