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 Traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne (pacte Molotov-Ribbentrop) - Fiche technique

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Akhroub

Akhroub


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MessageSujet: Traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne (pacte Molotov-Ribbentrop) - Fiche technique   Traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne (pacte Molotov-Ribbentrop) - Fiche technique EmptyVen 27 Mai - 18:35

OPINION (non signée) publiée dans Ria Novosti du 21.08.2009

Le traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne a été conclu le 23 août 1939 à Moscou.

Ce document a contribué pour beaucoup au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et décidé du sort des Lettons, des Estoniens, des Lituaniens, ainsi que des Ukrainiens de l'Ouest, des Biélorusses de l'Ouest et des Moldaves. A la suite de ce pacte, ces peuples, dont plusieurs étaient réunis pour la première fois de leur histoire au sein d'un seul État, faisaient partie presque intégralement de l'Union Soviétique. Malgré les correctifs apportés à leurs destinées par la désintégration de l'URSS en 1991, le pacte Molotov-Ribbentrop détermine encore jusqu'à présent de nombreuses réalités géopolitiques dans l'Europe contemporaine.

Conformément au traité de non-agression, l'Union Soviétique et l'Allemagne s'engageaient à "s'abstenir de toute violence, de toute action agressive et de toute attaque l'une contre l'autre, aussi bien seules qu'avec d'autres puissances". Bien plus, les deux parties avaient promis de ne pas soutenir les coalitions d'autres pays, dont les actions pouvaient être dirigées contre les signataires du traité. Par conséquent, l'idée d'une "sécurité collective" en Europe fut enterrée. Il devint impossible de d'empêcher l'agression (l'Allemagne nazie se préparait à lancer une attaque) grâce aux efforts communs des pays épris de paix.

Le pacte avait été signé par les ministres des Affaires étrangères de l'Union Soviétique et de l'Allemagne, Viatcheslav Molotov et Joachim von Ribbentrop. Un protocole secret additionnel au traité délimitait les sphères d'influence soviétique et allemande en Europe de l'Est en cas de "remaniement territorial". Ce remaniement ne tarda pas. Le traité fut ratifié par le Soviet suprême de l'URSS une semaine après sa signature, les députés ignorant l'existence d'un "protocole secret additionnel " qui n'a jamais été ratifié. Dès le lendemain de la ratification du traité, le 1er septembre 1939, l'Allemagne attaqua la Pologne.

http://www.istorik.ru.library/documents/molotov_ribbentrop/

En 1939, en conformité totale avec le protocole secret, dont l'original n'a été découvert dans les archives du Bureau politique (Politbureau) du CC du PCUS qu'au milieu des années 1990, les troupes allemandes n'entrèrent pas dans les régions orientales de la Pologne peuplées principalement de Biélorusses et d'Ukrainiens, ainsi que sur le territoire de la Lettonie, de la Lettonie et de l'Estonie. Ensuite, les troupes soviétiques pénétrèrent sur tous ces territoires. Le 17 septembre 1939, les troupes soviétiques entraient sur le territoire des régions orientales de la Pologne. En 1939-1940, en s'appuyant sur les forces politiques de gauche de ces pays, la direction stalinienne plaça sous son contrôle la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie et, à la suite du conflit armé avec la Finlande, également rattachée par le protocole secret à la sphère d'intérêts de l'URSS, arracha à ce pays une partie de la Carélie et les territoires attenants à Leningrad (aujourd'hui, Saint-Pétersbourg).

Le premier ministre de Grande-Bretagne Winston Churchill nota dans ses mémoires que la possibilité d'un tel accord entre Berlin et Moscou témoignait d'un échec de la diplomatie britannique et française qui n'avait réussi ni à diriger l'agression nazie contre l'URSS, ni à faire de l'Union Soviétique une alliée avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Mais on ne peut pas non plus estimer que l'URSS a profité du pacte, bien qu'elle ait bénéficié de deux années supplémentaires de paix et reçu de nouveaux territoires importants à ses frontières occidentales. Grâce au pacte, l'Allemagne évita en 1939-1944 une guerre sur deux fronts en écrasant, à tour de rôle, la Pologne, la France et de petits pays d'Europe, disposant, pour son agression contre l'URSS, d'une armée ayant une expérience de combat de deux ans.

Par conséquent, de l'avis de nombreux historiens, l'Allemagne nazie fut le grand gagnant de ce pacte. ("Historiographie soviétique", Université humanitaire russe d'État, 1992).

Évaluation politique du pacte

Quant au texte principal du pacte de non-agression, bien qu'il ait marqué un revirement dans l'idéologie de l'URSS qui avait auparavant vivement condamné le nazisme, il ne dépassait pas le cadre de la pratique admise dans les relations internationales avant la Seconde Guerre mondiale. Un pacte analogue fut conclu, par exemple, entre la Pologne et l'Allemagne nazie en 1934, et d'autres pays qui avaient conclu ou tenté de conclure de tels traités. Cependant, le protocole secret additionnel au pacte était certainement contraire au droit international.

Une explication du "protocole secret additionnel" qui délimitait les sphères d'influence "en cas de remaniements territorial et politique des régions faisant partie de l'État polonais" fut signée le 28 août 1939. La zone d'influence de l'URSS comportait le territoire de la Pologne situé à l'Est de la ligne des fleuves Pisa, Narew, Boug, Vistule et San. Cette ligne était à peu près conforme à ce qu'on appelle la "ligne Curzon" par laquelle devait passer la frontière orientale de la Pologne à la suite de la Première Guerre mondiale. En plus de l'Ukraine de l'Ouest et de la Biélorussie de l'Ouest, les négociateurs soviétiques avaient déclaré qu'ils étaient également intéressés par la Bessarabie perdue en 1919 et reçu une réponse satisfaisante de l'Allemagne qui déclara que ces régions "ne l'intéressaient pas du point de vue politique". Ce territoire devint ensuite partie intégrante de la RSS de Moldavie au sein de l'URSS. (Voir les détails dans le livre "1939 : les leçons de l'histoire", Institut d'histoire universelle de l'Académie des sciences de l'URSS, 1990, p. 452).

Puisque les clauses du protocole secret élaborées par la direction stalinienne et l'entourage d'Hitler étaient certainement illégales, Staline et Hitler avaient préféré dissimuler ce document tant à l'opinion internationale qu'à leurs propres peuples et organes de pouvoir, excepté une poignée de personnes. L'existence de ce protocole fut gardée secrète en Union Soviétique jusqu'en 1989, année où une Commission spécialement formée par le Congrès des députés du peuple de l'URSS en vue d'évaluer politiquement et juridiquement le pacte fournit au Congrès les preuves de l'existence de ce document. Ayant reçu ces preuves, le Congrès des députés du peuple de l'URSS condamna le protocole secret dans sa résolution du 24 décembre 1989, soulignant que ce protocole et les autres ententes germano-soviétiques étaient devenus caducs au moment de l'agression de l'Allemagne contre l'URSS, c'est-à-dire le 22 juin 1941".

Tout en reconnaissant le caractère immoral de l'accord secret entre Staline et Hitler, il est impossible de considérer le pacte et ses protocoles en dehors de la situation sociale et politique qui s'était créée alors en Europe. D'après les plans de Staline, le pacte germano-soviétique devait constituer une riposte à la politique visant à "pacifier" Hitler appliquée depuis plusieurs années par la Grande-Bretagne et la France et dont l'objectif était de provoquer une querelle entre les deux régimes totalitaires et à diriger l'agression hitlérienne avant tout contre l'URSS.

Avant 1939, l'Allemagne avait réoccupé et remilitarisé la Rhénanie (1936), s'était entièrement réarmée en violation du traité de Versailles, avait annexé l'Autriche (Anschluss - 1938) et placé sous son contrôle la Tchécoslovaquie. A l'instar d'Hitler, la Hongrie et la Pologne revendiquèrent également des territoires tchécoslovaques et reçurent également des parcelles de ce pays. Ce triste résultat fut également dû, pour beaucoup, à la politique des puissances occidentales : le 29 septembre 1938, les chefs de gouvernement de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne et de l'Italie signèrent à Munich un accord sur le démembrement de la Tchécoslovaquie entré dans l'histoire comme "Accords de Munich". Le 22 mars 1939, les troupes de la Wehrmacht occupèrent le port lituanien de Klaïpeda (en allemand, Memel) et, peu après, Hitler entérina le plan d'occupation de la Pologne. C'est pourquoi les affirmations fréquentes, selon lesquelles seul le pacte Molotov-Ribbentrop a agi comme le déclencheur de la Seconde Guerre mondiale, ne correspondent pas à la réalité. Tôt ou tard, Hitler aurait livré la guerre à la Pologne, et la plupart des pays d'Europe avaient tenté, à telle ou telle étape de la période 1933-1941, de s'entendre avec l'Allemagne nazie en encourageant ainsi Hitler à faire de nouvelles conquêtes. Jusqu'au 23 août 1939, toutes les grandes puissances européennes - la Grande-Bretagne, la France et l'URSS - avaient mené des pourparlers avec Hitler et entre elles. (Voir les détails sur les négociations de l'été 1939 à Moscou dans le livre "1939 : les leçons de l'histoire", pp. 298-308).

Vers la mi-août, les négociations multilatérales entrèrent dans leur phase finale. Chacune des parties poursuivait ses propres buts. Vers le 19 août, les pourparlers anglo-franco-soviétiques se retrouvèrent dans l'impasse. Le gouvernement soviétique donna son consentement à la visite du ministre allemand des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop les 26-27 août à Moscou. Dans son message adressé personnellement à Staline, Hitler avait demandé d'accepter que Ribbentrop se rende à Moscou le 22 août, au plus tard, le 23 août. Moscou accepta et le traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union Soviétique fut signé 14 heures après l'arrivée de Ribbentrop.

http://www.rian.ru/society/20080505/106556830.html

L'évaluation morale du pacte

Aussitôt après sa signature, le pacte suscita des critiques de la part de nombreux membres du mouvement communiste international et des représentants d'autres forces de gauche. Même sans être au courant de l'existence des protocoles secrets, ces personnes avaient vu dans le pacte une collusion inconcevable pour les partisans de l'idéologie de gauche avec les forces les plus sinistres de l'impérialisme : le nazisme. De nombreux chercheurs considèrent même que le pacte a marqué le début de la crise du mouvement communiste international, car il a approfondi la méfiance de Staline à l'égard des partis communistes étrangers et contribué à la dissolution de l'Internationale communiste par Staline en 1943.

Après la guerre, conscient que le pacte compromettait sa réputation de "leader" des antifascistes de la planète, Staline déploya tous les efforts en vue de justifier le pacte dans l'historiographie soviétique et mondiale. Sa tâche fut compliquée par le fait que les Américains qui occupèrent la partie occidentale de l'Allemagne découvrirent des documents allemands laissant supposer l'existence de protocoles secrets additionnels au pacte. C'est pourquoi un "renseignement historique" intitulé "Les falsificateurs de l'histoire" fut rédigé en 1948 avec la participation de Staline (de l'avis de nombreux chercheurs, par lui-même). Les dispositions de cet ouvrage furent mises à la base de l'interprétation soviétique officielle des événements de 1939-1941 qui resta inchangée jusqu'à la fin des années 80 du siècle dernier. Le sens de ce "renseignement" se réduisait à ceci : le pacte fut une tactique "géniale" de la direction soviétique lui permettant de mettre à profit les "contradictions impérialistes" entre les démocraties bourgeoises occidentales et l'Allemagne nazie. Si le pacte n'avait pas été conclu, l'URSS aurait été victime de la "croisade" des pays capitalistes contre le premier État socialiste. En Union Soviétique, les dispositions du "renseignement historique" ne devaient pas être contestées, même après la mort de Staline. Tout simplement, sous Khrouchtchev et Brejnev, son nom a été souvent remplacé dans les manuels des écoles secondaires et supérieures par des mots comme "direction du payss" ou "diplomatie soviétique". ("Historiographie soviétique", 1992). Il en a été ainsi jusqu'aux réformes engagées par Mikhaïl Gorbatchev à la fin des années 80 du siècle dernier, jusqu'à ce que les participants au premier Congrès des députés du peuple de l'URSS exigent d'éclaircir les circonstances de la conclusion du pacte qui avait contribué, pour beaucoup, à l'annexion par l'Union Soviétique de certains de ses territoires.

Le 24 décembre 1989, le Congrès des députés du peuple de l'URSS, alors organe supérieur du pouvoir en Union Soviétique, a adopté la résolution sur l'évaluation politique et juridique du traité soviéto-allemand de non-agression de 1939, résolution condamnant officiellement les protocoles secrets en tant qu'acte de "pouvoir totalitaire" qui ne traduisait nullement "la volonté du peuple soviétique qui n'assume aucune responsabilité pour cette collusion". La résolution soulignait : "Les pourparlers au sujet des protocoles secrets ont été menés par Staline et Molotov à l'insu du peuple soviétique, du CC du PC(b) de l'URSS et de tout le parti, du Soviet suprême et du gouvernement de l'URSS".

http://www.lawmix.ru/docs_cccpphp?id=1241

http://www.rian.ru/society/20080505/106556830.html

Les conséquences de cette "collusion" sont ressenties jusqu'à ce jour, envenimant les rapports entre la Russie et les peuples touchés par les protocoles staliniens et hitlériens. Dans les États baltes, ces protocoles sont qualifiés de prélude à l'"annexion" de la Lettonie, de la Lituanie et de l'Estonie. L'interprétation de ces protocoles permet de tirer des conclusions sur la nature des rapports avec la Russie actuelle et le statut des Russes dans ces pays, où ils sont considérés comme des "occupants" ou des "colons". En Pologne, les souvenirs des protocoles secrets additionnels au pacte justifient l'identification de l'Allemagne nazie et de l'URSS stalinienne sur le plan moral, de la profanation, qui en découle, de la mémoire des soldats soviétiques, même du regret postérieur de l'absence de coalition entre la Pologne et l'Allemagne nazie en vue d'une attaque commune contre l'URSS. Le caractère moralement inadmissible de cette interprétation des événements de cette époque découle largement du fait que personne parmi les quelque 600 000 soldats soviétiques morts pour la libération de la Pologne du joug nazi n'était au courant du protocole secret additionnel au pacte Molotov-Ribbentrop.


http://fr.rian.ru/analysis/20090821/122793623.html


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MessageSujet: Re: Traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne (pacte Molotov-Ribbentrop) - Fiche technique   Traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne (pacte Molotov-Ribbentrop) - Fiche technique EmptyDim 14 Fév - 9:15

Akhroub a écrit:
OPINION (non signée) publiée dans Ria Novosti du 21.08.2009

Le traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne a été conclu le 23 août 1939 à Moscou.

Ce document a contribué pour beaucoup au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et décidé du sort des Lettons, des Estoniens, des Lituaniens, ainsi que des Ukrainiens de l'Ouest, des Biélorusses de l'Ouest et des Moldaves. A la suite de ce pacte, ces peuples, dont plusieurs étaient réunis pour la première fois de leur histoire au sein d'un seul État, faisaient partie presque intégralement de l'Union Soviétique. Malgré les correctifs apportés à leurs destinées par la désintégration de l'URSS en 1991, le pacte Molotov-Ribbentrop détermine encore jusqu'à présent de nombreuses réalités géopolitiques dans l'Europe contemporaine.

Conformément au traité de non-agression, l'Union Soviétique et l'Allemagne s'engageaient à "s'abstenir de toute violence, de toute action agressive et de toute attaque l'une contre l'autre, aussi bien seules qu'avec d'autres puissances". Bien plus, les deux parties promettaient de ne pas soutenir les coalitions d'autres pays, dont les actions pouvaient être dirigées contre les signataires du traité. Par conséquent, l'idée d'une "sécurité collective" en Europe fut enterrée. Il devint impossible d'empêcher l'agression (l'Allemagne nazie se préparait à lancer une attaque) grâce aux efforts communs des pays épris de paix.

Le pacte a été signé par les ministres des Affaires étrangères de l'Union Soviétique et de l'Allemagne, Viatcheslav Molotov et Joachim von Ribbentrop. Un protocole secret additionnel au traité délimitait les sphères d'influence soviétique et allemande en Europe de l'Est en cas de "remaniement territorial". Ce remaniement ne tarda pas. Le traité fut ratifié par le Soviet suprême de l'URSS une semaine après sa signature, les députés ignorant l'existence d'un "protocole secret additionnel " qui n'a jamais été ratifié. Dès le lendemain de la ratification du traité, le 1er septembre 1939, l'Allemagne attaqua la Pologne.

http://www.istorik.ru.library/documents/molotov_ribbentrop/

En 1939, en conformité totale avec le protocole secret, dont l'original n'a été découvert dans les archives du Bureau politique (Politbureau) du CC du PCUS qu'au milieu des années 1990, les troupes allemandes n'entrèrent pas dans les régions orientales de la Pologne peuplées principalement de Biélorusses et d'Ukrainiens, ainsi que sur le territoire de la Lettonie, de la Lettonie et de l'Estonie. Ensuite, les troupes soviétiques pénétrèrent sur tous ces territoires. Le 17 septembre 1939, les troupes soviétiques entraient sur le territoire des régions orientales de la Pologne. En 1939-1940, en s'appuyant sur les forces politiques de gauche de ces pays, la direction stalinienne plaça sous son contrôle la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie et, à la suite du conflit armé avec la Finlande, également rattachée par le protocole secret à la sphère d'intérêts de l'URSS, arracha à ce pays une partie de la Carélie et les territoires attenants à Leningrad (aujourd'hui, Saint-Pétersbourg).

Le premier ministre de Grande-Bretagne Winston Churchill nota dans ses mémoires que la possibilité d'un tel accord entre Berlin et Moscou témoignait d'un échec de la diplomatie britannique et française qui n'avait réussi ni à diriger l'agression nazie contre l'URSS, ni à faire de l'Union Soviétique une alliée avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Mais on ne peut pas non plus estimer que l'URSS a profité du pacte, bien qu'elle ait bénéficié de deux années supplémentaires de paix et reçu de nouveaux territoires importants à ses frontières occidentales. Grâce au pacte, l'Allemagne évita en 1939-1944 une guerre sur deux fronts en écrasant, à tour de rôle, la Pologne, la France et de petits pays d'Europe, disposant, pour son agression contre l'URSS, d'une armée ayant une expérience de combat de deux ans.

Par conséquent, de l'avis de nombreux historiens, l'Allemagne nazie fut le grand gagnant de ce pacte. ("Historiographie soviétique", Université humanitaire russe d'État, 1992).

Évaluation politique du pacte

Quant au texte principal du pacte de non-agression, bien qu'il ait marqué un revirement dans l'idéologie de l'URSS qui avait auparavant vivement condamné le nazisme, il ne dépassait pas le cadre de la pratique admise dans les relations internationales avant la Seconde Guerre mondiale. Un pacte analogue fut conclu, par exemple, entre la Pologne et l'Allemagne nazie en 1934, et d'autres pays qui avaient conclu ou tenté de conclure de tels traités. Cependant, le protocole secret additionnel au pacte était certainement contraire au droit international.

Une explication du "protocole secret additionnel" qui délimitait les sphères d'influence "en cas de remaniements territorial et politique des régions faisant partie de l'État polonais" fut signée le 28 août 1939. La zone d'influence de l'URSS comportait le territoire de la Pologne situé à l'Est de la ligne des fleuves Pisa, Narew, Boug, Vistule et San. Cette ligne était à peu près conforme à ce qu'on appelle la "ligne Curzon" par laquelle devait passer la frontière orientale de la Pologne à la suite de la Première Guerre mondiale. En plus de l'Ukraine de l'Ouest et de la Biélorussie de l'Ouest, les négociateurs soviétiques avaient déclaré qu'ils étaient également intéressés par la Bessarabie perdue en 1919 et reçu une réponse satisfaisante de l'Allemagne qui déclara que ces régions "ne l'intéressaient pas du point de vue politique". Ce territoire devint ensuite partie intégrante de la RSS de Moldavie au sein de l'URSS. (Voir les détails dans le livre "1939 : les leçons de l'histoire", Institut d'histoire universelle de l'Académie des sciences de l'URSS, 1990, p. 452).

Puisque les clauses du protocole secret élaborées par la direction stalinienne et l'entourage d'Hitler étaient certainement illégales, Staline et Hitler avaient préféré dissimuler ce document tant à l'opinion internationale qu'à leurs propres peuples et organes de pouvoir, excepté une poignée de personnes. L'existence de ce protocole fut gardée secrète en Union Soviétique jusqu'en 1989, année où une Commission spécialement formée par le Congrès des députés du peuple de l'URSS en vue d'évaluer politiquement et juridiquement le pacte fournit au Congrès les preuves de l'existence de ce document. Ayant reçu ces preuves, le Congrès des députés du peuple de l'URSS condamna le protocole secret dans sa résolution du 24 décembre 1989, soulignant que ce protocole et les autres ententes germano-soviétiques étaient devenus caducs au moment de l'agression de l'Allemagne contre l'URSS, c'est-à-dire le 22 juin 1941".

Tout en reconnaissant le caractère immoral de l'accord secret entre Staline et Hitler, il est impossible de considérer le pacte et ses protocoles en dehors de la situation sociale et politique qui s'était créée alors en Europe. D'après les plans de Staline, le pacte germano-soviétique devait constituer une riposte à la politique visant à "pacifier" Hitler appliquée depuis plusieurs années par la Grande-Bretagne et la France et dont l'objectif était de provoquer une querelle entre les deux régimes totalitaires et à diriger l'agression hitlérienne avant tout contre l'URSS.

Avant 1939, l'Allemagne avait réoccupé et remilitarisé la Rhénanie (1936), s'était entièrement réarmée en violation du traité de Versailles, avait annexé l'Autriche (Anschluss - 1938) et placé sous son contrôle la Tchécoslovaquie. A l'instar d'Hitler, la Hongrie et la Pologne revendiquèrent également des territoires tchécoslovaques et reçurent également des parcelles de ce pays. Ce triste résultat fut également dû, pour beaucoup, à la politique des puissances occidentales : le 29 septembre 1938, les chefs de gouvernement de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne et de l'Italie signèrent à Munich un accord sur le démembrement de la Tchécoslovaquie entré dans l'histoire comme "Accords de Munich". Le 22 mars 1939, les troupes de la Wehrmacht occupèrent le port lituanien de Klaïpeda (en allemand, Memel) et, peu après, Hitler entérina le plan d'occupation de la Pologne. C'est pourquoi les affirmations fréquentes, selon lesquelles seul le pacte Molotov-Ribbentrop a agi comme le déclencheur de la Seconde Guerre mondiale, ne correspondent pas à la réalité. Tôt ou tard, Hitler aurait livré la guerre à la Pologne, et la plupart des pays d'Europe avaient tenté, à telle ou telle étape de la période 1933-1941, de s'entendre avec l'Allemagne nazie en encourageant ainsi Hitler à faire de nouvelles conquêtes. Jusqu'au 23 août 1939, toutes les grandes puissances européennes - la Grande-Bretagne, la France et l'URSS - avaient mené des pourparlers avec Hitler et entre elles. (Voir les détails sur les négociations de l'été 1939 à Moscou dans le livre "1939 : les leçons de l'histoire", pp. 298-308).

Vers la mi-août, les négociations multilatérales entrèrent dans leur phase finale. Chacune des parties poursuivait ses propres buts. Vers le 19 août, les pourparlers anglo-franco-soviétiques se retrouvèrent dans l'impasse. Le gouvernement soviétique donna son consentement à la visite du ministre allemand des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop les 26-27 août à Moscou. Dans son message adressé personnellement à Staline, Hitler avait demandé d'accepter que Ribbentrop se rende à Moscou le 22 août, au plus tard, le 23 août. Moscou accepta et le traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union Soviétique fut signé 14 heures après l'arrivée de Ribbentrop.

http://www.rian.ru/society/20080505/106556830.html

L'évaluation morale du pacte

Aussitôt après sa signature, le pacte suscita des critiques de la part de nombreux membres du mouvement communiste international et des représentants d'autres forces de gauche. Même sans être au courant de l'existence des protocoles secrets, ces personnes avaient vu dans le pacte une collusion inconcevable pour les partisans de l'idéologie de gauche avec les forces les plus sinistres de l'impérialisme : le nazisme. De nombreux chercheurs considèrent même que le pacte a marqué le début de la crise du mouvement communiste international, car il a approfondi la méfiance de Staline à l'égard des partis communistes étrangers et contribué à la dissolution de l'Internationale communiste par Staline en 1943.

Après la guerre, conscient que le pacte compromettait sa réputation de "leader" des antifascistes de la planète, Staline déploya tous les efforts en vue de justifier le pacte dans l'historiographie soviétique et mondiale. Sa tâche fut compliquée par le fait que les Américains qui occupèrent la partie occidentale de l'Allemagne découvrirent des documents allemands laissant supposer l'existence de protocoles secrets additionnels au pacte. C'est pourquoi un "renseignement historique" intitulé "Les falsificateurs de l'histoire" fut rédigé en 1948 avec la participation de Staline (de l'avis de nombreux chercheurs, par lui-même). Les dispositions de cet ouvrage furent mises à la base de l'interprétation soviétique officielle des événements de 1939-1941 qui resta inchangée jusqu'à la fin des années 80 du siècle dernier. Le sens de ce "renseignement" se réduisait à ceci : le pacte fut une tactique "géniale" de la direction soviétique lui permettant de mettre à profit les "contradictions impérialistes" entre les démocraties bourgeoises occidentales et l'Allemagne nazie. Si le pacte n'avait pas été conclu, l'URSS aurait été victime de la "croisade" des pays capitalistes contre le premier État socialiste. En Union Soviétique, les dispositions du "renseignement historique" ne devaient pas être contestées, même après la mort de Staline. Tout simplement, sous Khrouchtchev et Brejnev, son nom a été souvent remplacé dans les manuels des écoles secondaires et supérieures par des mots comme "direction du payss" ou "diplomatie soviétique". ("Historiographie soviétique", 1992). Il en a été ainsi jusqu'aux réformes engagées par Mikhaïl Gorbatchev à la fin des années 80 du siècle dernier, jusqu'à ce que les participants au premier Congrès des députés du peuple de l'URSS exigent d'éclaircir les circonstances de la conclusion du pacte qui avait contribué, pour beaucoup, à l'annexion par l'Union Soviétique de certains de ses territoires.

Le 24 décembre 1989, le Congrès des députés du peuple de l'URSS, alors organe supérieur du pouvoir en Union Soviétique, a adopté la résolution sur l'évaluation politique et juridique du traité soviéto-allemand de non-agression de 1939, résolution condamnant officiellement les protocoles secrets en tant qu'acte de "pouvoir totalitaire" qui ne traduisait nullement "la volonté du peuple soviétique qui n'assume aucune responsabilité pour cette collusion". La résolution soulignait : "Les pourparlers au sujet des protocoles secrets ont été menés par Staline et Molotov à l'insu du peuple soviétique, du CC du PC(b) de l'URSS et de tout le parti, du Soviet suprême et du gouvernement de l'URSS".

http://www.lawmix.ru/docs_cccpphp?id=1241

http://www.rian.ru/society/20080505/106556830.html

Les conséquences de cette "collusion" sont ressenties jusqu'à ce jour, envenimant les rapports entre la Russie et les peuples touchés par les protocoles staliniens et hitlériens. Dans les États baltes, ces protocoles sont qualifiés de prélude à l'"annexion" de la Lettonie, de la Lituanie et de l'Estonie. L'interprétation de ces protocoles permet de tirer des conclusions sur la nature des rapports avec la Russie actuelle et le statut des Russes dans ces pays, où ils sont considérés comme des "occupants" ou des "colons". En Pologne, les souvenirs des protocoles secrets additionnels au pacte justifient l'identification de l'Allemagne nazie et de l'URSS stalinienne sur le plan moral, de la profanation, qui en découle, de la mémoire des soldats soviétiques, même du regret postérieur de l'absence de coalition entre la Pologne et l'Allemagne nazie en vue d'une attaque commune contre l'URSS. Le caractère moralement inadmissible de cette interprétation des événements de cette époque découle largement du fait que personne parmi les quelque 600 000 soldats soviétiques morts pour la libération de la Pologne du joug nazi n'était au courant du protocole secret additionnel au pacte Molotov-Ribbentrop.


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Akhroub a écrit:
OPINION (non signée) publiée dans Ria Novosti du 21.08.2009

Le traité de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne a été conclu le 23 août 1939 à Moscou.

Ce document a contribué pour beaucoup au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et décidé du sort des Lettons, des Estoniens, des Lituaniens, ainsi que des Ukrainiens de l'Ouest, des Biélorusses de l'Ouest et des Moldaves. A la suite de ce pacte, ces peuples, dont plusieurs étaient réunis pour la première fois de leur histoire au sein d'un seul État, faisaient partie presque intégralement de l'Union Soviétique. Malgré les correctifs apportés à leurs destinées par la désintégration de l'URSS en 1991, le pacte Molotov-Ribbentrop détermine encore jusqu'à présent de nombreuses réalités géopolitiques dans l'Europe contemporaine.

Conformément au traité de non-agression, l'Union Soviétique et l'Allemagne s'engageaient à "s'abstenir de toute violence, de toute action agressive et de toute attaque l'une contre l'autre, aussi bien seules qu'avec d'autres puissances". Bien plus, les deux parties promettaient de ne pas soutenir les coalitions d'autres pays, dont les actions pouvaient être dirigées contre les signataires du traité. Par conséquent, l'idée d'une "sécurité collective" en Europe fut enterrée. Il devint impossible d'empêcher l'agression (l'Allemagne nazie se préparait à lancer une attaque) grâce aux efforts communs des pays épris de paix.

Le pacte a été signé par les ministres des Affaires étrangères de l'Union Soviétique et de l'Allemagne, Viatcheslav Molotov et Joachim von Ribbentrop. Un protocole secret additionnel au traité délimitait les sphères d'influence soviétique et allemande en Europe de l'Est en cas de "remaniement territorial". Ce remaniement ne tarda pas. Le traité fut ratifié par le Soviet suprême de l'URSS une semaine après sa signature, les députés ignorant l'existence d'un "protocole secret additionnel " qui n'a jamais été ratifié. Dès le lendemain de la ratification du traité, le 1er septembre 1939, l'Allemagne attaqua la Pologne.

http://www.istorik.ru.library/documents/molotov_ribbentrop/

En 1939, en conformité totale avec le protocole secret, dont l'original n'a été découvert dans les archives du Bureau politique (Politbureau) du CC du PCUS qu'au milieu des années 1990, les troupes allemandes n'entrèrent pas dans les régions orientales de la Pologne peuplées principalement de Biélorusses et d'Ukrainiens, ainsi que sur le territoire de la Lettonie, de la Lettonie et de l'Estonie. Ensuite, les troupes soviétiques pénétrèrent sur tous ces territoires. Le 17 septembre 1939, les troupes soviétiques entraient sur le territoire des régions orientales de la Pologne. En 1939-1940, en s'appuyant sur les forces politiques de gauche de ces pays, la direction stalinienne plaça sous son contrôle la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie et, à la suite du conflit armé avec la Finlande, également rattachée par le protocole secret à la sphère d'intérêts de l'URSS, arracha à ce pays une partie de la Carélie et les territoires attenants à Leningrad (aujourd'hui, Saint-Pétersbourg).

Le premier ministre de Grande-Bretagne Winston Churchill nota dans ses mémoires que la possibilité d'un tel accord entre Berlin et Moscou témoignait d'un échec de la diplomatie britannique et française qui n'avait réussi ni à diriger l'agression nazie contre l'URSS, ni à faire de l'Union Soviétique une alliée avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Mais on ne peut pas non plus estimer que l'URSS a profité du pacte, bien qu'elle ait bénéficié de deux années supplémentaires de paix et reçu de nouveaux territoires importants à ses frontières occidentales. Grâce au pacte, l'Allemagne évita en 1939-1944 une guerre sur deux fronts en écrasant, à tour de rôle, la Pologne, la France et de petits pays d'Europe, disposant, pour son agression contre l'URSS, d'une armée ayant une expérience de combat de deux ans.

Par conséquent, de l'avis de nombreux historiens, l'Allemagne nazie fut le grand gagnant de ce pacte. ("Historiographie soviétique", Université humanitaire russe d'État, 1992).

Évaluation politique du pacte

Quant au texte principal du pacte de non-agression, bien qu'il ait marqué un revirement dans l'idéologie de l'URSS qui avait auparavant vivement condamné le nazisme, il ne dépassait pas le cadre de la pratique admise dans les relations internationales avant la Seconde Guerre mondiale. Un pacte analogue fut conclu, par exemple, entre la Pologne et l'Allemagne nazie en 1934, et d'autres pays qui avaient conclu ou tenté de conclure de tels traités. Cependant, le protocole secret additionnel au pacte était certainement contraire au droit international.

Une explication du "protocole secret additionnel" qui délimitait les sphères d'influence "en cas de remaniements territorial et politique des régions faisant partie de l'État polonais" fut signée le 28 août 1939. La zone d'influence de l'URSS comportait le territoire de la Pologne situé à l'Est de la ligne des fleuves Pisa, Narew, Boug, Vistule et San. Cette ligne était à peu près conforme à ce qu'on appelle la "ligne Curzon" par laquelle devait passer la frontière orientale de la Pologne à la suite de la Première Guerre mondiale. En plus de l'Ukraine de l'Ouest et de la Biélorussie de l'Ouest, les négociateurs soviétiques avaient déclaré qu'ils étaient également intéressés par la Bessarabie perdue en 1919 et reçu une réponse satisfaisante de l'Allemagne qui déclara que ces régions "ne l'intéressaient pas du point de vue politique". Ce territoire devint ensuite partie intégrante de la RSS de Moldavie au sein de l'URSS. (Voir les détails dans le livre "1939 : les leçons de l'histoire", Institut d'histoire universelle de l'Académie des sciences de l'URSS, 1990, p. 452).

Puisque les clauses du protocole secret élaborées par la direction stalinienne et l'entourage d'Hitler étaient certainement illégales, Staline et Hitler avaient préféré dissimuler ce document tant à l'opinion internationale qu'à leurs propres peuples et organes de pouvoir, excepté une poignée de personnes. L'existence de ce protocole fut gardée secrète en Union Soviétique jusqu'en 1989, année où une Commission spécialement formée par le Congrès des députés du peuple de l'URSS en vue d'évaluer politiquement et juridiquement le pacte fournit au Congrès les preuves de l'existence de ce document. Ayant reçu ces preuves, le Congrès des députés du peuple de l'URSS condamna le protocole secret dans sa résolution du 24 décembre 1989, soulignant que ce protocole et les autres ententes germano-soviétiques étaient devenus caducs au moment de l'agression de l'Allemagne contre l'URSS, c'est-à-dire le 22 juin 1941".

Tout en reconnaissant le caractère immoral de l'accord secret entre Staline et Hitler, il est impossible de considérer le pacte et ses protocoles en dehors de la situation sociale et politique qui s'était créée alors en Europe. D'après les plans de Staline, le pacte germano-soviétique devait constituer une riposte à la politique visant à "pacifier" Hitler appliquée depuis plusieurs années par la Grande-Bretagne et la France et dont l'objectif était de provoquer une querelle entre les deux régimes totalitaires et à diriger l'agression hitlérienne avant tout contre l'URSS.

Avant 1939, l'Allemagne avait réoccupé et remilitarisé la Rhénanie (1936), s'était entièrement réarmée en violation du traité de Versailles, avait annexé l'Autriche (Anschluss - 1938) et placé sous son contrôle la Tchécoslovaquie. A l'instar d'Hitler, la Hongrie et la Pologne revendiquèrent également des territoires tchécoslovaques et reçurent également des parcelles de ce pays. Ce triste résultat fut également dû, pour beaucoup, à la politique des puissances occidentales : le 29 septembre 1938, les chefs de gouvernement de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne et de l'Italie signèrent à Munich un accord sur le démembrement de la Tchécoslovaquie entré dans l'histoire comme "Accords de Munich". Le 22 mars 1939, les troupes de la Wehrmacht occupèrent le port lituanien de Klaïpeda (en allemand, Memel) et, peu après, Hitler entérina le plan d'occupation de la Pologne. C'est pourquoi les affirmations fréquentes, selon lesquelles seul le pacte Molotov-Ribbentrop a agi comme le déclencheur de la Seconde Guerre mondiale, ne correspondent pas à la réalité. Tôt ou tard, Hitler aurait livré la guerre à la Pologne, et la plupart des pays d'Europe avaient tenté, à telle ou telle étape de la période 1933-1941, de s'entendre avec l'Allemagne nazie en encourageant ainsi Hitler à faire de nouvelles conquêtes. Jusqu'au 23 août 1939, toutes les grandes puissances européennes - la Grande-Bretagne, la France et l'URSS - avaient mené des pourparlers avec Hitler et entre elles. (Voir les détails sur les négociations de l'été 1939 à Moscou dans le livre "1939 : les leçons de l'histoire", pp. 298-308).

Vers la mi-août, les négociations multilatérales entrèrent dans leur phase finale. Chacune des parties poursuivait ses propres buts. Vers le 19 août, les pourparlers anglo-franco-soviétiques se retrouvèrent dans l'impasse. Le gouvernement soviétique donna son consentement à la visite du ministre allemand des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop les 26-27 août à Moscou. Dans son message adressé personnellement à Staline, Hitler avait demandé d'accepter que Ribbentrop se rende à Moscou le 22 août, au plus tard, le 23 août. Moscou accepta et le traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union Soviétique fut signé 14 heures après l'arrivée de Ribbentrop.

http://www.rian.ru/society/20080505/106556830.html

L'évaluation morale du pacte

Aussitôt après sa signature, le pacte suscita des critiques de la part de nombreux membres du mouvement communiste international et des représentants d'autres forces de gauche. Même sans être au courant de l'existence des protocoles secrets, ces personnes avaient vu dans le pacte une collusion inconcevable pour les partisans de l'idéologie de gauche avec les forces les plus sinistres de l'impérialisme : le nazisme. De nombreux chercheurs considèrent même que le pacte a marqué le début de la crise du mouvement communiste international, car il a approfondi la méfiance de Staline à l'égard des partis communistes étrangers et contribué à la dissolution de l'Internationale communiste par Staline en 1943.

Après la guerre, conscient que le pacte compromettait sa réputation de "leader" des antifascistes de la planète, Staline déploya tous les efforts en vue de justifier le pacte dans l'historiographie soviétique et mondiale. Sa tâche fut compliquée par le fait que les Américains qui occupèrent la partie occidentale de l'Allemagne découvrirent des documents allemands laissant supposer l'existence de protocoles secrets additionnels au pacte. C'est pourquoi un "renseignement historique" intitulé "Les falsificateurs de l'histoire" fut rédigé en 1948 avec la participation de Staline (de l'avis de nombreux chercheurs, par lui-même). Les dispositions de cet ouvrage furent mises à la base de l'interprétation soviétique officielle des événements de 1939-1941 qui resta inchangée jusqu'à la fin des années 80 du siècle dernier. Le sens de ce "renseignement" se réduisait à ceci : le pacte fut une tactique "géniale" de la direction soviétique lui permettant de mettre à profit les "contradictions impérialistes" entre les démocraties bourgeoises occidentales et l'Allemagne nazie. Si le pacte n'avait pas été conclu, l'URSS aurait été victime de la "croisade" des pays capitalistes contre le premier État socialiste. En Union Soviétique, les dispositions du "renseignement historique" ne devaient pas être contestées, même après la mort de Staline. Tout simplement, sous Khrouchtchev et Brejnev, son nom a été souvent remplacé dans les manuels des écoles secondaires et supérieures par des mots comme "direction du payss" ou "diplomatie soviétique". ("Historiographie soviétique", 1992). Il en a été ainsi jusqu'aux réformes engagées par Mikhaïl Gorbatchev à la fin des années 80 du siècle dernier, jusqu'à ce que les participants au premier Congrès des députés du peuple de l'URSS exigent d'éclaircir les circonstances de la conclusion du pacte qui avait contribué, pour beaucoup, à l'annexion par l'Union Soviétique de certains de ses territoires.

Le 24 décembre 1989, le Congrès des députés du peuple de l'URSS, alors organe supérieur du pouvoir en Union Soviétique, a adopté la résolution sur l'évaluation politique et juridique du traité soviéto-allemand de non-agression de 1939, résolution condamnant officiellement les protocoles secrets en tant qu'acte de "pouvoir totalitaire" qui ne traduisait nullement "la volonté du peuple soviétique qui n'assume aucune responsabilité pour cette collusion". La résolution soulignait : "Les pourparlers au sujet des protocoles secrets ont été menés par Staline et Molotov à l'insu du peuple soviétique, du CC du PC(b) de l'URSS et de tout le parti, du Soviet suprême et du gouvernement de l'URSS".

http://www.lawmix.ru/docs_cccpphp?id=1241

http://www.rian.ru/society/20080505/106556830.html

Les conséquences de cette "collusion" sont ressenties jusqu'à ce jour, envenimant les rapports entre la Russie et les peuples touchés par les protocoles staliniens et hitlériens. Dans les États baltes, ces protocoles sont qualifiés de prélude à l'"annexion" de la Lettonie, de la Lituanie et de l'Estonie. L'interprétation de ces protocoles permet de tirer des conclusions sur la nature des rapports avec la Russie actuelle et le statut des Russes dans ces pays, où ils sont considérés comme des "occupants" ou des "colons". En Pologne, les souvenirs des protocoles secrets additionnels au pacte justifient l'identification de l'Allemagne nazie et de l'URSS stalinienne sur le plan moral, de la profanation, qui en découle, de la mémoire des soldats soviétiques, même du regret postérieur de l'absence de coalition entre la Pologne et l'Allemagne nazie en vue d'une attaque commune contre l'URSS. Le caractère moralement inadmissible de cette interprétation des événements de cette époque découle largement du fait que personne parmi les quelque 600 000 soldats soviétiques morts pour la libération de la Pologne du joug nazi n'était au courant du protocole secret additionnel au pacte Molotov-Ribbentrop.


http://fr.rian.ru/analysis/20090821/122793623.html


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