Un remarquable billet de Chawki Amari, paru ce matin dans El-Watan, met en exergue le goût très prononcé des Algériens de tout fermer...
En barricadant hideusement portes et fenêtres, surmontées souvent par des treillages en osier pour le moins choquants, les citadins comme les ruraux entendent ainsi non seulement se protéger d'éventuels voleurs mais fermer la vue aux passants sur leurs balcons et interdire en même temps à leur femme, à leurs filles ou à leurs soeurs de zieuter dehors.
Et comme dit Amari, quand on ferme on ne rouvre plus. Il en est ainsi particulièrement des artères que l'on interdit à la circulation pour soi-disant un temps, mais qu'on oublie pour l'éternité dans cet état, même si le besoin a changé entretemps. Le statut des rues principales d'Alger, fermées au stationnement depuis plus de dix ans, reste toujours inchangé, même si le terrorisme qui avait justifié un temps la mesure prise ne montre plus autant de morgue qu'avant. Les manifestations dans la rue sont prohibées, depuis juin 2001, et, du coup, les activités politiques de l'opposition suspendues, sinon étroitement contrôlées. Bref, conjugué aux restrictions draconiennes imposées à la liberté d'expression, le simple accès à la rue pour y crier son simple ras-le-bol demeure toujours interdit.
Cette propension à tout fermer, devenue la règle chez les gouvernants avant de l'être chez l'homme du commun, trouve encore son entière expression dans l'anecdote empruntée à El-Khabar par l'auteur du billet, selon laquelle Bouteflika a même fermé une école jouxtant sa demeure. Sous prétexte d'assurer sa propre sécurité, il n'a rien trouvé de mieux que de renvoyer des centaines d'élèves chez eux.
De quelque côté, enfin, qu'on l'observe, l'Algérie devient à n'en pas douter cette espèce de prison géante où tout le monde cherche à se protéger de tout le monde.