Jean Dutourd est mort

L'écrivain Jean Dutourd nous a quittés, annonce une dépêche de l'AFP. Il avait tout juste 91 ans.

Né à Paris, le grognon académicien s'était distingué par ses attaques récurrentes contre la médiocrité de l'époque, la bêtise, la mode, etc. "Nous sommes, sans aucun doute, beaucoup plus bêtes aujourd'hui qu'il y a cent ans. Et d'une toute autre bêtise, expliquait-il. Celle du XIXè siècle était cartésienne... C'était une bêtise d'idées. Aujourd'hui, il n'y a plus d'idées, la bêtise est toute nue, fondée sur le vocabulaire : on dit n'importe quoi, du charabia, des choses qui n'ont pas de sens", disait-il.

Cet ancien résistant, admirateur du général de Gaulle, qui avait fondé le mouvement Libération-Sud et s'était évadé par deux fois des geôles nazies, a obtenu le prix Interallié 1952 pour Au bon beurre, un ouvrage où il fustige l'appât du gain et les petitesses d'un couple d'épiciers petits bourgeois durant l'occupation.

L'auteur très prolifique qui compte plus de 70 ouvrages dont les Taxis de la Marne (1956), la Demi-solde (1964), le Printemps de la vie (1972) était aussi chroniquer chez France-Soir de 1963 à 1999, décrochant durant ce temps, en 1978, un fauteuil à l'assemblée des immortels. Il dispute la vedette, dans les années quatre-vingts, sur le petit écran ou à la radio, à Jean d'Ormesson, un collègue de l'Académie française.

Le monde des lettres perd en Jean Dutourd un écrivain de renom, dont Philippe Solers résume le côté éminemment élogieux : "Dans une époque de misère grammaticale, c'est agréable de trouver quelqu'un qui sait écrire".