De nouveaux heurts ont opposé ce matin la force publique aux habitants d'un bidonville de Climat-de-France, un quartier pauvre des hauteurs de Bab-el-Oued, qui a déjà été rudement éprouvé en 2003 par les fortes pluies qui avaient causé alors de nombreuses pertes humaines et des dégâts matériels considérables.
D'après les informations rapportées par les médias, c'est la décision des services communaux de détruire quelques 150 baraques d'un bidonville qui aurait mis le feu aux poudres. Très tôt le matin, ces services ont dépêché sur les lieux des moyens mécaniques, sous la surveillance de dizaines de policiers antiémeutes, pour entreprendre, sans préavis, les travaux de démolition, et surtout sans offrir quelque possibilité de relogement aux familles jetées dans la rue.
Devant la résistance des habitants, les policiers ont dû faire usage de bombes lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser ces derniers bien décidés à leur faire barrage, en bloquant d'abord la chaussée avec des pierres et toutes sortes de matériaux de récupération.
En début d'après-midi, les échauffourées ont finalement cessé avec l'enlèvement par camions des tonnes de débris parsemés sur la chaussée. 75 blessés parmi les manifestants dont l'un aurait perdu un œil touché par une balle en caoutchouc et 50 autres chez les policiers ont fait les frais de ces affrontements sanglants.
En vérité, depuis de longs mois déjà, voire de longues années, l'Algérie s'est habituée à ce cycle infernal de violences qui s'étendent à l'ensemble du territoire national, du nord au sud et d'est en ouest. La cause est bien sûr à rechercher dans l'incompétence et l'incapacité des dirigeants à faire face aux multiples problèmes qui se posent jour après jour aux citoyens et surtout à les prévenir.
Quand on sait, de plus, que la corruption, le vol, les détournements, les dilapidations du patrimoine public et le laisser-faire sont les principales occupations du régime en place, il n'est pas nécessaire d'être devin pour comprendre les motivations des explosions sociales qui agitent une Algérie allant toujours à veau-l'eau.