LeFigaro.fr - 16.01.2012
par Marie-Amélie Lombard
INFO LE FIGARO - D'après le premier Rapport mondial sur l'exploitation sexuelle publié cette semaine par la Fondation Scelles, 80% de ces prostitués sont des femmes ou des fillettes. Et les trois-quarts ont entre 13 et 25 ans.
Un panorama de la prostitution dans le monde. Tel est l'objectif du premier Rapport mondial sur l'exploitation sexuelle (1) publié cette semaine par la Fondation Scelles (2) et auquel Le Figaro a eu accès. Pour la Fondation, qui milite contre la prostitution, les évaluations périodiques de l'ONU montrent « un véritable marché où dominent la violence, la vulnérabilité et la recherche sans limites du profit ».
Quelques chiffres viennent d'abord souligner l'ampleur du phénomène. Selon les estimations internationales, entre 40 et 42 millions de personnes se prostituent dans le monde, et 75 % d'entre elles ont entre 13 et 25 ans. Neuf personnes sur dix dépendent d'un proxénète. À près de 80 %, il s'agit de femmes ou de fillettes. En Europe occidentale, 1 à 2 millions de personnes se livrent à la prostitution, en majorité des migrantes, « victimes de la traite des être humains ».
Trente réseaux démantelés chaque année en France
Parmi la trentaine de pays étudiés, la France qui se caractérise par une prostitution de plus en plus « essaimée ». D'abord présente dans les plus grandes agglomérations, sur les axes de déplacement et dans les zones frontalières, « elle a fait son apparition dans des agglomérations de taille moyenne comme Orléans ou Limoges ». Des villes, elle se déplace en périphérie, dans les zones forestières (notamment en Ile-de-France), au bord des routes ou sur les parkings.
Une trentaine de réseaux criminels sont démantelés chaque année en France, selon le rapport, « essentiellement d'origine étrangère et dont les victimes sont originaires d'Afrique centrale, d'Afrique du Nord, des Balkans, d'Amérique du Sud et, de plus en plus, de Chine ».
Les JO ou la Coupe de monde de foot accentuent le phénomène
Parmi les thèmes abordés, celui des « événements sportifs » retient l'attention. Ainsi, en 2010, les Jeux olympiques de Vancouver et la Coupe du monde de football en Afrique du Sud ont permis aux réseaux, comme lors de nombre de compétitions internationales, « d'accentuer leurs offres ».
Lors du Mondial 2006 en Allemagne, l'installation de « sex-centers » près des stades, autorisée par les autorités, avait provoqué une polémique, rappelle le rapport. En Afrique du Sud, un milliard de préservatifs avaient été commandés pour faire face aux risques sanitaires. Les autorités avaient évalué à 40.000 le nombre de personnes prostituées supplémentaires, pour un effectif habituel de 100.000.
« Football et JO sont identifiés comme les théâtres les plus connus d'exploitation sexuelle. Les compétitions de Formule 1 ne sont pas en reste », est-il encore souligné. Pour les auteurs, « le Comité international olympique, fidèle à ses liens avec les instance internationales, reste mesuré et discret sur le sujet ». Il faudra attendre un prochain rapport pour connaître l'impact des JO de 2012 à Londres sur la prostitution.
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(1) Rapport mondial sur l'exploitation sexuelle, éditions Economica, janvier 2012.
(2) Reconnue d'utilité publique depuis 1994, la Fondation Scelles est présidée par le magistrat Yves Charpenel.
(http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/01/13/01016-20120113ARTFIG00766-40-a-42-millions-de-personnes-se-prostituent-dans-le-monde.php)