Nouveaux attentats sanglants en Algérie

Selon l’AFP, un attentat, par kamikaze interposé, cet après-midi, vient de frapper la foule massée dans la rue, à Batna, qui attendait la visite du président Bouteflika.

Le dernier bilan semble être de 15 morts et de 70 blessés.

Le kamikaze s’était fait exploser alors qu’il se trouvait parmi la foule, avant l’arrivée même du président.

Ce nouvel attentat est le premier à être commis à l’occasion d’une visite présidentielle. Il survient cinq mois seulement après les bombes ayant visé le 11 avril le Palais du gouvernement et le commissariat de police de Bab-Ezzouar qui avaient coûté la vie à plus de 30 personnes et blessé plus de 200 autres. Il y a un peu plus d’un mois, un autre attentat au camion piégé s’est soldé par la mort de dix militaires et plus de 35 blessés à Lakhdaria, à l’est d’Alger.

Tous ces crimes abominables ne sonnent-ils pas le glas de cette foutaise dénommée réconciliation nationale ?

Un autre attentat, à la voiture piégée cette fois, vient d'être commis, ce matin même, à Dellys, à l'Est d'Alger, contre une caserne de la marine.

Vingt-huit morts et plus de soixante blessés constituent le bilan des victimes, selon l'AFP.

Signalons enfin que le précédent attentat de Batna a causé jusqu'ici 22 morts et plus de deux cents blessés.

On parle désormais de 30, voire 34 morts (selon la presse locale) et 47 blessés, lors du dernier attentat, dont on apprend à présent quelques détails bien préoccupants.

Entre autres, le véhicule transportant la bombe était connu des gens de la caserne visée. Tous les matins, il y faisait, semble-t-il, des livraisons de produits alimentaires. Le kamikaze, aux aurores, aurait été substitué au chauffeur habituel, auquel cas se pose naturellement la question de savoir pourquoi, s'il y a eu enlèvement, l'alerte n'a pas été donnée à temps.

Pour avoir su frapper juste, en causant autant de pertes humaines et matérielles, autre sujet d'interrogation, les terroristes étaient apparemment parfaitement renseignés sur l'état des lieux, et tout particulièrement sur les conditions précaires constituant le gîte de dizaines, voire de centaines de marins, et ce, depuis des années. Dans un pays où la Défense nationale s'octroie la part léonine du budget national, d'un côté, et où, de l'autre, il est fait récemment état d'achats importants d'armes de dernier cri, dont il n'a nul besoin, aucune menace extérieure ne pesant sur ses frontières, il est pour le moins inexplicable qu'on ait pu laisser subsister cette situation de précarité qui, du reste, n'est peut-être pas ni unique ni exceptionnelle.

Par ailleurs, comme il fallait s'y attendre, al-Qaïda a revendiqué très vite la responsabilité du double attentat de ces jours derniers ; cela rend les propos du président de la République, qui jetait un doigt accusateur sur l'étranger, aussi dénués de fondement qu'inspirés par la simple incapacité de fournir une explication cohérente de ses propres dérives.

Enfin, les thuriféraires du régime, à l'exemple d'un Sidi Saïd, qui entendent, eux aussi, rester sourds aux manifestations de la simple réalité des faits, n'abuseront qu'eux-mêmes, quand ils se déclarent pour la réconciliation nationale, dont les limites et même l'inanité viennent d'être largement démontrées. La leçon à méditer est que, tant qu'on lui prêtre une oreille toujours attentive, la lutte des islamistes ne prendra fin que le jour où ils se saisiront concrètement du pouvoir.

Les images de meetings effervescents, montrées ce soir par la télévision algérienne, tendraient à prouver une fois de plus que le peuple est loin d'avoir acquis la maturité nécessaire pour pouvoir se déterminer avec assurance, aujourd'hui comme demain, devant un problème essentiel qui concerne pourtant son propre devenir et celui de ses enfants. Elles pourraient même corroborer l'observation pourtant judicieuse de Maupassant, dans La Horla, page 38 : "Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté. On lui dit : « amuse-toi » il s’amuse. On lui dit : « vote pour l’Empereur » il vote pour l’Empereur. Puis, on lui dit : « vote pour la République » et il vote pour la République".

Amassés là, en effet, dans des aires certes bien courtes parfois pour faire nombre, les manifestants répétaient à satiété et à l'unisson ce l'on désire seulement faire entendre à la masse. Les mêmes mots d'ordre, les mêmes marques de soumission à l'ordre établi, et tout particulièrement en direction du président en exercice, étaient ressassés uniformément d'un point à l'autre du territoire. C'est à croire qu'ils avaient été spécialement et préalablement choisis par les responsables de la communication au niveau le plus haut de l'Etat pour être imposés et recueillis le moment venu de la bouche des nombreux lèche-bottes placés à bon escient au premier rang des meetings.

Pour la consommation externe, bien sûr, cette espèce de propagande malsaine peut laisser accroire que le soutien au régime se mesure à l'aune de cette catégorie d'encenseurs publics réunis pour faire la claque.

Mais, qu'ils ne s'y trompent pas, même si par l'effet de la caméra, on peut être abusé par la masse, plutôt insignifiante, des gens réunis. La véritable image du peuple le montrerait plutôt fatigué par les promesses creuses et agacé par la gabegie, l'incompétence, la suffisance, la corruption, les dilapidations des deniers publics et la distribution de la rente pétrolière. Elle ne saurait donc se substituer à la fausse image d'Epinal qu'on s'évertue à présenter de lui au-dehors comme au-dedans.

Et, pour preuve, n'est-ce pas que les électeurs ont déserté en masse, tout récemment encore, les urnes, seul moyen d'expression de leur ras-le-bol restant encore accessible ?

Les journaux algériens, et à juste raison, n'auront pas été tendres avec le régime en place. Les manifestations organisées soi-disant contre le terrorisme ont vite démontré les véritables soubassements qui les avaient inspirées. D'un côté, le soutien à la réconciliation nationale, dont l'échec n'est plus à discuter, et, de l'autre, les prestations d'allégeance au président de la République qui a tant brillé pourtant par son insuffisance et ses dérives, son incompétence et ses tendances chauvines, sa cécité et son parti pris pour l'intégrisme sont les vraies motivations de ces rencontres décidées à la hâte, sous le contrôle de l'administration et avec les moyens de l'Etat, donc du contribuable.

En fin de compte, la lecture seule des commentaires publiés par ces journaux suffit amplement à dépeindre, pour la consommation extérieure, le vrai visage du peuple et non celui qu'on s'époumonne à donner de lui, à grand renfort de propagande aussi indigeste qu'insipide, dans les médias publics algériens.

Tant pis pour ceux qui n'ont rien compris à la marche du monde ! Le beni-oui-ouisme a aussi une fin.

S'il n'y a pas erreur sur la personne, le kamikaze de Dellys, d'après le journal El-Watan, est un jeune de 15 ans, habitant à Bachdjarrah, près d'Hussein-Dey, du nom de Belkacemi Nabil.

Ce jeune monstre, dont les parents, qui sont responsables de son éducation ratée auraient mieux fait de se taire et de demander pardon aux parents des trente victimes de l'attentat, avait donc reçu ses rudiments de formation au terrorisme islamiste à la mosquée d'Apreuval, près de Kouba, la même, semble-t-il, par laquelle était déjà passé le fils Benhadj, dont le recrutement au sein de cette nébuleuse est particulièrement mis en épingle depuis quelques mois.

Des parents qui ne s'inquiètent pas même des fugues de leurs fils de cet âge devraient, en l'occurrence, être jugés aussi sévèrement que s'ils étaient eux-mêmes impliqués dans ce genre de crime abominable. Et, d'autre part, c'est parce que la loi est elle-même trop permissive à plusieurs égards que la mosquée est restée, en dépit des leçons reçues tout au long de la dernière décennie sanglante, à la fois le sanctuaire et la pépinière du monde terroriste.

Une nouvelle bombe, de maigre puissance cette fois, a explosé hier, devant la résidence des policiers, à Zemmouri, dans la wilaya de Boumerdès.

Trois personnes, disent les services officiels, quatre, prétendent les journaux, ont été tuées par l'explosion, en sus de six blessés, dont deux gravement.

La mise à feu de l'engin s'est déclenchée peu avant la rupture du jeûne.

Un nouvel attentat à la voiture piégée vient, cette fois, de frapper à Lakhdaria, à l’est d’Alger, des étrangers qui circulaient en voiture dans le cadre de leurs activités professionnelles. Deux Français et un Italien, lequel est gravement blessé, sont dénombrés parmi les 9 blessés, dont 6 Algériens, victimes de l’explosion qui s’est produite lors du choc de la voiture piégée lancée contre la leur.

Par-delà l’acte lui-même qui survient au lendemain même de la menace proférée par Al-Qaïda d’atteindre des Français et des Espagnols en Afrique du nord, c’est la panique, au sein de la communauté étrangère installée en Algérie, qu’il importe à présent de surmonter. Et cette communauté, devenue fort nombreuse dans le pays, pose bien autrement le problème de sa sécurité aujourd’hui. Malgré l’accroissement considérable des effectifs de police entrepris ces dernières années (300 000 contre moins d'un dixième avant les premiers attentats du FIS), les besoins en matière de rétablissement de la paix restent encore d’autant plus forts que pour faire barrage au terrorisme islamiste, toutes les forces disponibles restent encore insuffisantes.

Du coup, le problème du regroupement de tous ces étrangers éparpillés à travers le pays, dans des activités diverses et nombreuses, devra-t-il être examiné avec en toile de fond le risque, si les attentats venaient à se renouveler contre eux, de se voir rappeler dans leur pays, abandonnant ainsi en plan les travaux souvent de première nécessité dans lesquels ils se trouvent engagés ? Comment, dans le cas contraire, assurer leur sécurité dans un pays où, pour prendre exemple sur l’attentat d’aujourd’hui, les commanditaires du crime semblaient curieusement connaître en détail la nature du convoi, son parcours et l’heure de son passage à l’endroit précis où le kamikaze avait pour mission d’entrer en action ?

Aussi, faut-il redouter sérieusement les effets de cette nouvelle spirale de la violence due, tout bien pesé, à l’extrême faiblesse d’un pouvoir démagogique qui s’ingénie à rechercher les criminels islamistes non là où ils sont, mais ailleurs dans les rangs de ce qu’il désigne, toute honte bue et gaillardement, des laïcs.

Michelin Algérie, selon le journal Liberté d'aujourd'hui, dément l'information donnée par Le Monde indiquant le rapatriement de ses expatriés en poste en Algérie, et ce, suite aux menaces reçues par l'un d'eux.

En revanche, cette entreprise, de longue date installée en Algérie, confirme que les familles de ses cadres français ont été, elles, invitées à quitter le territoire, par mesure de sécurité.

Elle ajoute qu'il n'est en aucun cas question de fermer son unité algérienne, et que rien ne lie cette dernière à l'unité de Toul, en France, confrontée, elle, à des problèmes d'une autre nature.

C'est sans doute dans le prolongement des graves menaces reçues, en provenance d'al-Qaïda, il y a quelques semaines, que Yazid Zerhouni, ministre algérien de l'Intérieur, s'est rendu en France, hier, dans l'intention de rassurer son homologue à propos de la sécurité des ressortissants occidentaux exerçant en Algérie.

Comme à son habitude et bien que la réalité le contredise chaque fois qu'il se prononce sur le sujet, Zerhouni n'aura pas manqué sans doute de laisser accroire, devant ses interlocuteurs, que toutes les conditions de sécurité sont réunies pour prévenir de nouveaux attentats terroristes, et que le terrorisme islamiste dans le pays se trouve désormais contenu dans sa phase finale.

Selon le journal Le Soir d'Algérie de ce matin, 16 cadres de la compagnie de Vinci, chargée au moins pour partie de la réalisation d'une ligne de métro à Alger, auraient quitté le territoire, à cause de l'insécurité qui regagne de plus en plus le pays.

Le quotidien s'interroge à juste titre d'ailleurs à propos des conséquences que peuvent avoir ces premiers replis outre Méditerranée sur toute la communauté occidentale opérant en Algérie d'un côté, sur la poursuite des travaux confiés aux entreprises étrangères de l'autre.

En vérité, il n'y a pas que la communauté occidentale qui s'inquiète sérieusement de la dégradation soudaine de la sécurité en Algérie. Les Chinois et les Japonais, tout particulièrement, qui sont engagés dans la réalisation de l'autoroute est-ouest, ont plus de raison encore de s'en préoccuper. Leurs obligations professionnelles elles-mêmes les exposent davantage en les rendant beaucoup plus mobiles puisqu'ils doivent sans cesse déplacer leur centre de vie, traverser de longues distances, souvent à découvert, pour suivre leurs travaux, contrôler l'avancement, pourvoir aux soins de leur matériel, etc.

C'est précisément, comme le souligne plus haut Hérisson, une telle panique qui était à craindre, dès lors que les preuves sont là pour témoigner de l'incapacité des autorités algériennes à juguler le terrorisme qui s'étend au lieu de s'éteindre.

Le journal El-Watan de ce matin rapporte une nouvelle tuerie à la bombe piégée et un mitraillage, avant-hier soir, du côté de Bouira, à l'est d'Alger.

Deux officiers et un soldat ont été tués dans la première explosion actionnée à distance, lors du passage d'un convoi militaire.

Cinq agents de surveillance d'infrastructures gazières ont également été blessés en passant sur une mine avec leur véhicule, dans la commune de Thénia, toujours à l'est d'Alger.

Enfin, dans une petite localité proche de Bouira, un policier en civil et deux civils ont été abattus, vers 23 heures, dans une épicerie, tandis qu'ils jouaient aux cartes, avant l'arrivée impromptue, à bord d'un véhicule, d'un groupe de terroristes qui ont immédiatement procédé à leur fouille au corps et à leur contrôle d'identité. C'est au moment où la fouille et le contrôle d'identité étaient sur le point de l'identifier que le policier a ouvert le feu sur l'un des terroristes, le tuant de deux balles de révolver. Les autres terroristes qui tenaient le groupuscule en joue réagirent aussitôt en abattant les trois personnes, avant de quitter précipitamment les lieux.