TSA - 1.12.2011
par Hakim Arous
L’ONG Transparency International a publié ce jeudi 1er décembre son indice annuel de perception de la corruption. Sur les 183 pays classés, l’Algérie arrive à la 112e place avec une note de 2,9 sur 10. Plus regrettable encore, elle perd 7 places par rapport à l’an dernier. Selon le barème de cet indice, un score inférieur à 3 sur 10 indique que le pays connait un haut niveau de corruption au sein des institutions de l’État. Dans la région MENA, les résultats des pays sont dans l’ensemble mauvais. Par exemple, le Maroc est classé à la 80e place avec une note de 3,4 et la Tunisie à la 73e place avec un score de 3,8. L’Égypte est ex‑æquo avec l’Algérie. Le moins bien classé est l’Irak, à la 175e place avec un score de 1,8. Le mieux classé est le Qatar à la 22e place mondiale avec un score de 7,2.
Pour l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), « ces très mauvais résultats de l’Algérie pour la 9e année consécutive ne sont pas une surprise, ces dernières années ayant été marquées non seulement par une explosion des affaires de grande corruption, mais aussi par une totale absence de volonté politique du pouvoir à lutter contre la corruption ». Dans un communiqué publié ce jeudi, l’AACC indique que ce classement est « révélateur de l’aggravation de la situation qui prévaut en Algérie en matière de gouvernance ».
Selon l’AACC, « le pouvoir algérien gangréné par la corruption est prêt à tout pour se maintenir en place – pouvoir absolu, corrompant absolument –, manipulant à souhait le Code des marchés publics, le vidant de toute sa substance ; instrumentalisant la justice, aujourd’hui plus que jamais, dont le traitement judiciaire à plusieurs vitesses des grands scandales de corruption est un des aspects les plus sombres ; réprimant, harcelant, emprisonnant, en toute illégalité, tout citoyen qui ose rendre publics des détournements et autre gabegie ».
Transparency International rappelle par ailleurs que durant les mouvements de révolte qui ont secoué le Monde arabe cette année, la question de la corruption était au cœur des protestations des peuples. « Leurs origines [des révoltes, ndlr] peuvent être diverses, mais le message est le même : une responsabilité plus transparente de nos dirigeants est nécessaire », écrit T.I. dans son rapport. « Cette année, nous avons vu la corruption sur les bannières des manifestants, qu'ils soient riches ou pauvres. Que ce soit en Europe, frappée par la crise de la dette ou dans le Monde arabe qui entre dans une nouvelle ère politique, les dirigeants doivent tenir compte des revendications pour un meilleur gouvernement », a ainsi déclaré Huguette Labelle, présidente de Transparency International. D’autant que selon l’ONG, « l’indice de perception de la corruption 2011 montre que la frustration de la population est bien fondée », puisque « la grande majorité des 183 pays évalués ont un score inférieur à 5 sur 10 ».