Le Point.fr - 05/01/2012
source : AFP
Florence ForestiDodine Herry-Grimaldi affirme que le film "Hollywoo" s'appuie sur une histoire dont elle est l'auteur.L'humoriste Florence Foresti et les scénaristes de
Hollywoo, qui approche les 2 millions de spectateurs, sont assignés en justice pour "contrefaçon", le mot légal pour plagiat, par une scénariste qui les accuse de lui avoir volé son histoire. Ce genre de conflit, qui survient fréquemment à la faveur d'un grand succès populaire, s'apparente néanmoins souvent au combat du pot de terre contre le pot de fer, avec de réelles difficultés à se faire entendre pour le plaignant, souvent isolé, remarquent les initiés.
Dans le cas de
Hollywoo, sorti en salle le 7 décembre avec Florence Foresti et Jamel Debbouze, deux superstars de l'humour, la scénariste Dodine Herry-Grimaldi (Les randonneurs, Love, etc...) affirme que l'histoire racontée est de son cru : un acteur français qui double la vedette d'une série américaine apprend que cette dernière veut tout arrêter. Par crainte de perdre son emploi, il est prêt à tout pour le faire changer d'avis. Elle relève notamment qu'elle a déposé son synopsis et ses différentes versions en 2005, puis 2007 à la Société des auteurs, compositeurs dramatiques (SACD).
Pour le producteur, Romain Rousseau, directeur général de LGM, la plaignante "
avait un projet de film à peu près concomitant au nôtre, mais les deux scénarios ont été développés en même temps" : "
Il n'y a aucune relation entre les deux projets", jure-t-il. "
C'est un concours de circonstances avec le même postulat de départ", poursuit-il, ajoutant que "
plusieurs personnes" l'ont contacté en assurant avoir eu la même idée. Pourtant, Dodine Herry-Grimaldi n'en démord pas : "
Mon histoire a été reprise par les scénaristes de Hollywoo - Xavier Maingon, Pascal Series et Florence Foresti, avec quelques nuances" : l'acteur menacé est devenu une actrice, qui s'embarque pour Hollywood afin de convaincre la vedette de garder le rôle.
Un travail initié dès 2003
Elle rappelle qu'elle a travaillé dès 2003 avec son agent, Dominique Besnehard chez
Artmedia (devenu depuis producteur), pour développer le synopsis et aboutir à un "traitement" d'une trentaine de pages - précurseur non dialogué du scénario. Dominique Besnehard en atteste d'ailleurs dans une lettre versée au dossier. "
Le titre a changé au fil des années - Version française, le Doubleur, La voix d'outre-Manche... - et le texte déposé deux fois sous des versions différentes", précise-t-elle. Il commence alors à circuler dans Paris. "
On n'a jamais lu le scénario", affirme cependant Romain Rousseau. Après avoir vainement tenté une médiation avec les producteurs de
Hollywoo, la scénariste finit par se tourner vers la justice le 18 janvier 2011, il y a un an, alors que le film est en développement.
Sans se prononcer sur cette affaire, la Guilde des scénaristes, qui représente la moitié des 500 auteurs professionnels, regrette en de tels cas "
des procédures compliquées qui peuvent durer longtemps". "
Or, le scénariste est généralement fragile", déplore Guilhem Cottet, directeur général de la Guilde. "
Il est isolé, c'est lui aussi qui assume les risques financiers, car il n'y a pas de statut d'intermittent du spectacle pour lui. Mais 80 % des projets qu'il développe ne voient pas le jour." Et quand ils le sont, il n'est pas toujours rémunéré à hauteur de son travail : "
Aux États-Unis, l'enveloppe dévolue à l'écriture représente 6 à 10 % du budget. En France, on est plutôt proche des 2 %", ajoute-t-il en déplorant "
un problème fréquent de transparence des producteurs".
(http://www.lepoint.fr/culture/florence-foresti-accusee-de-plagiat-par-une-scenariste-05-01-2012-1415801_3.php)