Un bras de fer bien surprenant oppose le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, au corps des magistrats.
À l'origine, la condamnation, hier, de sept policiers à un an de prison ferme pour avoir menti dans leur procès-verbal, suite à une interpellation musclée d'un délinquant dans la rue, a provoqué l'ire du ministre, que l'on sait par ailleurs trop empressé de "faire du chiffre", autrement dit de présenter un bilan élogieux de sa campagne contre l'insécurité devenue un fléau dans certaines villes de France.
Or, pour les magistrats, "
Le métier de la police n'est pas de faire des faux et de frapper des suspects. Ces faux auraient pu conduire une personne en cour d'assises où elle encourait la réclusion à perpétuité", observe le président de l'Union syndicale des magistrats, Christophe Régnard.
Le 9 septembre dernier, les policiers en cause avaient, dans leur rapport, imputé à un délinquant qu'ils poursuivaient, avant de le rouer de coups à terre, les blessures de l'un d'eux reçues en réalité lors d'une collision avec une autre voiture de police.
Le corps des policiers, que le verdict a naturellement indisposé, s'est aussitôt enflammé : "
Au-delà des sept policiers de Bobigny qui ont fauté , ce sont bel et bien tous les policiers de France qui prendront ce verdict incroyable comme un camouflet à leur encontre et un nouvel appel à la haine venant de magistrats", a estimé Synergie-officiers dans un communiqué.
Mettant de l'huile sur le feu, le ministre de l'Intérieur a, de son côté, estimé le verdict "disproportionné", apportant ainsi un soutien franc et direct à la police, une position estimée "ahurissante" par le syndicat des magistrats.
Certes, le parquet a fait appel du jugement rendu pour calmer l'atmosphère d'une part et éviter aux condamnés de se faire arrêter et emprisonner, mais les attitudes abusives tant du ministre que du préfet Lambert, qui a pris le relais pour défendre les condamnés, ne laissent de surprendre. L'ex garde des sceaux socialiste, Marylise Lebranchu, a d'ailleurs fermement condamné la manifestation des policiers et déploré le comportement de Hortefeux : "
Le ministre de l'Intérieur doit prendre des sanctions immédiates contre ceux qui viennent de mettre en cause publiquement la justice, alors qu'ils sont dépositaires de l'autorité publique", a-t-elle déclaré dans un communiqué, dénonçant une"
critique permanente de la justice de la part des autorités".
avec JDD
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