Pékin s'oppose ridiculement à la cérémonie de remise du prix Nobel à Liu Xiaobo

Pékin fait campagne à travers le monde, en usant parfois de pressions, pour réunir le plus de pays refusant de participer à la cérémonie de remise du prix Nobel à son ressortissant de l'opposition, Liu Xiabo, prévue pour le 11 décembre prochain. « Vous pouvez clairement vous rendre compte que la grande majorité de la communauté internationale n’assistera pas à la cérémonie », a prévenu aujourd'hui le porte-parole de la diplomatie chinoise, ajoutant que, en manière de trophée, « plus de cent pays nous soutiennent », repris par TSA.

Selon Le Monde, "Pékin a prévenu les pays européens que tout soutien au dissident serait considéré comme un affront fait à la justice chinoise. Les autorités chinoises ont adressé des lettres aux ambassadeurs en poste à Oslo pour les dissuader d'assister à la cérémonie. Début novembre, le vice-ministre des affaires étrangères, Cui Tiankai, avait menacé vendredi de "conséquences" les pays qui apporteraient leur soutien au dissident."

Le même journal précise que dix-neuf pays : la Chine, la Russie, le Kazakhstan, la Colombie, la Tunisie, l'Arabie saoudite, le Pakistan, la Serbie, l'Irak, l'Iran, le Vietnam, l'Afghanistan, le Venezuela, les Philippines, l'Égypte, le Soudan, l'Ukraine, Cuba, le Maroc ont d'ores et déjà l'intention de ne pas s'y rendre. À cette liste, il faut, bien sûr, ajouter l'Algérie qui s'inscrit dans le même giron que les précédents.

Il n'y a à cela rien d'étonnant, bien sûr, s'agissant de positions prises par des pays dominés par une dictature médiévale comparable à celle de la Chine elle-même. Le contraire aurait plutôt surpris, quand on sait l'énorme retard pris par nombre de ces pays pour promouvoir la démocratie et la liberté d'expression chez eux.

De plus, c'est parce que le monde dit démocratique et les institutions internationales trouvent leur compte à développer leur partenariat avec des dictatures aussi démoniaques que ces dernières se sentent dans leur droit plein et entier de ravir à leurs peuples les principes les plus élémentaires de la démocratie et des droits de l'homme.

Indigné que la Norvège n'ait pas entendu ses protestations contre le choix du lauréat du prix Nobel de la paix qui n'est autre que Liu Xiaobo, un ressortissant chinois actuellement emprisonné pour des actes dits de subversion, Pékin, dans le but évident de faire concurrence à l'institution norvégienne, a décidé de créer son propre prix appelé "prix Confucius de la paix".

Il prévoit de décerner dès jeudi 9 décembre son premier prix à Lien, un Taïwanais, ancien vice-président, qui aurait été en concurrence avec Mahmoud Abbas de Palestine, Nelson Mandela de l'Afrique du Sud et Bill Gates, le fondateur de Microsoft.

Si l'on connaît le montant du prix Nobel de la paix, l'on ignore en revanche celui nouvellement créé, Pékin ne l'ayant pas précisé.

C'est le lendemain qu'aura lieu à Oslo la cérémonie de remise du prix revenant à Liu Xiaobo devant environ les deux tiers des représentants des pays invités, dix-neuf autres ayant jusqu'ici décliné l'offre de s'y rendre.

Le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland, a remis ce matin le prix à une chaise vide qu'aurait dû occuper Liu Xiaobo, l'opposant chinois condamné à 11 années de prison à la Noël 2009 pour avoir simplement coécrit la Charte 08 réclamant la démocratisation de son pays. "Liu n'a fait qu'exercer ses droits civiques. Il n'a rien fait de mal. Il doit être libéré", a déclaré le président du comité, avant de déposer symboliquement le diplôme et la médaille du prix Nobel de la paix sur la chaise vide.

"Beaucoup demanderont si, malgré sa puissance actuelle, la Chine ne manifeste pas une certaine faiblesse en croyant nécessaire d'emprisonner un homme pour 11 ans pour le seul fait d'avoir exprimé ses opinions sur la façon dont son pays devrait être gouverné", a encore dit Thorbjoern Jagland.

Liv Ullman, actrice norvégienne, a ensuite lu quelques mots prononcés par le lauréat juste avant sa condamnation, qui montrent combien l'homme reste un pacifiste engagé dans un combat pour la démocratisation de son pays : "Je n'ai ni ennemis ni haine", avait-il écrit, avant d'ajouter : "Aucun des policiers qui m'ont surveillé, arrêté et interrogé, aucun des procureurs qui m'ont inculpé et aucun des juges qui m'ont jugé ne sont mes ennemis".

Quarante-cinq États environ étaient représentés à la cérémonie, dont les membres de l'U.E., les USA, le Japon, l'Inde et la Corée du Sud. Vingt autres pays étaient absents, craignant sans doute les retombées des menaces proférées par Pékin contre tous ceux qui auraient enfreint son appel au boycott, un boycott qui sonne faux au demeurant dans un monde qui condamne quasi unanimement l'attitude rétrograde et aveugle des dirigeants chinois.

J'ai lu quelque part que Liu Xiaobo aurait applaudi à l'invasion de l'Irak par Bush et ses amis. Si tel est vraiment le cas, je suis au regret de devoir donner raison à Pékin et d'approuver la condamnation qui lui a été infligée.

Au demeurant, chaque fois que le monde occidental prend fait et cause pour une chose, il est toujours bien sage de bien réfléchir avant de le suivre aveuglément. L'expérience nous enseigne que, toujours mu par une espèce de grégarisme animal, il défend par-dessus tout ses seuls intérêts même quand la morale en pâtit.

C'est pourquoi serait-il bon de vérifier la véracité de l'information dont j'ai pris connaissance aujourd'hui même.