Si l'ordonnance du 23 février 2011, ci-après, lève effectivement l'état d'urgence dans le pays, la loi en préparation annoncée, pour y suppléer dans le cadre particulier de la lutte contre le terrorisme, n'a pas encore révélé son contenu. Tout laisse craindre en effet que cette dernière en amortira totalement les effets.
En vérité, les Algériens attendent de la dictature en place, qui fait hypocritement ce geste dans l'unique but de montrer au monde extérieur sa soi-disant disposition à l'"ouverture", qu'elle libère le droit à l'expression libre, qu'elle cesse de bâillonner la presse, l'édition, le cinéma, le théâtre; qu'elle ouvre l'accès libre à la création de médias, telles que des chaînes de télévision privées, des radios, des journaux, etc.; qu'elle cesse les écoutes téléphoniques, l'interception de courrier, les blocages d'Internet, etc.; qu'elle permette la création libre de partis politiques, d'associations syndicales, patronales, etc.
Enfin, et c'est aussi important, le peuple veut exprimer librement ses volontés dans la rue, lors de manifestations pacifiques comme celles organisées ces dernières semaines mais réprimées sauvagement par des dizaines de milliers de policiers; qu'il ait le droit enfin de dire à Boutef : "Dégage" et qu'il puisse le juger sereinement sur tant de crimes qui lui sont reprochés. N'oublions pas qu'il est le premier responsable des 126 morts de Kabylie en 2001; qu'il est toujours poursuivi par la Cour des comptes pour le détournement de 12 milliards du temps où il était à la tête du ministère des Affaires étrangères. Et 12 milliards de l'époque c'est 100 fois plus aujourd'hui...
Voici le texte de l'ordonnance annoncée plus haut :
Ordonnance n° 11-01 du 20 Rabie El Aouel 1432 correspondant au 23 février 2011 portant levée de l'état d'urgence.
Le Président de la République,
Vu la Constitution, notamment ses articles 91 et 124 ;
Vu le décret législatif n° 93-02 du 6 février 1993 portant prorogation de la durée de l'état d'urgence ;
Vu le décret présidentiel n° 92-44 du 9 février 1992, complété, portant instauration de l'état d'urgence ;
Le Haut conseil de sécurité réuni; Le président de l'Assemblée populaire nationale, le président du Conseil de la Nation, le Premier ministre et le président du Conseil constitutionnel consultés; Le Conseil des ministres entendu;
Promulgue l'ordonnance dont la teneur suit:
Article 1er - Est abrogé le décret législatif n° 93-02 du 6 février 1993 portant prorogation de la durée de l'état d'urgence instauré par le décret présidentiel n° 92-44 du 9 février 1992.
Art. 2 - La présente ordonnance sera publiée au Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire.
Fait à Alger, le 20 Rabie El Aouel 1432 correspondant au 23 février 2011.