Le journal Libération rapporte une histoire d’un petit patron italien qui s’est mis dans la peau d’un de ses vingt ouvriers, pour mesurer de plus près leurs conditions de vie. Il s’est octroyé un salaire de 1000 € et a donné un autre d’égal montant à son épouse travaillant à ses côtés.
Avec de tels revenus, le petit industriel, père de deux enfants, qui a infligé à lui et à sa famille un train de vie semblable à celui de ses travailleurs, n’a finalement tenu que 20 jours. Au terme de cette expérience très éprouvante, il s’est rendu compte de la nécessité de réviser les salaires de son personnel qu’érode par ailleurs le coût de la vie en progression constante.
Il octroie donc 200 € d’augmentation à tous, suscitant, autour de lui, la curiosité des uns, y compris le ministre du Travail lui-même, et la réprobation des autres, tout particulièrement dans le milieu industriel.
En fait, il tenait surtout, par son expérience inédite, à faire toucher du doigt par ses filles la situation difficile qui est celle des travailleurs, à travers leurs privations. Mais, plus lucide, il se rend à l’évidence : « Les ouvriers doivent être sereins pour être efficaces. S’ils ne savent pas comment boucler leurs fins de mois, ils ne seront pas psychologiquement tranquilles, ce qui n’est pas bon pour la productivité. » Il ajoute même, lui le fabriquant de pâte : « Les profits que je tire de la transformation de la farine doivent bénéficier aussi aux paysans qui me fournissent la matière première ainsi qu’aux travailleurs de l’usine ».
Fera-t-il des émules dans un pays où chacun, d'ores et déjà, appréhende avec peine la menace que fait peser la mondialisation sur l’industrie et le commerce en général ? Le journal ne le dit pas.