toutsurl'algérie - 12.11.2011
par Yazid Slimani
La Syrie a été suspendue de la Ligue arabe. La décision a été prise ce samedi 12 novembre au cours d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe au Caire, en Égypte. Dix‑huit des vingt-deux membres ont voté en faveur de cette décision, principale revendication de l’opposition syrienne. La Ligue arabe a également appelé tous les courants de l’opposition syrienne à « se mettre d’accord sur un projet unique pour la gestion de la transition prochaine », a déclaré le premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem al Thani. Les ministres ont également appelé au retrait des ambassadeurs des pays membres en poste à Damas.
Cette réunion et ces sanctions interviennent dix jours après l’échec de la première réunion de la Ligue arabe sur ce dossier. Un accord avait alors été trouvé dans lequel Damas s’engageait à mettre fin à la violence et acceptait la libération des détenus, le retrait de l’armée des villes et la libre circulation des médias avant l’ouverture d’un dialogue national.
Damas avait dans la foulée libéré plus de 500 détenus mais la répression n’a pas cessé, faisant encore des dizaines de morts ces derniers jours. Ce durcissement de la position arabe était donc prévisible.
Pour la Ligue arabe, trouver une solution au conflit syrien est capital à plus d’un titre. D’abord, vis‑à‑vis de l’opinion publique des pays membres. Depuis le début du mouvement de protestation en Syrie, les médias des pays de la région font le décompte journalier des victimes de la répression féroce de Bachar El Assad. Selon l’Onu, le bilan s’élève aujourd’hui à 3 500 morts. Les images filmées par les manifestants grâce à leurs téléphones portables ont été vues sur toutes les chaînes satellitaires et sur Internet, suscitant une profonde indignation.
Comme dans le précédent libyen, de nombreux pays de la région préconisent un règlement pacifique de la crise. Ils ne veulent surtout pas que la Syrie devienne la nouvelle Libye. En Libye, l’Union africaine n’avait pas réussi à s’imposer face aux puissances occidentales et à faire accepter sa feuille de route. Même si la position géostratégique de la Syrie semble pour l’instant écarter toute intervention militaire, la Ligue arabe doit prouver son efficacité avant que la situation ne se durcisse. D’autant que dans la région, l’opinion publique est hostile à toute intervention étrangère, notamment occidentale.
Aussi, la Ligue arabe doit‑elle convaincre ses partenaires occidentaux qu’elle peut être pourvoyeuse d’une solution en Syrie. Alors qu’elle est décrédibilisée sur la scène internationale depuis longtemps, cela serait une manière pour la Ligue de redorer son blason et de se repositionner en interlocuteur incontournable dans la région. Jusqu’à présent, les Occidentaux, considérablement gênés sur le dossier syrien par leurs relations passées avec le régime de Bachar el Assad, semblent être prêts à accorder une marge de manœuvre à la Ligue arabe. À elle de faire le reste.