Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Medelci, l'Algérie, qui s'était, avec la Syrie, opposée dans le cadre de la Ligue arabe, à l'adoption d'une résolution de l'ONU instaurant une zone d'exclusion aérienne en Libye, estime que les frappes de la coalition sont "disproportionnées". Elle demande, à l'occasion de la visite reçue aujourd'hui du ministre russe des A.E., Sergueï Lavrov, "une cessation immédiate des hostilités et des interventions étrangères et ce afin d'épargner la vie de nos frères libyens".
Dans sa déclaration, Medelci souhaite que l'on laisse aux Libyens le soin : "de résoudre pacifiquement et durablement la crise dans le respect et la préservation de leur unité, de la préservation de leur intégrité territoriale et de la préservation de leur pleine souveraineté".
Ce ministre algérien eût été certainement bienvenu d'adresser plutôt ces mêmes observations à Kadhafi lui-même, qui continue à ce jour encore d'envoyer ses chars et ses tanks dans les villages désarmés de Libye, détruisant sauvagement leurs maisons et exterminant leurs populations à coups de canons et de mitrailleuses lourdes. S'il a été jugé enfin utile et indispensable en dernière analyse d'utiliser la force internationale la plus redoutable pour calmer l'ardeur de ce bédouin féodal et sanguinaire, c'est justement parce que ses propres frères arabes l'ont trop longtemps laissé agir à sa guise. Et enfin l'Algérie n'a de leçon à donner à personne, elle dont la force publique a également tiré aussi bestialement sur des manifestants pacifiques de Tizi Ouzou, tuant 124 personnes en 2001.
Il faut plutôt interpréter une telle réaction épidermique par la crainte qui agite le despote algérien de devoir vivre un jour les mêmes attaques, les mêmes humiliations que Kadhafi.