Slate.fr - 31.01.2012
Qu'est-ce qui différencie le cerveau d'un électeur de droite de celui d'un électeur de gauche?
D'après une étude menée à l'université du Nebraska et reprise par The Guardian, les conservateurs réagiraient plus aux stimuli négatifs que leurs camarades libéraux (au sens anglo-saxon du terme), plus sensibles aux stimuli positifs.
Nous savions déjà que la structure cérébrale peut varier en fonction des opinions politiques. C'est en effet ce qu'expliquait la chercheuse Andrea Kuszewski en septembre 2011 dans un billet du blog Intersection de Discover Magazine, en se fondant sur deux études publiées en 2007 et 2011.
Kusewski nous expliquait alors que les conservateurs étaient plus sensibles à des sentiments comme la crainte, la peur et le dégoût tandis que les électeurs de gauche parvenaient mieux à outrepasser ces émotions et à proposer des solutions alternatives aux problèmes posés. Une différence due au fait que « les personnes se disant conservatrices ont un plus petit cortex cingulaire antérieur et des amygdales (siège des émotions) plus développées ».
La nouvelle étude menée par l'université du Nebraska repose sur le concept de stimulus appétitif et aversif. Les mammifères sont en effet motivés par deux mécanismes simples: le mécanisme appétitif (mécanisme d'approche) et le mécanisme aversif (mécanisme défensif qui nous pousse à nous éloigner du danger).
Si l'on plaçait l'aversif d'un côté d'un éventail et l'appétitif de l'autre, certaines personnes se retrouveraient plus proches de l'un ou de l'autre, en fonction de leur propension à aller vers les autres ou à les éviter, par exemple. Les chercheurs ont donc supposé une corrélation entre ce mécanisme cognitif et les tendances politiques.
Une hypothèse confirmée par une expérience simple. Ils ont montré des photos de politiciens célèbres à des électeurs de droite et à des électeurs de gauche. Les premiers ont eu une réaction plus forte aux politiciens éloignés de leur bord politique, tandis que les seconds ont été plus stimulés par les politiciens de leur tendance.
Les personnes de gauche sont donc relativement plus réactives aux stimuli positifs, tandis que les conservateurs sont plus réactifs à des stimuli négatifs.
L'étude dévoile également que les personnes de droite donnent plus de temps et d'attention aux choses qui déclenchent chez elles l'aversion, auxquelles elles sont également plus réactives. La journaliste du Guardian Carole Jahme résume: « Par exemple, une personne d'extrême droite pourra trouver l'homosexualité dégoûtante et être énervée à l'idée de relations entre personnes du même sexe, mais elle consacrera du temps à poursuivre l'objet de son dégoût. »
(http://www.slate.fr/lien/49359/gauche-droite-cerveau)