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 Argentine: le procès des bébés volés sous la dictature ouvert

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Amar

Amar


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Argentine: le procès des bébés volés sous la dictature ouvert Empty
MessageSujet: Argentine: le procès des bébés volés sous la dictature ouvert   Argentine: le procès des bébés volés sous la dictature ouvert EmptyMar 1 Mar - 21:54

lefigaro.fr - 28/02/2011
Par Pauline Damour

Face à la justice, plusieurs hauts responsables militaires, qui ont mis en place ce «plan systématique», privant de leur identité quelque 500 enfants.

« C'est une façon de clore un des chapitres les plus sombres de mon histoire, mais c'est un moment très dur à passer », confesse Victoria Donda, alors que s'ouvre ce lundi un des procès les plus emblématiques de la dictature argentine (1976-1983), sur le vol de bébés d'opposants. Née en 1977 dans le sinistre centre de détention clandestin de l'Esma (École supérieure de mécanique de la marine), la jeune femme est appelée à témoigner contre l'ex-officier de marine Juan Antonio Azic, qui pendant vingt-sept ans s'est fait passer pour son père alors que ses vrais parents, opposants à la junte, avaient été assassinés.

Aux côtés d'Azic vont être jugés six anciens dignitaires de l'armée et de la marine, dont les deux dictateurs Jorge Rafael Videla, âgé de 85 ans, déjà condamné en décembre 2010 à la perpétuité pour violation des droits de l'homme, et Reynaldo Bignone. Ils sont accusés de vol, enlèvement et usurpation d'identité de mineurs de moins de 10 ans. Un délit considéré comme un crime contre l'humanité.

Des condamnations pour vols de bébés par des militaires ont déjà eu lieu par le passé, mais cette fois « il s'agit de juger l'existence d'un plan systématique d'appropriation d'enfants de disparus, imaginé et dirigé par l'État », explique Alan Lud, l'avocat de l'association des Grands-Mères de la place de Mai.

Quelque 300 témoignages vont ainsi permettre de reconstituer les naissances en captivité dans les maternités clandestines qui fonctionnèrent dans les centres d'extermination de Campo de Mayo, du Vesuvio ou de l'Esma, le plus tristement célèbre, où plus de 5000 personnes furent torturées avant d'être jetées vivantes depuis des avions militaires dans les eaux du Rio de la Plata.

Un chemin long et douloureux

On estime que 500 bébés ont ainsi été dérobés à leur famille, donnés à des militaires ou à leurs proches. Jusqu'à présent, 102 enfants ont retrouvé leur véritable identité, grâce aux recherches patientes des Grands-Mères de la place de Mai et aux prélèvements d'ADN, rendus obligatoires depuis 2009.

Mais pour ces jeunes adultes, le chemin à parcourir est souvent long et douloureux. Certains ont grandi en doutant de leurs origines. Comme Horacio Pietragalla Corti. Après l'assassinat de sa mère en 1976 quand il avait six mois, il a été donné par un militaire à son employée de maison qui ne pouvait plus avoir d'enfants. Très grand, les cheveux bouclés, il demandait toujours à ses parents pourquoi il était si différent. Il a récupéré sa véritable identité en 2003 et retrouvé les dépouilles de ses parents.

D'autres refusent la vérité et continuent de défendre leur bourreau. C'est le cas d'Eva, la sœur aînée de Victoria Donda, élevée par son oncle, Adolfo Donda. Ce dernier est accusé d'avoir fait enlever et disparaître son propre frère et sa belle-sœur, tous deux militants d'extrême gauche.

Très médiatisé aussi, le cas de Marcela et Felipe Noble, les enfants adoptifs de la propriétaire de Clarin, le groupe de presse le plus puissant d'Argentine. Soupçonnés depuis dix ans par les associations de défense des droits de l'homme d'être des bébés volés sous la dictature, les héritiers multiplient les entraves pour éviter de se soumettre à un prélèvement d'ADN. Ils se disent « persécutés pour des raisons politiques ». Leur mère a clairement pris parti contre le gouvernement actuel.

« Nous respectons le sentiment de chacun de ces enfants envers ceux qui les ont élevés. Il est normal que certains d'entre eux continuent de les aimer. Mais ces “parents” sont des criminels qui les ont privés de leur identité et de leur liberté. La justice doit les juger et les condamner comme tels », explique Estela de Carloto. La présidente des Grands-Mères de la place de Mai va également témoigner dans ce procès alors qu'elle recherche toujours son petit-fils, Guido, né en 1978 peu de temps après l'assassinat de sa mère Laura Estela.

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