Le journal Le Monde publie, aujourd’hui, le résumé d’un entretien, via Internet, fort instructif, qu’il a eu avec Moncef Kaabi, responsable des matières premières chez Ixis Cib, à propos de l’évolution du marché pétrolier.
Cet analyste considère, d’un côté, que la croissance de la demande mondiale, depuis cinq à six ans à une cadence de 1.5 million de barils par jour, reste désormais supérieure à celle de l’offre de quelques 300 000 barils/jour, tandis qu’elle n'était, auparavant, que de moitié, environ. De plus, ajoute-t-il, le déclin de la production en Mer du nord, depuis environ 5 ans, se complique avec le ralentissement des réserves prouvées et la baisse des recherches. "Il n’y plus de grandes réserves à trouver, bien que des territoires restent non exploités au nord de l’URSS, dans le pôles et dans les mers profondes, note-t-il.
L’érection rapide de deux pays émergents, la Chine et l’Inde, pèse désormais notablement, puisqu’en Chine, par exemple, la consommation est passée de 3.5 millions à 7 millions de barils/jour, ajoute-t-il, d'autre part, en estimant que l’incidence sur les prix est imparable.
Et comme la demande, dans une telle perspective, ne pourra plus longtemps être satisfaite, il est à prévoir que les prix grimperont inexorablement. Kaabi évalue cette hausse à sept fois le prix actuel, pour atteindre un point d’équilibre, car, à partir de 120 à 150 dollars, le ralentissement, à son tour, de la demande sera perceptible, observe-t-il.
Sur un autre plan, cet analyste estime que les pays pauvres, de plein fouet subissent d’ores et déjà les effets dévastateurs du relèvement des prix du pétrole, à commencer par la dépréciation de plus en plus accrue de leur monnaie qui influe déjà sur le pouvoir d’achat de leurs populations.
Le peak oil, enfin, autrement dit le moment futur à partir duquel la production mondiale va décroître, faute de réserves mondiales, se situerait, selon lui, dans les vingt prochaines années, puisqu’il correspond à la moitié de la durée moyenne de consommation des réserves prouvées, estimées à 45 ans, environ. Selon les régions, on entrera donc dans la phase de peak oil à des époques différentes : elle est déjà entamée en mer du nord, prévue dans 10 et 90 ans, respectivement aux USA et au Moyen-Orient.
Aussi, s’efforce-t-on d’ores et déjà d'améliorer les conditions d'extraction dans cette dernière région, où, conclue Kaabi, l’on prévoit de porter à 6 millions la production de l’Irak dans 4 à 5 ans et à relever notablement celle d’Arabie saoudite, accusant un rythme aujourd’hui de 8.5 à 10 millions/jour.