Madagascar en proie à une agitation populaire

L'on chiffre à 40 morts, au moins, le bilan des échauffourées qui ensanglantent Antananarive, depuis les dernières quarante-huit heures. 25 victimes ont été relevées complètement calcinées dans un grand magasin, où elles auraient été prises au piège d'un incendie fomenté par les pillards. Dans une prison, un détenu a été tué et dix de ses camarades blessés, par suite d'une mutinerie déclenchée dans le sillage de ces mêmes troubles.

Des manifestants, répondant à l'appel du maire de la capitale, chef de file de l'opposition, ont investi les rues avant de s'en prendre aux bâtiments de la télévision d'Etat. Après les avoir saccagés, ils les ont incendiés, d'où les affrontements sanglants avec les forces de l'ordre.

A l'origine, Andry Rajoelina, le maire, a appelé, lundi dernier, à la grève pour protester contre le président Ravalomanana, accusé, selon Le Figaro, de "dérive autocratique". Le chef de l'Etat avait en effet ordonné la fermeture de la chaîne de télévision privée Viva, propriété personnelle du maire, pour avoir diffusé un entretien avec Didier Ratsiraka, ancien président actuellement en exil en France. Rajoelina a estimé là que son adversaire politique faisait preuve de "dictature" et de "censure".

Il n'en fallait pas davantage à tous les mécontents drainés par l'appel du maire pour manifester dans la rue contre le président en exercice. Ils s'en sont pris non seulement à l'immeuble de la télévision d'Etat mais aussi à des magasins privés qu'ils ont pillés et incendiés.

Des appels à la retenue viennent d'être faits par le ministre français des Affaires étrangères qui prend soin de préciser que son pays garde cependant une position tout à fait impartiale dans ce conflit.

On parle désormais de 68 voire de 80 morts dans les affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants ayant répondu à l'appel du maire d'Antananarive. Tous ces décès ne concernent pas seulement la capitale, puisque d'autres villes de l'intérieur ont été également secouées par les émeutes de ces derniers jours.

42 personnes ont perdu la vie dans la capitale, dont 30 dans l'incendie d'un grand magasin, sa toiture ayant cédé sur les pillards. 16 morts ont été recensés à Toliara, au sud-ouest du pays, dont 11 des suites d'une électrocution. D'autres victimes ont été également relevées dans d'autres villes de l'île.

Le couvre-feu a été mis en place dans toutes les cités atteintes par les émeutes. Néanmoins, il semble que le calme soit revenu en cette fin de journée.

Le journal Le Figaro publie, dans son édition d'aujourd'hui, une interview accordée par un spécialiste des questions malgaches, Jean Fremigacci. Ce dernier éclaire sous un jour nouveau le rapport des forces que se disputent les Malgaches, toujours en proie, comme partout ailleurs, à un régime dictatorial qui s'éternise... La voici, dans son intégralité.
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Le Figaro - La crise qui secoue Madagascar depuis plusieurs semaines vous surprend-elle ?

Jean Fremigacci : Pas vraiment. A Madagascar, il ne se passe pas une décennie sans crise majeure. C'est inscrit dans l'histoire du pays. J'irai même jusqu'à dire qu'à Madagascar, l'état normal c'est l'état de crise chronique. Politiquement, le pays n'a jamais vraiment été stable.

Pourquoi l'histoire se répète-t-elle ainsi ?

Parce qu'au final, les partis au pouvoir répètent toujours les mêmes erreurs. A Madagascar, de façon systématique, le parti du président devient le parti unique. A chaque président, la même politique : il se met en place toute une oligarchie qui profite de sa domination pour mettre la main sur les secteurs juteux du moment. Résultat : le fossé se creuse entre cette classe et la masse, qui elle, pendant ce temps-là, croupit dans une misère grandissante.

Au moment de son élection, pourtant, en 2001, Marc Ravalomanana promettait un certain libéralisme…

Oui, et, des années après, on se rend compte qu'il a fait comme tous les autres, il a trahi ses promesses. Il ne faut pas être dupe : Ravalomanana, c'est une sorte de Berlusconi tropical. Il ne faut pas oublier d'où il vient : il a commencé dans la vie en étant patron d'une société de production laitière, baptisée «Tiko». Il a ensuite acquis une chaîne de télévision. Cet homme a accédé au pouvoir car il était un vrai businessman, pas tout blanc d'ailleurs. Il a des connexions partout. D'ailleurs, ses adversaires surnomment l'île «Tikoland», en référence à sa marque. Cela montre bien de quelle façon le président dirige le pays... et ses finances.

A partir de quel moment les Malgaches ont-ils commencé à protester ?

Entre 2003 et 2007, il y a eu une réelle croissance sur l'île. Mais les Malgaches n'en ont pas vu la couleur : tous les profits ont été concentrés dans les mains de quelques uns : le président, et toute l'oligarchie qui est derrière lui. Mais ce qui a fait déborder le vase, ce sont les affaires de « Force One » et de « Daewoo », qui ont fait perdre toute légitimité au président. « Force One », c'est un Boeing qu'a acheté le président pour un montant de 60 millions de dollars ; une fois de plus on ne sait pas trop qui l'a payé. Et « Daewoo », c'est une société coréenne à laquelle le président a accepté de louer pour un bail de 99 ans 1,3 million d'hectares de terres malgaches. Or dans l'esprit des malgaches, il est impossible de céder des terres de l'île à des étrangers. Ces deux affaires ont réellement scandalisé l'opinion publique.

Pour beaucoup, du coup, le maire de la capitale incarne un nouvel essor…

Personnellement je n'y crois pas. Andry Rajoelina est, tout comme le président, un businessman avant tout, grâce notamment à la société de communication qu'il a montée il y a quelques années. Mais l'aura de Rajoelina s'arrête aux limites de la capitale. Le maire n'a pas l'étoffe, ni le réseau nécessaire, pour renverser le pouvoir et fonder un nouveau gouvernement. Je pense sincèrement que sa demande de destitution du président a été une grosse erreur politique.

Donc selon vous, le président va rester au pouvoir ?

Je pense, oui, que Ravalomanana va rester président, même s'il a perdu toute crédibilité aux yeux des Malgaches. La situation va rester tendue quelques semaines, puis va se calmer. C'est pour ça que je suis tenté de parler d'une crise chronique, qui, de temps en temps - comme en ce moment - connait des accès aigus. Tout va continuer comme avant. Sauf la misère sociale, qui, elle, va continuer de progresser, comme toujours…
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Après une courte accalmie, les violences ont repris à Antanarive. Mené par le maire démis de ses fonctions, Rajoelina, le mouvement de contestation du régime en place a repris samedi. Les manifestants s'étant rapprochés du siège de la présidence de la République, pour tenter d'en déloger le maître des lieux, Ravalomanana, des policiers leur ont tiré dessus, causant 28 morts et 212 blessés.

Rajoelina, toujours sûr de lui, pousse les manifestants à imposer à tout prix le changement, autrement dit le départ du président en exercice. "Moi je dis à la population que leur vie, leur sang qui a coulé, on ne peut pas les laisser tomber. La lutte continue", a menacé Rajoelina, avant d'en appeler "à la communauté internationale et aux Eglises qui sont témoins de la tuerie d'hier".

Ravalomanana appelle, lui, au calme et au rétablissement de l'ordre. Il faut dire aussi que, pendant que la foule tentait d'envahir les locaux de la présidence, des pilleurs faisaient leur ravage dans les magasins et autres locaux abandonnés à leur triste sort.

L'ex maire d'Antanarive, Andry Rajoelina ne désarme pas. Apparemment sûr de son fait, il engage un tour de force avec le pouvoir en place en tentant de placer ses propres "ministres" à la tête des ministères.

Il n'invente rien, en vérité. Il ne fait que copier ce qui a réussi à l'actuel président Ravalomanana, qui a usé, en 2002, du même stratagème pour chasser son prédécesseur Didier Ratsiraka.

Ce qui le conforte encore dans son projet, c'est surtout la manipulation dont il annonce avoir été l'objet. Selon ses propres déclarations, rapportées par le journal Le Monde : "Les gens du pouvoir m'ont proposé de l'argent, 15 milliards de francs malgaches un peu plus d'un million d'euros la semaine dernière pour que je quitte le pays. Je leur ai dit que c'était honteux."

Si le fait est avéré, il est permis de penser que les accusations de pillage et de viol dont Rajoelina charge Ravalomanana ne seraient pas dénuées de fondement.

L'agitation qui se poursuit à Madagascar a conduit l'armée à prendre officiellement position. Elle se déclare disposée à intervenir, au cas où la situation dégénérerait, pour rétablir l'ordre et « prendre les responsabilités pour faire fonctionner les affaires nationales, pour préserver les intérêts supérieurs de la Nation et l’unité nationale ».

L'on dit, en effet, le principal opposant Andry Rajoelina réfugié à l'ambassade de France, après avoir laissé entendre qu'il se plaçait sous la protection de l'ONU. Paris n'a ni confirmé ni infirmé l'information jusqu'ici.

Du coup, des centaines de manifestants pro-Ravalomana se sont regroupés devant la représentation française pour exiger la levée de la protection offerte à l'ancien maire de Tananarive. Ils ont été, bien sûr, dispersés, mais les tensions entre les deux camps sont restées vives.

C'est jeudi soir que Rajoelina a quitté son domicile, où les forces de police tentaient de l'arrêter. Et aujourd'hui, il doit en principe être transféré à l'évêché de la capitale malgache, mais l'on craint qu'il soit arrêté à cette occasion.

L'agitation prend désormais une autre tournure beaucoup plus inquiétante avec la sédition de forces militaires qui prennent désormais position à Antananarive. Un tel retournement de situation faisant craindre l'imminence d'une guerre civile explique d'ailleurs l'ordre de repli adressé par Washington à ses ressortissants installés à Madagascar.

Face à une telle menace "Le président appelle le peuple de Iavoloha [dans les faubourgs d'Antananarivo] à s'organiser pour contrarier tous les mouvements de troupes de mutins vers le palais [présidentiel] afin de protéger le président et le palais", a annoncé la radio privée du chef de l'Etat malgache.

Le porte-parole des mutins, le colonel Noël Rakotonandrasa, considère, lui, que la sortie des chars s'inscrit dans le cadre d'une mesure stratégique de précaution : "Les chars doivent permettre d'intercepter tous les mercenaires qui viendraient ici".

Les choses se gâtent donc à Madagascar. Et tout indique que l'on s'achemine vers des affrontements qui pousseront les autorités militaires à s'emparer du pouvoir. Il faut dire que le temps travaille aux dépens du président en exercice, Ravalomanana, qui a fait montre jusqu'ici d'une incapacité criante à faire régner l'ordre. Sachant, d'autre part, que les deux adversaires, Ravalomanana et Rajoelina, appartiennent tous deux à la nomenklatura qui a fait main basse sur les leviers économiques du pays, il y a donc fort peu de chance que l'un ou l'autre soit soutenu par le mouvement populaire dans leur quête du pouvoir. Cela place subséquemment un ponte de l'armée en position avantageuse pour présider aux destinées du pays.

Ravalomanana jette finalement l'éponge. Il se retire du pouvoir, en confirmant sa démission dans un communiqué qu'il a rendu publique aujourd'hui. Il annonce, par ailleurs, avoir transmis par ordonnance à un directoire militaire les fonctions qui étaient les siennes ainsi que celles du Premier ministre.

Selon le porte-parole de la présidence, Ravalomanana a quitté sa résidence officielle de la banlieue de Tananarive pour une destination inconnue.

Dans la confusion qui règne dans la capitale malgache, l'on ignore quid de l'armée ou de Rajoelina détient à présent les rênes de l'Etat.

L'Union africaine a exhorté, de son côté, l'armée malgache à ne pas se dessaisir de la charge qui vient de lui être confiée et moins encore de ne pas la déposer entre les mains de Rajoelina, sans quoi elle tomberait sous le coup d'une disposition condamnant les coups d'Etat militaires. L'organisation continentale, pour mettre un terme à ces derniers devenus récurrents sur le continent, a décidé il y a déjà quelques années de ne jamais reconnaître les régimes imposés par la force.

A présent, on craint qu'à la faveur du vide créé ne s'instaure une guerre civile dans le pays en proie à la misère et au marasme économique.

Rajoelina s'est finalement emparé du pouvoir, l'armée refusant de s'impliquer d'une façon ou d'une autre dans le processus de transition amorcé par le départ de Ravalomanana.

L'ancien maire de Tananarive s'engage à préparer des élections libres dans un délai de deux ans. C'est un terme trop long estiment les diplomates français qui souhaitent de larges concertations avec les forces politiques du pays.

TGV, c'est le sobriquet attribué à Rajoelina à cause de son ascension trop rapide dans l'échelle sociale, promet d'ores et déjà de s'occuper du côté social des Malgaches, en faisant baisser par exemple les prix des denrées alimentaires, en revendant l'avion présidentiel dit "Force one" pour construire un hôpital, etc.

Tandis que de toutes parts les exhortations au calme et à la retenue se multiplient à l'adresse des dirigeants malgaches, l'on continue de redouter des développements regrettables pouvant mettre le feu aux poudres. L'âge très jeune, 34 ans, du nouveau président, connu pour être un simple disc-jockey à l'origine, fait craindre notamment l'immixtion de clans mafieux dans le domaine politique pour lui donner une autre dimension plus déplorable encore aux dépens du peuple malgache.

Le jeune dandy propulsé à la tête de l'Etat malgache, Andry Rajoelina, se place lui-même dans une situation peu confortable, désormais. Il a dissous trop vite, et sans consultation apparemment, le Parlement, révélant ainsi un talent de dictateur en herbe, qui est loin de lui attirer le soutien de la communauté internationale.

Et ce n'est pas tout ! Constitutionnellement d'abord, n'ayant pas atteint l'âge légal de 40 ans pour exercer les fonctions de chef de l'Etat, Rajoelina se trouve en infraction directe à la loi. Ensuite, le monde extérieur, qui a hâte de connaître son projet et ses ambitions, reste défiant à son égard. Il préfère se maintenir quelque temps encore dans l'expectative, le temps de voir venir. Peu satisfait par la surprenante passe d'armes qui l'a fait émerger en un tournemain, il ne saurait être question de lui accorder son soutien, du moins dans l'immédiat. Washington, tout particulièrement, ne juge pas seulement "peu démocratique" le transfert de pouvoir qui a profité à l'ancien maire de Tananarive mais s'apprête à suspendre son aide non humanitaire au pays.

L'Union africaine vient, elle aussi, de réagir dans le sens contraire des attentes de Rajoelina : "Le conseil estime que ce qui s'est produit à Madagascar entre dans la définition d'un changement de gouvernement non constitutionnel", a déclaré l'ambassadeur du Burkina Faso, Bruno Nongoma Zidouemba, président du conseil de sécurité de l'Union. "Le conseil a donc décidé de suspendre la participation de Madagascar aux instances et organes de l'UA", a-t-il ajouté.

Roindefo Monha, chef du gouvernement transitoire nommé par Rajoelina, a rétorqué, bien sûr, qu'il plaiderait le cas de son pays devant l'U.A. et la communauté internationale. "Qu'ont-ils à dire à propos d'une lutte pour la liberté et la démocratie ? Quel crime a été commis ?" s'est-il interrogé. "Nous expliquerons notre cause au monde entier (...). Le peuple a réclamé la liberté et les militaires se sont ralliés au mouvement populaire mais n'ont pas pris le pouvoir (...). Nous sommes sûrs que la communauté internationale comprendra", a-t-il indiqué. Mais tout cela ne suffit pas. Le monde attend des gages de bonne volonté autrement plus concrets et s'inscrivant dans le sens démocratique impliquant un respect strict des règles internationales communément admises.

Le Tchèque Karel Shwarzenberg, ministre des Affaires étrangères de son pays, lequel assure actuellement la présidence de l'Union européenne, a estimé, hier, à propos de Madagascar, que : "Il y a eu un coup d'Etat, ce n'était pas une élection démocratique." Aussi, prévient-il : "Pour le moment, nous allons adopter une approche prudente, nous allons voir comment les choses évoluent", en citant "l'exemple de la Mauritanie".

De son côté, la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) s'est refusée de reconnaître le nouveau régime installé à Tananarive.

Tributaire à 70 % de l'aide internationale, Madagascar aura sans nul doute fort à faire pour surmonter son blocage qui se dessine tant du côté des USA que de l'U.E, les principaux pourvoyeurs.

Rajoelina, qui a prêté serment aujourd'hui devant des milliers de partisans, devrait d'autant plus s'en inquiéter que la communauté internationale semble lui avoir unanimement tourné le dos : il n'y avait aucun ambassadeur présent à la cérémonie de ce matin. Apparemment, aucun pays ne veut cautionner cette espèce nouvelle de pronunciamiento qui risque de faire taille d'huile dans un continent encore en gestation.

Comme pour le dernier coup d'Etat mauritanien, la communauté internationale réagit, non sans lenteur peut-être mais avec de plus en plus de fermeté, contre l'éviction plutôt musclée de Ravalomanana à Tananarive.

Elle en a donné d'ailleurs la preuve cinglante en refusant de faire acte de présence à l'occasion de la prestation de serment organisée hier matin. Aucun diplomate étranger n'avait osé se rendre à la cérémonie.

Après les Etats-Unis, c'est l'Europe tout entière qui déplore à l'unisson l'arrivée au pouvoir de Rajoelina, non par les urnes, mais quasiment par la force, puisque c'est l'armée qui l'a placé à la tête de l'Etat. L'Union africaine, la SADC et de nombreux chefs d'Etat africains ont abondé dans le même sens pour condamner sans équivoque cette espèce de coup d'Etat déguisé.

Cette situation place désormais Rajoelina dans ses petits souliers, d'autant qu'il a commis la grosse gaffe de dissoudre immédiatement le Parlement, une décision lourde de sens qui ne milite pas en sa faveur.

Dans un pays vivant principalement de subsides extérieurs, l'armée elle-même porte une grave responsabilité dans son appui, quand bien même fût-il donné du bout des lèvres, à l'ancien disc-jockey. Ce qui était un jeu, peut-être au départ, se transforme graduellement, à présent, en une espèce de conflit latent susceptible de diviser dangereusement cette même armée. Et ses plus grands chefs regretteront toujours de n'avoir pas su se mettre à la hauteur de la situation créée ; ils s'en voudront aussi d'avoir, directement ou non, prêté le flanc à un mouvement, sans assises et spontané, de jeunes bien souvent inconscients et incapables de mesurer les conséquences de de leurs actes.

Contre les dix ou vingt mille manifestants qui s'étaient regroupés aujourd'hui, pour la deuxième ou troisième journée consécutive, sur la "Place de la démocratie", afin de protester contre le régime illégal en place de Rajoelina, l'armée, appelée à la rescousse, a tiré sur la foule. Des bombes lacrymogènes ont été utilisées mais aussi des balles réelles. Ainsi, une trentaine de blessés dont certains atteints par balles ont été dénombrés, selon les agences de presse.

Ce que la communauté internationale redoutait fortement jusqu'ici voit le jour désormais. Rajoelina s'est servi du peuple comme marche-pied pour atteindre le sommet de l'Etat. A présent qu'il y est, il n'a d'autre souci que de mépriser ce dernier, répétant ainsi les erreurs grossières de ses prédécesseurs.

Quant à Ravalomanana, qui serait à l'origine de ces manifestations, il s'est réfugié au Swatziland dans un premier temps avant de se rendre en Afrique du Sud, où il compte obtenir l'asile politique.

Après une certaine période d'accalmie, les manifestations contre le régime de Rajoelina ont repris ce matin.

Elles ont été cependant réprimées par la force publique et l'on déplore un mort et treize blessés dont cinq grièvement, parmi les manifestants.

Le cadavre est exposé à la morgue de l'hôpital principal de la capitale, le HJRA, a-t-il été constaté. Mais l'on ne sait si la mort est due à une balle ou à un autre objet qui a touché la victime à la tête.

Au cours de l'après-midi, les forces de l'ordre, à coups de bombes lacrymogènes et de tirs de sommation, ont encore dispersé des groupes de manifestants se disant partisans de Ravalomanana, le président déchu.