tvmag.lefigaro.fr - 28.05.2014
par Laurent Chignaguet
Émission TV à voir le 28/05/2014 à 20h50 sur D8
Ce mercredi 28 mai, D8 diffuse, en prime time, un nouveau numéro d'En quête d'actualité. Pendant deux mois, à l'occasion des dernières élections municipales, un journaliste du magazine s'est fait embaucher dans l'équipe de campagne du candidat du Front national à Lens (Pas-de-Calais). Une immersion filmée en caméra cachée.
Ce soir, à 20 h 50, le magazine de D8 En quête d'actualité propose Plongée au cœur du parti de Marine Le Pen, un reportage sur les coulisses du Front national réalisé à l'occasion des élections municipales de mars dernier. Deux mois avant le scrutin, Sylvain Laurent (un pseudonyme), qui l'a réalisé pour le magazine présenté par Guy Lagache, s'est infiltré dans l'équipe de campagne d'Hugues Simon, candidat du parti de Marine Le Pen à Lens (Pas-de-Calais).
Une immersion filmée en caméra cachée que nous n'avons pas eu la possibilité de voir, mais que Le Parisien - Aujourd'hui en France a pu visionner. « On découvre avant tout un candidat mal préparé et extrêmement seul », écrivent nos confrères. « Nous étions loin d'imaginer un tel degré d'amateurisme dans une section comme celle de Lens, une ville de près de 40.000 habitants », explique pour sa part le producteur Jacques Aragones.
Contacté, l'avocat du Front national critique le recours à la caméra cachée pour les besoins de cette enquête: « De tels procédés sont contraires à la déontologie des journalistes. Par principe, je les dénonce. Ils représentent une dérive inacceptable. » Et Me Wallerand de Saint-Just d'établir un parallèle avec le livre de Claire Checcaglini, Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée (Jacob-Duvernet), paru en février 2012. Pendant huit mois, de mai 2011 à janvier 2012, cette journaliste avait milité au sein du parti dans les Hauts-de-Seine.
« Madame Checcaglini a été mise en examen par le juge d'instruction de Nanterre pour escroquerie. Le procureur de la République a demandé son renvoi devant le tribunal correctionnel. Elle s'était présentée sous une fausse identité pour adhérer à la Fédération des Hauts-de-Seine. Cette journaliste avait utilisé des manœuvres frauduleuses pour tenter d'obtenir un bien, à savoir dans le cas présent des informations propres à la rédaction d'un article. »
Pour autant, le Front national n'envisage pas d'interdire la diffusion du magazine de D8. « La jurisprudence en ce domaine est telle qu'il est impossible de visionner une émission à l'avance, poursuit Me Wallerand de Saint-Just. Pour demander son interdiction, encore faut-il l'avoir vue, ce qui n'est pas le cas. Nous ne pouvons pas nous baser sur des rumeurs. De toute façon, cette interdiction, on ne l'obtient plus, sauf en matière de violation grave de la vie privée. »
Ce n'est donc qu'à partir de demain, après avoir vu le reportage comme tous les téléspectateurs, que le parti frontiste se réserve la possibilité de donner, ou pas, une suite judiciaire. « Comme dans l'affaire du livre de madame Checcaglini, je ne peux pas vous affirmer que nous allons déposer plainte pour escroquerie, puisque nous ne connaissons pas les détails de ce reportage. Mais cela pourrait donner lieu à une réaction identique. »
(http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/article/television/81755/d8-le-fn-attend-de-voir-le-reportage-en-camera-cachee-avant-d-agir.html)