Les prix Nobel 2007 distribués à partir d'aujourd'hui

Deux Américains, Mario Capecchi et Olivier Smithies, et un Britannique, Martin Evans, se sont adjugés le prix Nobel de médecine 2007.

Leurs travaux ont porté sur les modifications génétiques de souris à l’aide de cellules souches embryonnaires, indique un communiqué du comité Nobel repris par une dépêche de l’AFP. Ces recherches ont notamment été utilisées pour aider la science à déterminer pourquoi certaines maladies, comme la mucoviscidose, touchent les gens à un niveau cellulaire.

Les trois lauréats effectuent leurs recherches dans leur pays respectif.

En sus d’un diplôme et d’une médaille en or qui seront attribués à chacun, ils vont vraisemblablement se partager un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1.08 million €), que le roi de Suède, en personne, leur remettra le 10 décembre prochain à l'occasion d'une séance solennelle.

Voici la liste des lauréats des dix dernières années du Nobel de médecine :

2007 : Mario Capecchi (Etats-Unis), Oliver Smithies (Etats-Unis) et Martin Evans (Grande-Bretagne)
2006 : Andrew Z. Fire (Etats-Unis) et Craig C. Mello (Etats-Unis)
2005 : Barry J. Marshall (Australie) et J. Robin Warren (Australie)
2004 : Richard Axel (Etats-Unis) et Linda B. Buck (Etats-Unis)
2003 : Paul C. Lauterbur (Etats-Unis) et Peter Mansfield (Grande-Bretagne)
2002 : Sydney Brenner (Grande-Bretagne), John E. Sulston (Grande-Bretagne) et H. Robert Horvitz (Etats-Unis)
2001 : Leland H. Hartwell (Etats-Unis), R. Timothy (Tim) Hunt (Grande-Bretagne) et Paul M. Nurse (Grande-Bretagne)
2000 : Arvid Carlsson (Suède), Paul Greengard (Etats-Unis) et Eric Kandel (Etats-Unis)
1999 : Günter Blobel (Etats-Unis)
1998 : Robert Furchgott (Etats-Unis), Ferid Murad (Etats-Unis) et Louis Ignarro (Etats-Unis)

Le Nobel de physique 2007 est revenu au Français Albert Fert et à l’Allemand Peter Grünberg pour récompenser leurs travaux relatifs à la miniaturisation des disques durs ouvrant la voie à de nombreuses applications courantes.

Le comité Nobel a estimé que : « Les applications de ce phénomène ont révolutionné les techniques permettant de lire l’information stockée sur disque dur. » Grâce à cette nouvelle technologie, appelée la magnétorésistance géante (GMR), il a été possible de mettre au point des têtes de lecture équipant les disques durs d’aujourd’hui.

Les deux lauréats ont découvert la GMR en 1988, dans des travaux individuels séparés.

Fert, 69 ans, est directeur scientifique de l’Unité mixte de physique au CNRS/Thales d’Orsay depuis 1995.
Grünberg, 68 ans, est professeur à l’Institut für Feskörperforschung, en Allemagne.

L'Allemand Gerhard Ertl est lauréat du Nobel de chimie 2007, pour des travaux sur les fertilisants et autres pots catalytiques connaissant des applications industrielles. "Il a étudié l'oxydation du monoxyde de carbone sur le platine, une réaction qui se produit dans le catalyseur des voitures pour nettoyer les émissions des pots d'échappement", est-il précisé.

Ce chercheur s'inscrit sur une liste de 24 allemands bénéficiaires du prix Nobel de chimie. Il aura été "l'un des premiers à voir le potentiel de la chimie des surfaces et à créer une méthodologie des catalyseurs", note l'Académie royale des sciences de Suède.

"Cette science est importante pour l'industrie chimique et peut nous aider à comprendre divers processus comme la rouille et comment les catalyseurs de voiture fonctionnent... Les réactions chimiques sur les surfaces catalytiques jouent un rôle vital dans nombres d'opérations industrielles comme la production des fertilisants", ajoute l'Académie.

Cette dernière relève encore, selon une dépêche AFP, que "La chimie de surface peut même expliquer la destruction de la couche d'ozone".

Ertl fêtait l'anniversaire de ses 71 ans, lorsqu'il a appris la nouvelle de Stockolm.

Membre de diverses académies, il a été déjà récompensé à plusieurs reprises pour ses recherches.

Le Nobel 2007 de littérature a échu à la britannique Doris Lessing, 88 ans bientôt, écrivaine prolifique, née en Iran d’un père capitaine de l’armée britannique, ayant longtemps vécu en Afrique, précisément dans l’ex Rhodésie du sud rebaptisée Zimbabwe depuis son indépendance.

Cette dame est une « conteuse épique de l’expérience féminine, qui avec scepticisme, ardeur et une force visionnaire scrute une civilisation divisée », selon les propres termes du communiqué de l’Académie suédoise.

Cette ancienne communiste, en rupture de ban dès 1956 suite à la répression qui avait frappé le soulèvement hongrois, partage, par ses idées féministes, le combat de Simone de Beauvoir. D'ailleurs, par son ouvrage « Le carnet d’or » qui l’a rendue célèbre, Lessing « est considérée comme une œuvre pionnière par le mouvement féministe et appartient à la poignée de livres qui ont marqué la manière de voir les relations homme-femme au 20e siècle ».

Mariée deux fois et divorcée deux fois, la lauréate est mère de trois enfants.

En véritable touche-à-tout, elle sort souvent du cadre du roman pour s’intéresser à la politique, et particulièrement au colonialisme, aux catastrophes écologiques, etc.

La récompense « prestigieuse » du Nobel vient donc, à sa grande satisfaction, couronner l’ensemble des autres distinctions reçues jusqu’ici pour son œuvre.

Al Gore, l’ancien vice-président des Etats-Unis, et un panel de l’ONU travaillant sur le climat (GIEC) sont les lauréats du Nobel 2007 de la paix, en récompense de « leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les changements climatiques provoqués par l’homme et pour avoir posé les fondements pour les mesures nécessaires à la lutte contre ces changements », indique le président du Comité Nobel, Ole Danbolt Mjoes.

A titre de rappel, voici les dix derniers lauréats du prix Nobel de la paix, tels que reproduits sur une dépêche de l’AFP d'hier :

* 2007: Al Gore (Etats-Unis) et le panel de l'ONU sur le climat (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, Giec)
* 2006: Muhammad Yunus (Bangladesh) et la Grameen Bank
* 2005: Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et son directeur Mohamed ElBaradei (Egypte)
* 2004: Wangari Maathai (Kenya)
* 2003: Shirin Ebadi (Iran)
* 2002: Jimmy Carter (Etats-Unis)
* 2001: Organisation des Nations Unies (ONU) et son secrétaire général Kofi Annan (Ghana)
* 2000: Kim Dae-Jung (Corée du Sud)
* 1999: Médecins sans frontières (fondé en France)
* 1998: John Hume et David Trimble (Irlande du Nord/Grande-Bretagne)

Le dernier prix, celui de l’économie, est enfin attribué à trois Américains "pour leurs travaux portant sur les mécanismes d’échanges destinés à améliorer le fonctionnement des marchés", indique le comité Nobel.

Leonid Hurwicz, 90 ans, d’origine russe, est professeur émérite d’économie à l’université du Minnesota.

Eric Maskin, 57 ans, est professeur à l’institut des études avancées de Princeton.

Roger Myerson, 56 ans, est professeur à l’université de Chicago.

Ils se partageront donc à parts égales le chèque de 10 millions de couronnes soit 1.08 million €.

"La théorie en question apporte des réponses dans nombre de secteurs économiques et en sciences politiques", dit le comité.

En l’occurrence, ajoute ce dernier : "quels mécanismes commerciaux permettront d’obtenir les gains les plus importants ? Quels autres optimiseront les gains attendus par le vendeur ? Quels systèmes d’assurance fourniront les meilleures couvertures sans inciter à une mauvaise utilisation ? Quel est le meilleur mécanisme pour atteindre un certain objectif comme des allocations sociales ou un bénéfice privé ?"

Les lauréats se sont intéressés aux imperfections de marchés afin de rendre ceux-ci les plus efficaces possibles.

Rappelons que le prix Nobel d’économie est le seul des six prix qui n’ait pas été prévu par l’inventeur et industriel suédois Alfred Nobel, dans son testament de 1895.