TSA - 21.01.2012
par Hamid Guemache
Le président de Cevital, Issad Rebrab, a déploré ce samedi 21 janvier l’application de la règle 49/51 sur l’investissement étranger aux entreprises privées algériennes. Il a indiqué que le gouvernement lui a demandé de s’associer avec des entreprises du secteur public pour investir dans la production de ciment. « Quelle est la loi qui oblige une entreprise privée à donner 51 % à une entreprise publique ? Pourquoi on nous l’impose ? », s’est-il interrogé, lors du débat qui a suivi la présentation à Alger du livre du professeur Tayeb Hafsi sur Issad Rebrab et le groupe Cevital.
Pour Rebrab, l’association avec le secteur public poserait un problème d’efficacité à l’entreprise. « Les entreprises publiques sont régies par le code des marchés publics. Pour acheter une pièce de rechange, il faut un appel d’offres, sinon vous serez accusé de dilapidation de l’argent public », a-t-il relevé.
Le patron de Cevital a déploré le blocage par le Conseil national e l’investissement (CNI) de sept de ses projets déposés à l’Andi il y a plus de cinq ans. Il a cité les projets de Cap 2015 à Cap Djinet (sidérurgie, automobile, etc.), le complexe sidérurgique de Bellara (Jijel), la trituration des graines oléagineuses en attente d’autorisation depuis dix ans, la réalisation de cinq cimenteries…. « Le projet sidérurgique de Bellara est bloqué au CNI. On m’a dit que le site est réservé à Renault et aux Qataris pour faire de la sidérurgie. Pourquoi on autorise les Qataris et pas les Algériens ? », a-t-il dit, ajoutant qu’il avait demandé au gouvernement de l’autoriser à racheter le complexe sidérurgique d’El Hadjar à ArcelorMittal. « Je n’ai reçu aucune réponse », a-t-il encore regretté.
Issad Rebrab a indiqué qu’il n’était pas intéressé pour le moment par la politique. Il a demandé au gouvernement de libérer les initiatives afin de permettre au pays de réaliser un taux de croissance économique à deux chiffres. Il a estimé que l’argent et les entrepreneurs étaient disponibles en Algérie pour créer des entreprises et développer le pays, mais que les initiatives n’étaient pas libérées. « Nous avons constaté que le gouvernement veut tout contrôler, même la dimension de chacun », a dit Rebrab qui regrette aussi le refus du gouvernement d’autoriser son groupe à investir à l’international alors que la crise économique mondiale offre de belles opportunités aux entreprises algériennes. « Cevital voulait aller à la Bourse, mais pour quoi faire ? Nos projets sont bloqués », a-t-il répété. « L’Algérie est l’un des rares pays au monde où il faut demander une autorisation pour investir, créer des emplois et des richesses. Et vous n’êtes pas sûrs d’obtenir ces autorisations », a encore indiqué Rebrab, en réponse à la question de l’économiste Abdelmadjid Bouzidi sur les raisons du développement horizontal du groupe Cevital.
Cevital veut lancer deux satellites
En dépit de ces difficultés, Issad Rebrab poursuit la politique de développement de son groupe et continue à soumettre de nouveaux projets au gouvernement. Le patron de Cevital a révélé avoir demandé l’autorisation au gouvernement de lancer deux satellites pour développer l’internet. « On a soumis le projet au gouvernement et on attend l’autorisation », a-t-il dit.
M. Rebrab a également fait état d’un projet de création d’une université corporate. « Cette université ne formera pas des masters, mais recrutera des étudiants en graduation pour leur donner une formation professionnelle », a-t-il expliqué. Pour son projet de créer une chaîne de télévision, M. Rebrab a indiqué qu’il attendait l’ouverture du secteur de l’audiovisuel pour se décider, tout en regrettant l’absence de débats économiques à la télévision publique.