Shahbaz Bhatti, ministre pakistanais des Minorités religieuses, de confession chrétienne, a été froidement abattu hier dans sa voiture, tandis qu'il circulait dans un quartier chic d'Islamabad. Ses assassins, trois ou quatre hommes, l'ont visé depuis une autre voiture avant de prendre la fuite.
25 impacts de balles ont été relevés sur son véhicule, d'après l'enquête de police.
Le défunt roulait sans ses gardes du corps, chargés par lui de l'attendre à son bureau, et revenait d'une visite chez sa mère.
Catholique, le défunt était un fervent militant contre la peine de mort légalement prévue en cas de blasphème. Selon cette loi inique de 1986, très controversée dans le pays, si un chrétien prétend que Jésus Christ a été crucifié, il peut être puni de la peine capitale parce que le Coran contredit cette thèse, pourtant retenue comme réelle et seule admise par l'Église.
C'est d'ailleurs le second meurtre dans le pays pour le même motif, après celui, perpétré en janvier dernier, contre un gouverneur qui s'opposait lui aussi à cette loi sur le blasphème. Salman Taseer, gouverneur du Penjab, la province la plus peuplée, a été en effet assassiné par l'un des policiers chargés de sa protection.
Shahbaz Bhatti, 42 ans, se sentait lui aussi menacé et l'avait même déclaré à l'AFP, d'autant plus qu'il dénonçait les violences et intimidations visant la minorité chrétienne.
Des chrétiens crient leur colère après l'assassinat d'un ministre catholique. AFPAu Pakistan, un pays qui regorge d'islamistes radicaux, il n'est pas étonnant que les assassins de chrétiens soient même applaudis et glorifiés. De plus, des dizaines de personnes musulmanes, chrétiennes ou hindoues, ont été supprimées, dans les prisons sinon dans la rue après leur libération, par des policiers ou des gardiens de prison, pour avoir simplement profané l'islam et le Coran.
La minorité chrétienne y est enfin très discriminée. Elle subit en sus des persécutions et des vexations sans que la loi n'intervienne pour réprimer de tels abus.
avec l'AFP et le Parisien