Il est établi que la Chine, par bouchées doubles, continue de rattraper son retard technologique dans un grand nombre de domaines, y compris dans ceux les plus évolués dits de pointe. Tout au long de ces vingt ou trente dernières années, les efforts fournis par ses scientifiques demeurent, sans conteste, à la hauteur de l'avancée économique magistrale reconnue à ce pays qui s'ouvre désormais à un vaste champ scientifique et technique.
Si dans le domaine militaire les progrès enregistrés au plan nucléaire en particulier ne laissent pas planer de doute quant aux capacités de Pékin de maîtriser l'atome, par contre en matière d'armement conventionnel ses retards s'amenuisent certes par rapport aux principaux producteurs comme les USA ou la Russie mais il souffre toujours d'un certain handicap. Ce dernier est dû principalement à la plus grande maîtrise des technologies de pointe par ces mêmes pays qui, ne l'oublions pas, avaient une avance dix ou vingt fois supérieure à celle qui les sépare aujourd'hui de la Chine sortie quasiment du néant il y a trente ou quarante ans.
En mettant au point son avion de chasse de 5è génération, Pékin suscite néanmoins une vive curiosité de la part des spécialistes capables d'établir la comparaison entre cette réplique souffrant bien sûr d'un inévitable retard technologique et les avions originaux fabriqués en Occident ou en Russie.
Le résultat de cette comparaison nous est fourni ci-après dans un article qui lui est consacré spécialement par Ria Novosti.
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RIA Novosti - 30/12/2010
Par Ilia Kramnik,
La Chine a lancé les essais de son propre chasseur de cinquième génération: telle est la conclusion des experts et des amateurs qui ont pris connaissance de photos floues, prises sur la voie de roulage, du nouvel avion de chasse chinois
(http://china-defense.blogspot.com/2010/12/chinese-stealth-in-plain-sight-curious.html)
L’avion, habituellement désigné comme J-20, est censé concurrencer l’américain F-22 et le russe T-50.
A quel point la Chine est-elle prête à construire son propre avion de combat de cinquième génération? Que peut-on dire actuellement de l’appareil chinois?
L’avion est déjà largement qualifié de croisement des projets russe et américain de chasseur de cinquième génération, même si la réalité est plus complexe.
Au cours des 20 dernières années, la Chine a créé des avions de combat en coopération étroite avec la Russie. En l’occurrence, il s’agit donc d’une tentative de créer un appareil original en utilisant le savoir-faire issu de cette coopération plutôt que de combiner des solutions technologiques empruntées.
Le succès du nouvel avion chinois dépendra de plusieurs facteurs, dont voici les éléments-clefs:
Le moteur
On ignore tout du moteur dont l’avion chinois est équipé. On estime que l’appareil produit en série sera propulsé par le moteur prometteur WS-15 développant une poussée de plus de 18.000 kilogrammes-force, toutefois ces moteurs n’ont pas dépassé le stade de projet. Qui plus est, la Chine n’a toujours pas réussi à copier et à lancer la fabrication indépendante des moteurs AL-31F qui remontent au début des années 1980 et qui équipent les avions russes Soukhoï Su-27 et leurs différentes versions. Les moteurs pour les Soukhoï de fabrication chinoise sont livrés par la Russie en kit, et les Chinois ne font que les assembler et les ajuster.
Les moteurs russes sont également utilisés pour les chasseurs J-10. Le WS-10 chinois, équivalent du russe AL-31F, n’a toujours pas réussi à égaler son prototype soviétique en termes de longévité.
Les matériaux
La question des matériaux est tout aussi cruciale. L’une des particularités des chasseurs de cinquième génération est leur faible signature radar, inaccessible sans l’utilisation de matériaux composites. Or, l’industrie aéronautique chinoise ne s’est pas encore distinguée par leur utilisation à grande échelle. La question de savoir si la Chine est capable de concevoir et de fabriquer des matériaux composites modernes pour les avions reste ouverte.
La radioélectronique
En Chine, les armes radioélectroniques, avant tout les radars, posent les mêmes problèmes que les moteurs: les échantillons chinois restent nettement inférieurs à leurs analogues russes, européens et américains, bien que l’écart diminue progressivement. Par conséquent, la Chine se voit obligée de poursuivre les importations d'équipements radioélectroniques.
A l’heure actuelle, les russes Soukhoï Su-30MKK disposent des meilleurs radars parmi les chasseurs chinois, et le futur radar du chasseur chinois sera probablement élaboré à partir du détecteur électromagnétique russe. On ne peut qu’émettre des hypothèses quant à la différence de son potentiel par rapport aux radars prometteurs conçus en Russie ou aux États-Unis.
Les armes
Les armes guidées utilisées par l’armée de l’air chinoise sont principalement copiées sur les prototypes américains, israéliens et russes des années 60, 70 et 80 du siècle dernier. La mise au point par la Chine d'armes de nouvelle génération nécessiterait beaucoup de temps quand bien même le pays achèterait des prototypes finis à l’étranger, d’autant plus que les principaux producteurs d'armes modernes, notamment celles destinées à l’aviation militaire, sont de moins en moins enclins à partager des technologies prometteuses avec la Chine.
Le résultat
Une régularité se manifeste clairement depuis les années 1970: la Chine crée les premiers prototypes de ses avions de chaque génération avec 15 à 20 ans de retard par rapport aux leaders mondiaux de l’industrie aéronautique. Ce fut le cas des appareils de troisième et quatrième générations, il en ira sans doute de même pour les avions de cinquième génération: le chinois J-20 fera son apparition avec près de 20 ans de retard par rapport à l’américain YF-22 (prototype du F-22A produit en série), 17 ans plus tard que le russe MiG-1.44 et 14 ans plus tard que le russe S.37 (Soukhoï Su-47).
Le nouvel appareil chinois servira-t-il de prototype pour une série (auquel cas le chasseur chinois de cinquième génération serait susceptible d’apparaître dès la prochaine décennie) ou ne restera-t-il qu’un fleuron des technologies pour ne donner naissance à une série que dans une quinzaine, voire dans une vingtaine d’années? La question reste ouverte.
En revanche, il est possible de définir dès maintenant le créneau du marché mondial qui constituera l’apanage du nouvel avion chinois. Compte tenu de la pratique chinoise traditionnelle, la Chine créera probablement un équivalent suffisamment fonctionnel des avions "sérieux" de cinquième génération pour les commercialiser en Asie centrale, au Proche-Orient, en Amérique latine, en Asie du Sud-est et auprès des clients africains les plus solvables à des prix deux à cinq fois inférieurs à ceux des concurrents russes et américains.
Il n’est point exclu que les J-20 destinés aussi bien à l’exportation qu’à équiper l’armée de l’air chinoise se voient dotés de matériel et d’armes étrangères, notamment russes. Qui plus est, il est presque certain qu’au cours des vingt ou trente prochaines années au moins la Chine se verra contrainte de poursuivre les achats d'avions modernes à l’étranger. Malgré tous les succès dont l’industrie aéronautique chinoise peut se targuer au cours des vingt dernières années, l’écart technologique entre la Chine et les leaders mondiaux n’a fait que diminuer légèrement, sans pourtant disparaître.