Le Point.fr - 11/03/2012
par Anne Jeanblanc
Seuls 61 % des habitants de l'Afrique subsaharienne ont accès à des sources d'eau améliorées, contre 90 % ailleurs dans le monde.
Le Forum mondial de l'eau aura lieu cette semaine à Marseille, précédant la Journée mondiale de l'eau qui se tiendra, comme chaque année, le 22 mars. Autant d'occasions de rappeler combien l'accès à ce liquide, et notamment à celui susceptible d'être bu par des personnes de tous âges sans entraîner de maladies, est indispensable. À travers sa vidéo, l'association Action contre la faim met en avant les 300 millions de personnes qui sont victimes, chaque année, des catastrophes naturelles, des épidémies et des conflits et qui ont un besoin vital en eau propre.
Selon le dernier rapport du programme commun OMS-Unicef de surveillance de l'eau et de l'assainissement, le nombre de personnes ayant accès à l'eau potable a progressé de plus de 2 milliards en 20 ans, dépassant l'ambition fixée dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement. Les Nations unies espéraient réduire de moitié d'ici à 2015 le pourcentage de la population n'ayant pas accès à l'eau potable. C'est chose faite depuis plus de cinq ans, révèle le rapport établi aujourd'hui par l'OMS et l'Unicef. À la fin de l'année 2010, 89 % de la population mondiale, soit 6,1 milliards de personnes, avaient accès à des sources améliorées d'eau potable. "On ne peut pas pour autant crier victoire, car au moins 11 % de la population mondiale - soit 783 millions de personnes - n'a toujours pas accès à de l'eau potable, et des milliards demeurent privées d'installations sanitaires", précise le document datant du 6 mars.
1,9 milliard de personnes boivent de l'eau dangereuse
Ces chiffres sont contestés par l'association Solidarités International qui rappelle les propos de Gérard Payen, conseiller pour l'eau et l'assainissement du secrétaire général des Nations unies : "Le nombre de personnes qui ont besoin d'une eau véritablement potable, non malsaine, non insalubre, une eau qui n'est pas trop loin de leur domicile, qui leur permet de se rendre à l'école et d'aller travailler, une eau qui n'est pas trop chère... ne se compte pas en millions de personnes, mais en milliards." Selon ce spécialiste, environ 1,9 milliard de personnes n'ont d'autre choix que de boire une eau dangereuse pour leur santé et plus de trois milliards boivent une eau de qualité douteuse, soit près de la moitié de la planète.
"Les experts de l'OMS et de l'Unicef savent bien, ajoute Grégory Bulit, référent [?] eau, hygiène et assainissement de Solidarités International, qu'une source d'eau améliorée, protégée de toute contamination - en particulier par les matières fécales - lors de sa construction, ne signifie pas qu'elle le reste." Se posent donc non seulement le problème de la réelle qualité de l'eau, mais aussi celui de son stockage, de la possibilité d'y accéder et de la collecter facilement (là entrent en jeu les prix et la distance à parcourir pour s'approvisionner). D'immenses défis restent donc à relever.
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