Michal Worobey, professeur de biologie à l'université d'Arizona et auteur de l'étude, parue hier, dans les Annales de l'académie américaine des sciences (PNAS), croit savoir que "Haïti est le vecteur par lequel s'est transmis le virus du sida à travers le monde et en provenance de l'Afrique centrale", indique une dépêche AFP de ce matin.
C'est dans cette région d'Afrique que le virus est apparu vers 1930 chez les humains, qui l'avaient eux-mêmes reçu des chimpanzés, précise de son côté le professeur Bette Korber, du Laboratoire national de Los Alamos (Nouveau Mexique). L'infection, chez l'homme, lui a été transmise par la consommation de viande de cet animal. Or, ce dernier, bien qu'infecté par le virus avec une variation du VIH, ne développe par le sida, "le syndrome de l'immunodéficience acquise", ajoute l'étude.
Plus précisément, c'est en République du Congo (ex Zaïre) que la maladie se trouvait être implantée depuis les années 30, un pays où de nombreux Haïtiens ont émigré au lendemain de son indépendance.
Sachant, de plus, que le taux d'infection enregistré parmi les immigrants haïtiens aux USA, tout au début de l'épidémie américaine, était 27 fois plus élevé qu'ailleurs, l'étude conclut que le virus du sida s'est introduit dans le pays par l'entremise d'un Haïtien et non du fameux steward canadien et homosexuel, Gaétan Dugas, qu'on avait longtemps désigné du doigt.
Enfin, les scientifiques ont des raisons de prétendre que la maladie, qui s'est propagée rapidement à travers le monde, a atteint plus exactement les côtes américaines vers 1969, donc plus d'une dizaine d'années plus tôt qu'on ne l'avait longtemps supposé.
Aujourd'hui, c'est près de 40 millions de personnes qui sont atteintes par le virus, tout particulièrement en Afrique. Près de cinq millions d'entre elles en meurent chaque année.