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 Algérie-Maroc : "Nous sommes otages d'une machine à salir"

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Mahmoud

Mahmoud


Nombre de messages : 260
Date d'inscription : 08/06/2007

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MessageSujet: Algérie-Maroc : "Nous sommes otages d'une machine à salir"   Algérie-Maroc : "Nous sommes otages d'une machine à salir" EmptyJeu 1 Jan - 14:59

Le Point.fr - 30/12/2014
par José Garçon et Mireille Duteil

Notre journaliste Mireille Duteil et José Garçon, ex de "Libération", sont au cœur d'une campagne d'insultes sur les réseaux sociaux contre quatre journalistes. Décryptage.

L'affaire pourrait être un scénario à multiples rebondissements imaginé par un service de barbouzes qui s'auto-nourrit sur la Toile et sur lequel on ne peut avoir qu'une certitude : il s'inscrit dans une cyberguerre interétatique. Depuis début octobre, un compte Twitter diffuse sous le pseudonyme de "Chris_Coleman24" et dans un anonymat absolu des mails - authentiques ou mêlant le vrai et le faux, falsifiés ou partiellement modifiés - ainsi qu'un torrent de "révélations" sur la politique, la diplomatie et les institutions marocaines. Le tout aurait été hacké par "Chris_Coleman24" à partir des boîtes mail de plusieurs personnalités ou institutions du royaume, notamment sa mission à l'ONU et sa ministre déléguée aux Affaires étrangères.

Ces documents concernent avant tout l'interminable conflit du Sahara occidental, pomme de discorde depuis près de quatre décennies entre le Maroc - qui revendique et dispute au Front Polisario cette ancienne colonie espagnole - et l'Algérie - qui soutient à bout de bras le mouvement indépendantiste. Les relations entre le royaume chérifien et Washington et celles, moins connues, entre Rabat et Israël sont aussi au cœur de ce flot ininterrompu de documents. Objectif, selon les propres termes de "Coleman24" dans l'un de ses échanges sur Twitter : "fragiliser le Maroc, notamment son appareil diplomatique" en dénonçant, à travers ces "révélations", l'activisme et "l'intense lobbying du Maghzen" (le système de pouvoir marocain) sur le Sahara occidental, à l'ONU comme auprès des hommes politiques et des médias américains et européens.

Mis en cause

Au passage, le hacker met en cause quatre journalistes français - dont nous sommes - à partir de mails attribués à Ahmed Charaï, un homme d'affaires marocain. Celui-ci possède plusieurs médias et aurait été ciblé en raison de ses activités de lobbying, notamment à New York dans les coulisses des négociations sur le Sahara occidental à l'ONU. "Agent d'influence du Maghzen", accuse "Coleman24". Homme multipliant les réseaux en tout cas.

Parmi les médias d'Ahmed Charaï, un hebdomadaire, L'Observateur du Maroc, paru en 2008 dans lequel nous publions des chroniques toutes les semaines. L'histoire commence quand Ahmed Charaï nous demande de lui "donner un coup de main à titre amical" pour lancer le premier site marocain sur le Web qui deviendra cet hebdo. Il nous sollicitera aussi en 2011 pour collaborer à une version francophone de la revue américaine Foreign Policy (dont une première mouture éditée à Paris avait disparu en 2009). Ce projet nous paraît d'autant plus intéressant que des articles originaux axés sur les questions méditerranéennes doivent compléter l'édition américaine.

Nous nous contenterons finalement de l'aider à se lancer en y signant dans les premiers numéros. Cette seconde version francophone finira aussi par cesser de paraître. Aujourd'hui, dans certains des échanges "avec la DGED" (les services de sécurité marocains) que "Coleman" prête à Ahmed Charaï, ce dernier se flatterait d'avoir su constituer, en France et aux États-Unis, un réseau de journalistes "amis" qui seraient devenus des propagandistes du royaume...

Le choix du silence

Nous avons dans un premier temps décidé de ne réagir ni aux accusations ni aux commentaires qui se sont répandus sur les sites d'information, les réseaux sociaux et certains blogs. Non pas en raison d'une quelconque "culpabilité" qui nous empêcherait de "nous défendre" (comme certains de nos inquisiteurs nous en ont sommées ici ou là, oubliant que c'est à celui qui accuse de prouver ses dires). Mais nous étions persuadées qu'il suffisait avant tout de se référer à quarante ans d'écrits dans Libération pour l'une, Le Point pour l'autre, dans d'autres revues françaises ou dans L'Observateur du Maroc - tous en ligne et donc accessibles à qui veut s'en donner la peine - pour lever toute ambiguïté sur notre professionnalisme et notre indépendance. Cette production journalistique est infiniment plus "parlante" que n'importe quelle déclaration de notre part sur le fait que nous n'avons jamais reçu d'argent ou de cadeaux - comme quelques mails hackés le prétendent - pour faire une quelconque "promotion" du royaume.

Itinéraires différents

Chacune de nous a eu, à Libération et au Point, des itinéraires différents dans son travail sur le Maghreb.

Journaliste à Libération de 1974 à 2007, je (José Garçon) considère pour ma part que la période à laquelle j'ai commencé à "couvrir" l'Algérie pour ce quotidien - 1988 -, dix ans avant d'avoir mis les pieds au Maroc et d'y effectuer un reportage, vaut tout démenti. Que le ton critique de mes articles à l'encontre du pouvoir algérien ait fortement déplu à ce dernier relève du domaine public : ils évoquaient notamment (sur la foi d'enquêtes, de nombreux témoignages et des rapports des organisations humanitaires internationales) les infiltrations et les manipulations des groupes armés islamistes par les services de sécurité algériens. Comme d'autres, j'ai d'ailleurs été "privée" de visa. À l'époque, on m'accusait d'être liée à l'opposition algérienne, aujourd'hui au Maghzen. Je crois plus simplement que "Chris Coleman24" - quelle que soit son identité - n'est pas mécontent de tenter de discréditer au passage mon travail sur l'Algérie.

De mon côté (Mireille Duteil), journaliste au Point depuis 1980, j'y ai couvert le Maghreb et l'ensemble du monde arabe. Deux livres sur l'Algérie m'avaient même donné la réputation d'être pro-algérienne. Je me retrouve aujourd'hui pro-marocaine. Ainsi va le buzz. Nous croyons toutes deux être simplement journalistes.
"Produit d'appel" pour forcer la porte des grands médias

À nos yeux, la cascade de documents diplomatiques marocains rendus publics par ce hacker atteste par ailleurs d'une évidence : dans cette cyberguerre, les journalistes ne sont qu'une sorte de "produit d'appel" destiné à lancer, grâce à son aspect sulfureux ("la corruption de la presse française"), cette campagne que Rabat impute à Alger et que l'Algérie attribue à un "hacker marocain" sans fournir d'indice accréditant cette affirmation.

Nous avions également la conviction que nul ne pourrait croire que l'offensive d'un "corbeau" s'inscrivait dans le cadre des "lanceurs d'alertes" que sont Edward Snowden ou Julian Assange. Et cela pour plusieurs raisons : son anonymat, son refus de livrer ce qu'il qualifie de "butin" à des médias professionnels pour qu'ils puissent en vérifier l'authenticité, l'analyser et décider de ce qui devait, ou pouvait, en être publié.

Il nous semblait enfin que certains signes étaient de nature à au moins envisager un "intérêt" algérien dans cette affaire : la diffusion à la mi-novembre d'une longue émission de la télévision algérienne consacrée aux "révélations de Chris Coleman, le hacker marocain patriote", la reprise systématique de ses tweets d'abord par Algérie patriotique, un journal proche de Khaled Nezzar, l'ancien ministre algérien de la Défense, et par un site pro-sahraoui Diaspora Sahraoui. Une reprise agrémentée désormais d'articles à charge contre nous, qui s'est étendue ensuite à plusieurs quotidiens algériens.

Poser enfin la question : qui est "Coleman24" ?

La volonté de ne pas contribuer à alimenter le buzz nous avait, par ailleurs, persuadées qu'il était urgent de se taire. D'autant que de nouvelles salves du hacker et de ses amis suivent les rares papiers - Pierre Haski dans Rue89 et Mediapart - qui posent la question de l'authenticité des mails et qui resituent l'affaire dans sa complexité et son contexte "barbouzard" de cyberguerre entre deux États en rivalité et en affrontement larvé permanent.

Erreur ou naïveté de notre part ? Contre toute attente, seuls sont repris parmi les mails "attribués" à Ahmed Charaï ceux où les noms des journalistes apparaissent, alors que ces courriels représentent une partie infinitésimale des centaines de documents rendus publics ! Tweets, posts, blogs et sites, le plus souvent pro-sahraouis, diffusent en boucle les accusations de "Coleman24" contre nous. En les amplifiant et en nous reprochant tout et n'importe quoi, par exemple de n'avoir pas écrit sur le Maroc et le Sahara occidental dans L'Observateur du Maroc, sans penser que cette réserve était voulue et déontologique.

Tout se passe en fait, comme si, face à une offensive qui peine à "sortir" de la blogosphère, qui ne nous concerne pas mais dont nous sommes devenues les otages, "Coleman24" comptait surtout sur... nous pour lui ouvrir la porte des grands médias accusés de faire un "black-out total" sur ses révélations ! Dès lors, tout est permis. Désormais, il pimente certains de ses tweets, et pas seulement ceux accusant les journalistes, de commentaires, d'insultes, de photomontages et autres insinuations parfois en dessous de la ceinture. Une pratique qui n'a jamais été celle d'un Snowden ou d'un Assange.

Face à cette machine à salir sur la seule foi de tweets mis en ligne par un hacker anonyme, peut-on souhaiter que soit posée enfin la question qui aurait dû s'imposer d'emblée : qui est "Chris Coleman24" ? La réponse paraît en tout cas bien loin du WikiLeaks qui nous est servi en permanence.

(http://www.lepoint.fr/monde/algerie-maroc-nous-sommes-otages-d-une-machine-a-salir-30-12-2014-1893116_24.php#xtor=CS3-190)
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