LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 23.12.11 |
Des installations des services de sécurité syriens dans la capitale, Damas, ont été la cible de deux attaques, vendredi 23 décembre. Au moins quarante personnes ont été tuées et 150 autres blessées, selon Jihad Makdissi, porte-parole du ministère syrien des affaires étrangères.
Ces attentats ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle dans le quartier de Kafar Soussé, dans l'ouest de la capitale. Une voiture a tenté de forcer l'entrée de l'enceinte du siège de la sécurité de l'État et une autre a explosé devant un bâtiment des services de sécurité dans le même quartier.
La télévision a montré des images de civils évacuant des cadavres calcinés ou mutilés, la chaussée maculée de sang et de gravats, un cratère long et profond.
"Le terrorisme a voulu que le premier jour des observateurs à Damas soit une journée tragique mais le peuple syrien fera face à la machine à tuer soutenue par les Européens, les Américains et certaines parties arabes", a déclaré le vice-ministre des affaires étrangères, Fayçal Meqdad sur le lieu de l'un des attentats. "C'est le premier cadeau du terrorisme et d'Al-Qaida mais nous allons faciliter au maximum la mission de la Ligue arabe", a-t-il insisté.
À la question de savoir si ces attentats pouvaient s'inscrire dans un scénario monté par les services de sécurité syriens, il a rétorqué : "Ceux qui proféreront de telles allégations sont des criminels."
Un responsable gouvernemental libanais avait affirmé cette semaine que Beyrouth enquêtait sur des informations selon lesquelles des membres d'Al-Qaida se seraient infiltrés en Syrie par le Liban. Le mouvement chiite libanais Hezbollah, allié du régime de Bachar Al-Assad, a accusé pour sa part les États-Unis d'être derrière les attentats. Le président libanais Michel Sleimane a, lui, téléphoné à son homologue syrien pour dénoncer "les attaques terroristes".
Le chef des renseignements militaires de la province de Damas, le général Rustom Ghazali, n'a pas exclu d'autres attentats.
UN GÉNÉRAL SOUDANAIS PARMI LES OBSERVATEURS
Ces explosions interviennent alors que la mission chargée de préparer la venue des observateurs de la Ligue arabe est arrivée dans le pays jeudi. Cette délégation d'une dizaine de membres a pour tâche de régler les problèmes logistiques du premier groupe de 30 à 50 observateurs qui doit arriver dimanche. Ces observateurs devraient être 150 à 200 au total, tous des experts civils ou militaires arabes qui travailleront sous la houlette du général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi.
L'ONG Enough Project a dénoncé la présence de ce général soudanais impliqué dans la guerre civile et au Darfour. Le choix du général Dabi par la Ligue arabe est "curieux", écrit l'ONG, rappelant que "des crimes de guerre, et y compris de génocide", ont été commis au Darfour à l'époque où il dirigeait les renseignements soudanais.
"LES MASSACRES DU RÉGIME"
Cette mission est arrivée au lendemain de l'appel de l'opposition syrienne à une réunion d'urgence de la Ligue arabe et du Conseil de sécurité de l'ONU après "les massacres du régime", qui auraient fait 250 morts en deux jours. Vendredi, la répression de la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad se poursuivait, avec onze civils tués, dont huit dans des quartiers rebelles de Homs (centre), deux à Hama (nord) et un à Douma, dans la banlieue de Damas, où cinq autres ont été blessés lors de la dispersion d'une manifestation, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
D'après une estimation de l'ONU, la répression a fait au moins 5 000 morts depuis la mi-mars, période durant laquelle s'est déclenché le mouvement de contestation.
L'évolution de la situation, et l'apparition d'une "Armée syrienne libre" formée notamment de déserteurs, font craindre que la Syrie ne bascule dans une guerre civile. Les autorités syriennes, qui attribuent les troubles à des "bandes armées", ont pour leur part annoncé plus de 2 000 morts dans les rangs de l'armée et des services de sécurité.
Le Canada annonce de nouvelles sanctions contre la Syrie
Le Canada a annoncé vendredi 23 décembre une nouvelle série de sanctions contre la Syrie en raison de la répression sanglante de l'opposition par le régime de Damas. Le Canada interdit désormais toutes les importations de Syrie à l'exception de produits alimentaires et tout investissement en Syrie, ainsi que les exportations vers la Syrie de tout équipement de surveillance téléphonique et informatique, a indiqué le chef de la diplomatie John Baird.
(http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/12/23/attentats-contre-les-services-de-securite-a-damas-selon-la-television-syrienne_1622169_3218.html)