L'épidémie d'obésité marque le pas en France

Le Figaro - 16.10.2012
par Delphine Chayet

Toutefois, près de 7 millions de Français sont obèses. Et la prévalence continue d'augmenter fortement chez les 18-24 ans.

Pour la première fois depuis quinze ans, la progression de l'obésité semble marquer le pas en France. Après les hausses alarmantes de ces dernières années, la sixième édition de l'enquête nationale ObEpi*, dont les résultats sont dévoilés mardi, met en évidence une augmentation de la prévalence de 0,5 % seulement entre 2009 et 2012. « Ce résultat encourageant doit encore être confirmé par d'autres études dans les années à venir, mais c'est peut-être le signe que les politiques de santé publique commencent à avoir un impact », commente le Pr Arnaud Basdevant, nutritionniste à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

À les regarder de plus près, ces nouvelles statistiques dessinent cependant un tableau général inquiétant. En 2012, 15% de la population adulte est obèse, soit près de 7 millions de Français âgés de plus de 18 ans. Or ils n'étaient que 8% en 1997, année de la première version de l'enquête. Au total, la France compte aujourd'hui 32,3% d'adultes en surpoids, autrement dit près de 15 millions de personnes dont l'indice de masse corporelle est compris entre 25 et 29,9.

Réalisée tous les trois ans, selon une méthodologie identique, l'enquête déclarative ObEpi est un outil précieux pour les épidémiologistes, car elle permet de suivre l'évolution du phénomène dans le temps. En quinze ans, le poids moyen des Français a augmenté de 3,6 kg, tandis que leur tour de taille a progressé de 5,3 cm. « Il est aujourd'hui établi que l'obésité abdominale est directement liée aux complications cardio-vasculaires et métaboliques », note le Pr Basdevant.



L'obésité ne touche pas les Français équitablement. Si la progression semble enfin se tasser dans la population générale en 2012, cette accalmie ne concerne pas les 18-24 ans. Dans cette tranche d'âge, la prévalence a fait un bond de 35%. Il en est de même pour les formes les plus graves d'obésité (à partir d'un IMC supérieur à 40), qui continuent d'augmenter. En 2012, elles touchent 1,2% des Français, soit 550 000 personnes. « Or cette population, qui est la plus à risque de complications, est aussi celle qui a le moins accès au système de soins », souligne le Pr Sébastien Czernichow, nutritionniste à l'hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt.

L'obésité est plus marquée dans le Nord et l'Est

L'étude confirme d'autres facteurs d'inégalité. Les femmes sont ainsi plus touchées que les hommes, et l'écart entre les sexes se creuse d'année en année. L'origine géographique crée aussi de fortes disparités: l'obésité est plus marquée dans le Nord et l'Est. Le Nord-Pas-de-Calais compte 21,3 % d'adultes obèses, contre 11,6 % en Midi-Pyrénées. De la même manière, l'étude relève une relation inversement proportionnelle entre le niveau de revenus et la fréquence de la maladie, même si toutes les catégories sociales sont touchées.

« Globalement, la France reste dans une position favorable par rapport à d'autres pays européens, ce qui prouve que son modèle culinaire est solide », indique Pr Basdevant.

(1) Enquête déclarative réalisée auprès de 25 714 Français, âgés de plus de 18 ans, interrogés entre janvier et mars 2012 par Kantar Health à l'initiative de Roche.

(http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/10/16/19295-lepidemie-dobesite-marque-pas-france)