Une crise politique grave s'annonce à Beyrouth, où le Premier ministre, Saâd Hariri, est poussé vers la porte de sortie avec la démission rendue publique aujourd'hui de onze membres de son cabinet, pendant que lui-même se trouve à Washington pour des entretiens avec Barack Obama.
Dix des ministres démissionnaires appartiennent au Hezbollah et à ses alliés et le onzième ne se réclame pas de la coalition dite du 8 mars. Et dans la constitution libanaise quand un gouvernement perd le tiers de ses membres sa chute est automatiquement prononcée.
Le différend qui sépare ces démissionnaires de leurs collègues tient aux accusations qu'entend porter contre des membres du Hezbollah le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), constitué sous les auspices de l'ONU pour juger l'affaire de l'attentat qui avait causé la mort de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri, père de Saâd qui lui a succédé à la tête du gouvernement.
Le parti du Hezbollah, qui soupçonne le TSL d'être à la solde des sionistes et des Américains et de s'appuyer sur des "faux-témoins", attendait un désaveu de ce tribunal de la part de Saâd Hariri et de sa coalition, ce qu'a toujours réfuté le Premier ministre.
Ce dernier, qui a appris à Washington le coup de force mené contre lui par les amis de Nasrallah, le chef chiite du Hezbollah, se retrouve à présent que son gouvernement est en principe tombé dans la fâcheuse position de ne représenter que sa personne devant le président américain.
Les conditions sont donc aussi réunies pour qu'une nouvelle crise aux conséquences difficilement prévisibles et maîtrisables s'empare du Liban dont on sait la grande fragilité due aux antagonismes communautaires qui se disputent le pouvoir dans le pays.