Échaudés sans doute par la crise financière internationale qui a durement secoué les USA où l'affaire des "subprimes" leur a fait sûrement perdre beaucoup d'argent, les royaumes pétroliers arabes sont visiblement à la recherche permanente de secteurs économiques plus sûrs pouvant recevoir leurs surplus de pétrodollars. Ils investissent dans des immeubles de luxe, comme les hôtels renommés, dans les capitales occidentales, ils prennent des parts dans des sociétés industrielles par l'entremise de la Bourse, etc. Voici qu'à présent ils s'intéressent curieusement au secteur nucléaire, sachant pertinemment pourtant que Téhéran, qui les a précédé du temps de l'ancien régime, n'avait tiré aucun profit de ses participations en France où il s'était considérablement engagé.
Comme ils semblent s'y accrocher sérieusement - le Koweit investit, comme le montre l'article suivant, 900 millions d'euros chez Aréva, une entreprise quasiment publique censée fonctionner même à perte pour alimenter les dizaines de centrales nucléaires françaises -, la question qui se pose immédiatement à l'esprit est de savoir pourquoi un tel engouement si subit ? D'autant plus que l'Arabie saoudite, agitée par la menace iranienne, semble nourrir elle aussi des prétentions à la maîtrise de l'atome, un tel rapprochement de la firme Aréva par le Koweit ne semble guère anodin.
De plus, l'intérêt également du Qatar - comme indiqué ci-après - pour Aréva, mais dont l'offre a été rejetée à cause de sa prétention, jugée inacceptable, à vouloir prendre part aux activités minières de cette entreprise, n'est pas sans surprendre. S'il est vrai que ni le Koweit, ni le Qatar, ni même l'Arabie saoudite ne peuvent nourrir l'ambition de se projeter dans la course atomique, dans un tel cas que veulent-ils, au juste ?
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Le Koweït et l'État français apportent 900 millions d'euros à Areva
Le fonds souverain de l'État du Golfe apportera les deux tiers de la somme et la puissance publique le reste.
Le Point - Source AFP - 10.12.2010
La recapitalisation d'Areva est sur les rails après des mois de tergiversations : le Koweït et l'État français vont apporter 900 millions d'euros au groupe nucléaire public, loin des objectifs fixés initialement, en attendant un éventuel nouveau tour de table au printemps 2011. Le ministère de l'Économie a annoncé, vendredi, l'aboutissement des discussions avec le dernier investisseur encore en lice, le fonds souverain du Koweït (KIA).
Ce dernier va apporter 600 millions d'euros d'argent frais au mastodonte français du nucléaire, prenant une participation de 4,8 % à son capital, aujourd'hui détenu à plus de 93 % par l'État. Les pouvoirs publics apporteront, eux, 300 millions d'euros à cette levée de fonds, afin de pallier le manque d'investisseurs.
L'Élysée refuse le Qatar
Initialement, le fonds souverain du Qatar et le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) devaient également participer à l'opération, mais ils ont été écartés du tour de table in extremis. La participation de MHI a été jugée contraire aux intérêts des deux autres champions français du nucléaire : le fabricant de turbines Alstom et l'électricien EDF.
Quant au Qatar, ses exigences sur le prix et son souhait de pouvoir prendre une participation dans les lucratives activités minières ont essuyé un refus de l'Élysée. L'augmentation de capital annoncée vendredi va permettre de donner à Areva "les moyens de conforter sa position de leader dans le nucléaire" et de "financer un programme d'investissements particulièrement ambitieux", s'est félicité Bercy dans un communiqué.
Elle valorise le constructeur français de centrales nucléaires à 11,5 milliards d'euros, alors qu'il était évalué à 12,2 milliards d'euros lors de sa création en 2001. Un conseil de surveillance d'Areva doit approuver l'opération samedi 11 décembre à 10 heures, selon une porte-parole du groupe. En annonçant cette levée de fonds, l'État remplit son objectif de conclure l'opération "avant la fin de l'année", comme annoncé par l'Élysée en juillet.
Second tour de table possible au printemps
Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) Jean-Pierre Jouyet a confirmé, vendredi, que l'opération pourrait être approuvée dans les temps, si l'Assemblée générale d'Areva se tient "si possible avant le 20 décembre". "L'AMF se félicite que le long suspense (...) prenne fin", a ironisé Jean-Pierre Jouyet au cours d'une conférence de presse. Mais si l'AG ne "se tient pas avant Noël, il ne faudra pas demander à l'AMF de bénir une augmentation de capital avant la fin de l'année", a-t-il prévenu.
Initialement, le conseil de surveillance d'Areva devait approuver l'opération le 16 novembre et l'AG se tenir le 10 décembre. Mais ce calendrier a été reporté à au moins quatre reprises. Si elle respecte les délais coûte que coûte, l'opération est très en deçà des objectifs fixés lors de son lancement, en juin 2009. Areva avait alors annoncé une ouverture de 15 % de son capital et le groupe espérait lever entre 1,5 et 3 milliards d'euros pour financer ses investissements. L'État n'exclut toutefois pas un second tour de table au printemps, Bercy ayant indiqué qu'il pourrait "lancer avec Areva des réflexions sur d'autres opérations de financement destinées, si besoin est, à compléter cette première augmentation de capital".
EDF et Alstom sont notamment pressentis pour participer à une nouvelle levée de fonds. Par ailleurs, le rachat par le secteur public de la part de 14,34 % qu'Areva détient dans le capital du fabricant de semi-conducteurs STMicro "fait l'objet des discussions", indique Bercy. Un tel rachat, destiné à donner plus de moyens à Areva, avait été annoncé en juin 2009, mais se fait toujours attendre. Tout comme celui des 25,63 % qu'Areva détient dans le groupe minier Eramet, sur lequel Bercy reste muet.