Redflane
Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 08/06/2007
| Sujet: Mohand Issad a tiré sa révérence Jeu 28 Avr - 22:46 | |
| Mohand Issad, l’avocat et ex professeur de droit, connu pour ses positions tranchées pour la démocratie et la justice, la vraie, s’est éteint, la nuit d'hier, dans sa soixante-quinzième année, dans un hôpital parisien, des suites d’une longue maladie, apprend-on aujourd’hui à Alger. Né au village d'Aït-Abbas, dans les Ouacifs (Kabylie), l’homme, au verbe ciselé, à l'accent persuasif, qui maîtrisait avec brio la langue de Molière au point de susciter l’admiration autour de lui, s’était particulièrement distingué dans certains dossiers d’importance majeure qui lui avaient été confiés principalement par le chef de l’État actuel, Bouteflika. En 1999, dès sa prise de fonction, ce dernier l’avait chargé d’étudier en profondeur la réforme de la justice. En tant que constitutionnaliste et universitaire, Issad était en effet le professionnel de choix qui pouvait effectivement répondre aux attentes sur le sujet. Il s’y est consacré durant une année entière, avant de déposer ses conclusions. Enfoui depuis lors dans quelque tiroir poussiéreux, le rapport est resté lettre morte, Bouteflika n’étant pas le dirigeant capable de comprendre la portée d’un chamboulement susceptible de sortir la justice algérienne de son carcan médiéval où les pouvoirs successifs l’ont enfouie apparemment pour l'éternité. Sollicité peu après, pour établir les responsabilités, à la suite des événements douloureux de Kabylie appelés « printemps noir », en 2001, où les gendarmes avaient sauvagement tiré à balles réelles sur des manifestants pour la démocratie, tuant 124 d’entre eux, Issad, là aussi, s’était acquitté en maître de sa tâche à la réalisation de laquelle il s’était adjoint des juristes de grande valeur, mais aussi des personnalités de la société civile, sélectionnés non seulement en fonction de leur compétence mais également de leur probité, de leurs qualités morales, et de leur appartenance à différentes régions du pays pour ne pas encourir le risque de donner au rapport final une connotation régionaliste ou un parti pris inexcusable. Le professeur Issad s’est aussi intéressé au côté juridique de la question des terroristes élargis en vertu de la loi dite de réconciliation nationale. Il avait défendu la thèse du gouvernement selon laquelle les aspects juridiques internes au pays n’avaient pas à être calqués sur la jurisprudence internationale, chaque État étant libre de légiférer selon sa propre conception de la justice. Il s’est attiré là quelques inimitiés, il est vrai, à cause du soutien indirect ainsi accordé au régime d’élargir des criminels et des sanguinaires responsables de dizaines de milliers de morts parmi les populations civiles, mais, juridiquement parlant, rien n’était plus difficile que de contredire un éminent juriste que fut le défunt. | |
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