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 Le Vietnam, épicentre des tensions diplomatiques asiatiques

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karou

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Date d'inscription : 11/05/2007

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MessageSujet: Le Vietnam, épicentre des tensions diplomatiques asiatiques   Le Vietnam, épicentre des tensions diplomatiques asiatiques EmptyDim 14 Mar - 13:10

Un papier signé de Jean Lévy, ancien ambassadeur de France, publié sur Atlantico, à propos des avancées formidables de l'économie vietnamienne, mérite, à mon sens, toute l'attention. Le voici intégralement :  

Absent de l’actualité internationale et notamment en Occident, le Vietnam s'impose pourtant comme une puissance économique émergente. Le pays de presque 100 millions d'habitants fait désormais figure d’acteur stratégique sur l'échiquier mouvant des relations internationales, alors que le Sud-est asiatique notamment cristallise les tensions entre grandes puissances, Chine et États-Unis en tête.

Dans un monde obnubilé par une expansion chinoise aussi fascinante qu'inquiétante, il reste peu de place dans le débat public pour les pays voisins de la Chine, complaisamment relégués au statut de « confettis » géopolitiques, voire au rang de satellites de Pékin. Il en va ainsi du Vietnam, un pays dont l’imaginaire collectif occidental se réduit malheureusement et trop souvent à la guerre américaine des années 1970 ou à la guerre d’Indochine. Alors que la plupart des soi-disant grandes puissances occidentales se sont, depuis les prémisses de la pandémie de Covid-19, enfoncées dans un marasme économique dont elles ne voient pas encore l'issue, l'économie vietnamienne affiche ainsi une insolente santé, enregistrant une croissance de 2,4% au terme de l'année 2020. Soit l'une des plus élevées au monde, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Dès les premiers jours de la crise sanitaire, les autorités vietnamiennes ont très vite réagi, imposant des mesures de confinement et de traçage aussi sévères que brèves. Un « traitement de choc » qui a permis le rapide redémarrage d'une économie fortement dépendante des exportations, tirées par le boom de la demande en meubles (+12%) et produits électroniques (+26%) pour les télétravailleurs du monde entier. Parallèlement, le gouvernement vietnamien a injecté de l'argent public en faveur de grands projets d'infrastructures soutenant la demande intérieure. Enfin, le Vietnam a su tirer profit de la guerre commerciale que se livrent en Asie la Chine et les États-Unis, de plus en plus d'entreprises délaissant leurs fournisseurs chinois, soumis aux taxes américaines, pour s’approvisionner auprès de leurs concurrents vietnamiens.

Un pays tiraillé entre ses alliances géopolitiques

Une grande forme économique qui masque une fébrilité géopolitique : le Vietnam demeure au cœur de vives tensions régionales, elles-mêmes alimentées par la rivalité sino-américaine. Le 1er février dernier est ainsi entrée en vigueur une nouvelle loi, autorisant les gardes-côtes chinois à faire usage de la force, y compris au moyen d'armes lourdes, contre ce que Pékin considère comme des tentatives d'incursions de la part d'autres pays dans ses eaux territoriales, en mer de Chine méridionale. Une annonce que les autorités vietnamiennes ont aussitôt qualifiée d' « acte de guerre », les navires militaires ou commerciaux chinois ayant d'ores et déjà pris la fâcheuse habitude de pénétrer, en violation du droit maritime international, dans les zones économiques exclusives (ZEE) des pays de la région, comme l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines ou le Vietnam. Une conflictualité accentuée par les conflits de territorialité sur les archipels des Paracels et des Spratleys qui durent depuis 1954 entre la Chine et le Vietnam. Des îlots pauvres en ressources, mais stratégiquement situées au cœur d’un des couloirs maritimes les plus fréquenté au monde.

Le risque d'escalade est réel. Alors que Pékin semble adopter une forme de tradition impérialiste se jouant du concept de frontières, incarnée par le lancement, en 2013, du pharaonique projet de nouvelles « routes de la soie », la mer de Chine méridionale fait désormais figure de laboratoire grandeur nature de l’expansionnisme chinois. De ces heurts et provocations répétés résulte une militarisation accélérée de cet espace maritime disputé et ô combien stratégique. Une fuite en avant dont n'est pas épargné le Vietnam qui, à l'instar de l'ensemble des pays de la région, a récemment musclé son arsenal militaire. De plus en plus proche de Washington, Hanoi s'est aussi doté au cours des dernières années de plusieurs sous-marins – de construction russe –, ainsi que de plusieurs dizaines de missiles de croisière, dans le but affiché de renforcer ses capacités de dissuasion. États-Unis, Russie et même Inde : la valse des rapprochements diplomatiques et des partenariats militaires témoigne de la versatilité, sinon de la fébrilité, qui règnent à Hanoi, partagée entre sa dépendance envers son puissant voisin chinois et l’influence croissante de celui-ci.

Des tensions persistantes avec le Laos et la Corée du Sud

Tiraillé entre ses diverses allégeances vis-à-vis des grandes puissances, le Vietnam entretient également plusieurs sujets de tensions récurrentes avec certains de ses proches voisins. J’avais déjà évoqué, il y a deux ans, la douloureuse question des « Lai Dai Han », qui empoisonne les relations entre Hanoi et la Corée du Sud. Séoul refuse encore et toujours de reconnaître sa responsabilité dans les viols de masse qui ont été commis, durant la guerre du Vietnam, par les militaires sud-coréens sur des dizaines de milliers de filles et jeunes femmes vietnamiennes. Des décennies plus tard, ces dernières et leurs enfants, qui continuent d'être économiquement et socialement exclus au sein de leur propre pays, demandent en vain la reconnaissance de leurs souffrances par Séoul.

Sur un tout autre plan, le Vietnam entretient aussi des relations diplomatiques difficiles avec le Laos : son petit voisin prévoit en effet la construction d’un troisième barrage sur les rives du Mékong, le fleuve qui irrigue toute la région. Comme la Chine – qui a déjà bâti onze barrages sur le légendaire cours d’eau – le Laos participe ainsi à menacer les 60 millions de personnes qui dépendent des eaux du fleuve pour la pêche et l’agriculture, dans toute l’Asie du sud-est : le Laos mais aussi la Thaïlande, le Cambodge… et le Vietnam. En effet, le réchauffement climatique et cette multiplication des barrages ont considérablement réduit le débit du Mékong, menaçant l’économie et le mode de vie de millions de Vietnamiens, chez qui justement le fleuve termine sa course avant de plonger dans la mer de Chine méridionale.

Ces deux problématiques – mémorielles avec la Corée du Sud, d’accès à l’eau avec le Laos – handicapent la diplomatie vietnamienne dans sa capacité à mettre sur pied contrepoids régional pour limiter l’influence chinoise. Le pays est pourtant sur une faille tectonique entre des puissances mondiales, entre États-Unis et Chine : de sa capacité à trouver une relation équilibrée avec ses proches voisins dépend peut-être la stabilité du monde.
Jean Lévy
(Ancien ambassadeur de France, et ex conseiller diplomatique de François Mitterrand).
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