L'Usine Nouvelle.com - 27.03.2012
par Aurélie Barbaux
Au classement 2011 des principaux déposants de brevets en France publié par l'INPI, le constructeur automobile Renault chute de la deuxième à la 10e place. Son concurrent national, PSA Peugeot Citroën, garde de loin sa première place. Safran prenant la place de Renault.
Brevets n'est pas systématiquement synonyme d'innovation. Mais qui réduit drastiquement ses dépenses de Recherche & Développement (R&D) voit souvent mécaniquement diminuer le nombre de ses brevets publiés 12 à 18 mois plus tard. C'est exactement ce qui s'est passé chez Renault.
Pendant la crise de 2008-2009, le groupe a réduit ses dépenses de R&D, voire licencié une partie de ses équipes. Du coup, au lieu des 865 brevets publiés en 2007, 950 en 2008 et 906 en 2009, Renault n'a eu que 562 en 2010 et 245 en 2011. Le propulsant de la 2e place, qu'il occupait depuis plus de cinq ans, à la 10e place. Pas glorieux.
D'autant, que le constructeur ne se rattrape pas non plus à l'international. En 2010, il n'a eu au total que 604 demandes de brevets publiées auprès des principaux offices de brevets nationaux (France, Allemagne, Japon…) et internationaux (OEB, OMPI), dont 93 % à l'INPI. Autant dire que non seulement Renault dépose moins de brevets, mais qu'il ne le fait plus qu'en France.
Tout le contraire d'EADS, qui décroche la cinquième place du classement national en 2011 avec 405 brevets publiés, mais était deuxième au classement international (publication 2010), avec 1 160 brevets publiés dans le monde, dont seulement 34,7 % à l'INPI.
Ruptures technologiques
Finalement, c'est la régularité qui paie le plus, comme le démontre le groupe Safran. Presque par surprise, Safran décroche en 2011 la deuxième place du nombre de brevets publiés à l'INPI, juste derrière l'éternel premier, PSA (1 237 brevets publiés). Certes, depuis cinq ans, "Nous avons une augmentation constante et régulière de dépôts de brevets de 15 %. Mais, avec les aléas des publications dans le temps en 2011, le nombre de brevets validés a grimpé d'un coup de 34,5 %, à 573", explique Michel de Crémiers, directeur propriété intellectuelle de Safran. Soit tout de même 147 de plus qu'en 2010.
Mais ce bond n'explique pas tout. Ce classement dépend aussi de la performance des autres. On l'a vu. La troisième place, initialement détenue par L'Oréal, revient au Commissariat à l'Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives (+10.1 %).
N'empêche, cette deuxième place de Safran répond à l'exhortation du président du groupe Safran Jean-Paul Herteman envers son groupe "à sortir deux à trois innovation de ruptures technologiques en cinq ans". C'est chose faite. Parmi les brevets publiés, la plupart concernent les matériaux composites et l'avion électrique, notamment le "green taxiing", pour rouler plus vert au sol.
En revanche, à l'international, Safran a encore des progrès à faire. Il n'est que 10e français, avec 456 demandes de brevets publiées en 2010, dont 92,1 % à l'INPI. "C'est que 80 % de notre R&D est menée en France", explique Michel de Crémiers. Il est vrai qu'une invention réalisée en France doit être d'abord déposée systématiquement dans le pays.
(http://www.usinenouvelle.com/article/renault-s-essouffle-en-matiere-de-brevets.N171484)
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