latribune.fr (avec agences) - 6.04.2012
La direction de la chaîne Sky News (dont Rupert Murdoch est l'un des actionnaires) a reconnu avoir autorisé par deux fois certains de ses journalistes à "hacker" des comptes de messagerie électronique pour réaliser des enquêtes. Le dirigeant de Sky News défend ses pratiques qu'il qualifie de "journalisme d'investigation".
L'empire Murdoch à nouveau entaché par une affaire. Sky News, chaîne de télévision appartenant au groupe du magnat d'origine australienne Rupert Murdoch a reconnu jeudi soir avoir autorisé l'un de ses journalistes à pirater des courriels privés à deux reprises.
Lors d'une enquête sur une affaire d'escroquerie à l'assurance-vie, Simon Cole, alors directeur de la rédaction avait permis à l'un de ses reporters de "hacker" la messagerie de John Darwin lorsque sa femme Anne était soupçonnée d'avoir mis en scène la mort de son mari. Les "preuves" ainsi collectées avaient même été portées à la connaissance de la justice en 2008. Selon Sky News ces informations se sont révélées "cruciales" dans cette affaire. Dans l'autre cas, ce sont les courriels d'un homme suspecté de pédophilie qui avaient été piratés. Selon le "Guardian", qui cite la chaîne, cette enquête n'avait pas donné lieu à un reportage diffusé sur la chaîne et les informations recueillies avaient été transmises directement à la police britannique.
"Journalisme d'investigation"
Dans un communiqué, la direction de la chaîne se défend en précisant que les personnes dont les courriels avaient été piratés étaient à chaque fois des "individus suspectés d'activités criminelles". Elle estime en outre ces méthodes "éditorialement justifiées" et "dans "l'intérêt du public", tout en défendant le "journalisme d'investigation". John Ryley, le patron de la Sky News, met ainsi en parallèle ces pratiques illégales avec l'achat d'un fusil Uzi en 2004 par l'un de ses journalistes pour démontrer avec quelle facilité il est possible de se procurer des armes au Royaume-Uni. Autre exemple mis en avant: l'infiltration d'un reporter parmi les membres de la sécurité de l'aéroport d'Heathrow pour en dévoiler les failles.
Ces révélations interviennent deux jours seulement après la démission de James Murdoch du bouquet satellitaire BSkyB auquel Sky News est affilié. Le fils et héritier du dirigeant du groupe News Corp avait quitté sa fonction de PDG de crainte que son groupe ne soit éclaboussé par les conséquences du scandale des écoutes téléphoniques qui ébranle l'empire familial depuis cet été. Le quotidien populaire News of the World avait même dû être supprimé, certains de ses journalistes ayant écouté illégalement quelques 800 personnes en Grande-Bretagne dans les années 2000. Peu après, une partie de la rédaction du Sun, un autre tabloïd, était soupçonnée de corruption. L'enquête se poursuit outre-Manche pour déterminer la responsabilité des dirigeants du groupe dans ces affaires. En attendant, cet énième rebondissement a fait dévisser l'action BSkyB de 3% jeudi à la Bourse de Londres, la pire baisse des entreprises du Footsie-100.
(http://www.latribune.fr/technos-medias/medias/20120406trib000692302/quand-la-chaine-britannique-sky-news-autorisait-le-piratage-de-mails.html)