Encore une nouvelle caricature insultante

Sans être simplement un croyant, un homme en pleine possession des ses facultés mentales les plus élémentaires ne peut avoir la décence de publier une caricature représentant la tête du prophète Mohamed greffée sur le corps d’un chien.

C’est pourtant bien ce dessin ignoble qu’en Suède le journal local d’Orebro, Nerikes Allehanda, a donné à ses lecteurs, le 18 août dernier.

Pour cet acte aussi irrévérencieux que bestial, lourd non seulement de provocation mais de haine gratuite, accompli, tout semble l’indiquer, à seule fin d’indigner une population de plus d’un milliard de musulmans, il vient d’être signifié, contre son auteur, Lars Vilks, l’octroi d’une récompense de 150 000 $ à celui qui l’égorgerait. En même temps, une autre récompense de 50 000 $ est offerte à qui abattrait le directeur de la rédaction du journal responsable de ce sacrilège.

Le Cheikh Abou Omar al-Baghdadi, chef de la guérilla irakienne, qui fait cet appel au meurtre, menace, de plus, à défaut de présentation d’excuses publiques, de s’en prendre aux intérêts économiques suédois comme Ericsson, Scania, Volvo, Ikea et Electrolux.

Certes, dans l’hémisphère occidental, et tout particulièrement en Scandinavie, la liberté d’expression constitue de longue date déjà un des principaux piliers de la démocratie, mais, de grâce ! lorsque la grande majorité de l’univers s’affaire frénétiquement aujourd’hui, contre mille concessions, à éteindre l’incendie provoqué par l’intégrisme islamiste, n’est-il pas grand temps que l’on fasse au moins l’effort de ne pas confondre libertés individuelles du monde occidental avec les exigences d’une religion dont les particularismes peuvent peut-être choquer mais que ses adeptes sont aussi libres d’adopter dans les seules formes qui sont les siennes.

Pas moins de dix-sept quotidiens nationaux et régionaux danois, indique un papier paru dans Le Figaro, ont publié mercredi et en même temps une ou plusieurs des caricatures blasphématoires qui sont à l'origine des protestations véhémentement exprimées il y a quelques mois par le monde musulman.

Par ce procédé, les journaux entendent manifester ainsi leur solidarité avec l'auteur du premier dessin ayant déclenché la vague d'indignations portées, depuis l'Indonésie jusqu'au Maroc, par les adeptes de l'islam. Cet auteur qui, depuis, a failli être assassiné par des islamistes se retrouve aujourd'hui au coeur d'une nouvelle polémique créée par l'arrestation de trois musulmans qui voulaient attenter à sa vie. Les trois suspects, l'un d'origine marocaine mais de nationalité danoise et les deux autres Tunisiens, tombent, du moins pour ces derniers, sous le coup d'une expulsion possible vers leur pays d'origine que la communauté musulmane du Danemark ne semble pas prête à accepter.

Les nouvelles caricatures, quant à elles, suscitent déjà des levers de boucliers, notamment en Indonésie, et rien n'assure que les autres pays musulmans ne suivront pas dans les prochains jours en brandissant à tout le moins leurs menaces habituelles de boycotter les produits danois.

Aux Pays-Bas, marqués ces derniers temps par une islamophobie en évolution constante, les offenses faites aux minorités musulmanes, estimées pourtant à un million d'individus sur les 16 que compte le pays, sont de plus en plus accentuées, à la faveur de la liberté d'expression.

Geert Wilders, chef du VVD, le Parti de la liberté, rangé à l'extrême droite, est l'un de ceux qui alimentent les attaques contre l'islam. En comparant, tout récemment encore, le Coran à Mein Kampf, ce dirigeant populiste en vient à demander l'interdiction du livre saint. "Il faut déchirer la moitié du Coran et la jeter", assène-t-il en promettant d'apporter bientôt la preuve dans un film.

Mme Ayaan Hirsi Ali et cet homme, qui appartiennent tous deux au même parti libéral, s'accordent dans la même conviction qu'il n'y aura guère conciliation entre l'islam et la démocratie au sens occidental du terme. Et madame Hirsi n'est autre que cette dame musulmane d'origine somalienne qui s'est récemment distinguée dans la quête, en France, d'une sécurité qu'elle a fini par obtenir.

Le film sur lequel travaillait Geert Wilders, le député populiste de l'extrême droite, serait sur le point d'être mis en ligne, en cette fin de semaine, sur un site Internet, hébergé par un fournisseur installé aux USA, indique Volkstrant, repris par Le Courier international, aujourd'hui même.

D'une durée de 15 minutes, ce film prenant nom de "Fitna"' se veut être une violente diatribe contre le prophète Mohamed, chose qui ne manquera pas de susciter une fois encore des violences dans le monde musulman.

En dépit des mises en garde reçues de son gouvernement, qui mesure d'ores et déjà les conséquences pouvant résulter pour le pays et pour lui-même de la diffusion de ce film, son réalisateur s'entête à mettre tout en oeuvre pour être au rendez-vous, entrant même en négociations avec des chaînes de télévision locales et étrangères susceptibles d'en assurer le relais.

Le site Internet qui devait assurer la diffusion du film de Geert Wilders a été suspendu, le 23 mars, par son fournisseur d'accès, indique le journal Le Monde du même jour.

Le site qui était accessible à www.fitnathemovie.com donnait jusqu'à cette date une image d'un Coran sur fond noir portant la mention : "Prochainement : Fitna".

Network Solution, le fournisseur d'accès, semble en effet redouter des complications, prélude peut-être à des protestations violentes qui ne manqueront pas de secouer tout le bloc occidental, à l'exemple des graves événements qui ont suivi la publication des caricatures de Mohamed au Danemark.

Cela ne dissuade pas, évidemment, le réalisateur du film de rechercher un autre site capable de le diffuser.

Joignant le geste à la parole, le député néerlandais, Geert Wilders, 44 ans, fondateur et chef du Parti de la liberté (P.V.V) de l'extrême-droite, a finalement inséré son film dans le site liveleak.com, spécialisé dans les images d'actualité et de guerre, basé à Manchester, indique une dépêche AFP d'aujourd'hui.

Les images sur fond de violences insupportables de l'attaque des deux tours de New York, d'attentats divers à la bombe, sans doute filmés en Irak, d'exécution même d'un otage saisie en direct, sont parsemées de versets coraniques psalmodiés, ici où là, dans le monde musulman et sommairement traduits en anglais, dans le film.

"Si des musulmans se sentent insultés par de telles images, ils sont insultés par la vérité", a déclaré, avant d'ajouter : "Mon but est de montrer que l'islam représente un danger pour les Pays-Bas, un grand danger.

Même les autorités néerlandaises n'avaient pu réussir à dissuader Wilders de céder à la faiblesse de mettre en ligne ce film, foncièrement provocateur et surtout insultant pour l'islam, qui ne manquera pas de susciter une nouvelle fois encore la colère du monde musulman. Car, enfin, ouvert sur l'image d'un vilain arabe barbu, personnifiant le prophète Mohamed portant une bombe sur le crâne, le film ne saurait être qu'un nouvel appel de plus à la haine, aux émeutes, aux destructions et autres autodafés dont sont bien capables aussi les illuminés de l'intégrisme qui foisonnent désormais dans toutes les capitales mondiales.

L'Iran est le premier pays à avoir condamné ce film, en exigeant de l'U.E. qu'elle mette fin à sa diffusion.

Geert Wilders, le député, auteur du film "La Fitna", a tenu tête, des heures durant, hier, à ses collègues de la Seconde chambre néerlandaise et à trois ministres (le chef du gouvernement et les ministres de la Justice et de l'Intégration). Il s'est même estimé suffisamment soutenu par une majorité de concitoyens pour poursuivre ses attaques contre l'islam, au nom duquel "on entend dominer le monde", a-t-il souligné.

Au nom de la liberté d'expression, il a déclaré être dans son droit de critiquer le Coran et de demander même son interdiction.

Il s'en est pris par ailleurs au Premier ministre qui aurait tenté d'interdire le film en cause sans même s'être donné la peine d'en regarder le contenu au préalable.

Ses collègues, qui étaient nombreux à ne pas partager ses idées, ont tenté vainement de lui faire entendre raison, notamment en se refusant d'assimiler tous les musulmans à des terroristes ou encore en ne prêtant pas le flanc à des provocations ayant pour effet de "justifier le djihad".

Toujours offensif, Gilders aurait rétorqué qu'il ne comprenait plutôt pas une attitude où l'on refuse "de se mobiliser pour défendre les valeurs chrétiennes face à l'islam".

Entretemps, des agités occupent les rues de Djakarta en Indonésie, d'Amman en Jordanie et de Téhéran en Iran pour crier haro sur des atteintes insupportables faites au prophète des musulmans.