Le renchérissement du pétrole menace aussi les budgets

Face à un prix du pétrole qui ne cesse de monter - il avoisine aujourd'hui les 100 $ -, les Français, comme beaucoup d'Occidentaux, s'interrogent avec gravité aujourd'hui sur leur devenir sans pétrole. Plus que jamais convaincus de l'épuisement prochain de cette énergie fossile à bon marché, mais aussi de son impact négatif sur le réchauffement climatique, les uns et les autres s'intéressent désormais à la recherche de la meilleure manière de consommer le peu qui reste encore à exploiter.

Dans cet ordre d'idée, d'ores et déjà se mettent en place des stations de location de vélos à l'usage des nombreux citadins des grandes villes. Economiser l'énergie et participer efficacement à la lutte contre l'effet de serre constituent, il est vrai, les principaux objectifs de ce renoncement à la voiture. Au-delà, cependant, de cet aspect non moins important, c'est surtout l'impact sur la facture pétrolière qui justifie aux yeux du gouvernement son propre appui à l'extension d'une telle disposition.

Il est quasiment certain, désormais, que le pétrole ne peut être valablement remplacé par les différents ersatz à la découverte desquels ont abouti les dispendieuses recherches entreprises dès le lendemain de la première crise de 1973. Les uns et les autres, ces derniers ont montré, chacun, leurs limites. Par leurs prix de production souvent excessifs, sinon par l'étendue irréalisable des terres qu'ils exigent, ils sont tous très loin de pouvoir se substituer un jour à l'énergie fossile.

Au demeurant, l'extinction de cette dernière n'affectera pas seulement les budgets des pays producteurs, par les royalties qui leur sont dues. Le pétrole cessera en même temps d'enrichir aussi bien les pays riches que les pays pauvres. Il suffit de se rappeler que dans le monde entier, les lourdes taxes prélevées en la matière, à hauteur de 70 à 80 %, constituent dans un très grand nombre de cas les principales ressources des budgets nationaux. Certes, pour beaucoup d'Etats, le renchérissement de ce combustible pèse très négativement sur leurs factures d'importations, tout particulièrement dans nombre de pays sous développés. Mais pour d'autres, dont les exportations notamment industrielles sont autrement plus considérables, leurs recettes budgétaires croissent à mesure que le prix du pétrole s'élève. C'est pour eux un appoint d'une telle importance qu'ils ne peuvent se résoudre à sa moindre réduction. La meilleure illustration nous vient du ministère français de l'Economie et des finances qui refuse absolument de reconsidérer les taxes dues pour ne pas compromettre ses équilibres budgétaires.

La flambée des prix du pétrole de ces dernières semaines commence à ralentir la demande mondiale, indique l'Agence internationale de l'énergie (AIE), selon le journal économique français La Tribune. Il est vrai, en effet, qu'un certain équilibre finit par faire coïncider l'offre et la demande, grâce au simple jeu des prix en économie de marché.

Les prévisions de cette agence sont donc revues à la baisse, pour environ un demi-million de barils par jour, pour le présent trimestre, limitant la progression moyenne de l'exercice à 1.2 % par rapport à 2006.

Elle prévoit, pour 2008, une demande de 87.7 millions de barils/jour, soit un accroissement moyen de 2.3 % résultant, d'un côté, du renchérissement du brut ; et, de l'autre, de la montée de production de certains pays, comme l'Arabie saoudite, le Nigéria et l'Irak.

La barre des 100 dollars le baril, selon les experts, pourrait même ne pas être atteinte à bref délai, sauf événements majeurs susceptibles de peser considérablement sur la demande et la reconstitution des stokcs.

Les craintes de pénurie restent en tout cas "sans fondement" et ne justifient nullement un relèvement du prix, dans les circonstances actuelles, rassure ce matin le ministre saoudien du pétrole, à partir de Ryad.

La barre des 100 $ le baril de pétrole vient donc d'être franchie à l'échelle internationale, menaçant une fois de plus l'économie des pays développés de récession.

Conjuguée à une chute de plus en plus notable de la valeur du dollar, d'un côté, et, de l'autre, à l'amenuisement continu des réserves américaines de pétrole brut en une période de forte et exceptionnelle demande, la hausse imparable désormais du prix de l'or noir conduira vraisemblablement les Etats, riches ou pauvres, à reconsidérer dans le fond les taxations appliquées sur les carburants qui nourrissent jusqu'ici une partie non négligeable, quand ce n'est pas l'essentiel, de leurs budget nationaux.

Il est loin, aujourd'hui, le temps où le pétrole se payait à la source entre 1 et 2 $, favorisant ainsi l'expansion formidable de l'industrie et du commerce international. A mesure que l'on s'avance irrévocablement vers l'épuisement de cette ressource capitale et indispensable à l'homme moderne, le monde constate à ses dépens qu'il a eu tort de l'avoir dilapidée si allègrement avant même de songer à lui trouver un succédané accessible à bon marché et en quantité suffisante.

Certes, l'énergie nucléaire peut suppléer un temps, et dans des zones et des usages limités, celle du pétrole ; certes aussi quelques produits végétaux ont montré une certaine capacité, du reste très courte, de remplacer les carburants fossiles ; mais l'on reste toujours dans des domaines très restreints, parce que interdits à la grande majorité des pays non admissibles à l'ère nucléaire, ou encore parce que incompatibles avec le besoin de consacrer plus de terre à l'alimentation humaine plutôt qu'à l'usage secondaire, celui de pourvoir à l'industrie ou au transport.

Les grands défis de demain sont ceux-là mêmes que pose la raréfaction incontournable du pétrole à laquelle l'humanité doit faire face dès aujourd'hui.

Une dépêche de l'AFP fraîchement tombée annonce, à la clôture de la Bourse à New Yord, un nouveau record du prix du baril de pétrole : 100,10 dollars.

On attribuerait ce pic, qui déborde pour la seconde fois de la barre des 100 dollars, à une possible baisse du niveau de production de l'OPEC qui est envisageable à l'occasion de sa prochaine réunion prévue le 5 mars prochain à Vienne.

Certes, la barre a déjà été franchie le 2 janvier dernier, où le prix est monté à 100,09 dollars, mais, juste après, ce dernier à amorcé une dégringolade sous l'effet de la mise en lumière de la récession de l'économie américaine que nombre de facteurs expliquent.