A en croire les chiffres officiels, examinés en conseil du gouvernement algérien du mercredi dernier, sur une communication du délégué à la Planification, l'économie algérienne aurait atteint en 2006 des records de réussite sur tous les plans. Voici quelques chiffres, relevés du journal Liberté, désormais rangé parmi les thuriféraires du régime :
La croissance est de 5.6 %, en 2006, contre 4.7 % en 2005. Par secteurs, elle s'établirait à 11.6 % pour le secteur du BTPH (Bâtiment et travaux publics) ; 4.9 % pour l'agriculture ; 6.5 % pour les services ; 16 % pour les hydrocarbures; 2.8 % pour le secteur industriel, etc. Le chômage est réduit, lui, à 12.3% en octobre 2006 contre 15.3 % en septembre 2005... Pour couronner le tout, l'inflation resterait relativement faible à hauteur de 2.5 %.
Pour rétablir la vérité des choses, le dernier des illettrés algériens, abordé dans la rue, est suffisamment conscient pour reconnaître que :
* La croissance est nulle, quand elle n'est pas en régression, dans tous les secteurs, à l'exclusion des hydrocarbures, où d'ailleurs tout se fait en catimini pour permettre la distribution des prébendes connue de tous.
* Si elle progresse peut-être dans le domaine du BTPH, les causes de cette croissance sectorielle sont à rechercher du côté des Asiatiques (Japonais et Chinois) qui tirent directement, à eux seuls, le plus grand profit des gros marchés qui leur sont confiés.
* Pour une démographie pourtant contrôlée désormais, la production agricole accuse plutôt une chute tellement sensible que les ménages la ressentent dans la rareté et la cherté des produits. Fruits et légumes, viande rouge ou blanche, céréales, etc., accusent des hausses vertigineuses , depuis précisément ces 3 ou quatre dernières années. La semoule est à 65 DA, aujourd'hui, contre 35 DA, il y a seulement 1 ou 2 ans. Du reste, le problème à lui seul de la patate est suffisamment édifiant de l'anarchie qui caractérise la production agricole d'une façon générale.
* Si le chômage ne frappait qu'un huitième de la population algérienne, le pays, et cela coule de source, n'enregistrerait pas autant de vagues de haragas s'exposant au péril de leur vie à la traversée de la Méditerranée, et au risque de se faire expulser immédiatement de l'autre côté de la mer. On ne verrait pas non plus ces milliers de mendiants pullulant dans les rues et les villages. Et le couffin dit du ramadhan n'aurait pas accusé une telle poussée qui démontre plutôt l'extension de la pauvreté.
* Le taux d'inflation de 2.5 % indiqué, alors qu'il se chiffre entre 10 et 20 fois plus, est à imputer au seul ridicule des journalistes de la claque qui ne font pas honneur à leur profession en reproduisant des chiffres aussi inexacts, formulés à des fins de simple propagande mensongère.