Une prise de bec entre le cabinet présidentiel français, d'un côté, et, de l'autre, le quotidien Le Monde et l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné occupe l'actualité des médias depuis quelques semaines.
Les révélations de Médiapart, un site d'informations en ligne, reprises ensuite par le Canard, à propos de l'affaire Bettencourt et des protections élyséennes assurées à la plus richissime des Françaises ont montré l'étendue des conflits d'intérêts du ministre Woerth et du président Sarkozy bénéficiaire final de substantiels soutiens financiers illégaux pour sa campagne électorale de 2007 fournis par la propriétaire de l'Oréal.
L'entourage du président, agissant sans doute sur ses ordres, s'est aussitôt inquiété de l'origine des informations divulguées, les journalistes français n'étant pas tenus par la loi de la fournir, sauf dans des cas exceptionnels de défense nationale et de protection des individus menacés de mort. Il a entrepris alors, contournant la loi elle-même qui interdit le recours à ce genre de procédé, de faire pression sur les opérateurs de téléphone pour obtenir des relevés d'appels ciblant principalement des journalistes du Monde comme du Canard enquêtant précisément sur des affaires particulièrement explosives.
Dès lors, les factures téléphoniques obtenues sont exploitées par les policiers pour identifier les correspondants des journalistes ciblés. Et c'est ainsi qu'un haut cadre exerçant au ministère de la Défense et qui renseignait Le Monde a pu être confondu et remercié.
Le Canard, dans sa livraison à paraître demain, précise à ce sujet que Claude Guéant, le secrétaire général de l'Élysée, a lui-même piloté en septembre 2009 une réunion à haut niveau intégrant des représentants de la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur, à l'effet justement de trouver une parade permettant d'obliger les opérateurs de téléphone à se soumettre au devoir de fournir aux policiers tous les renseignements susceptibles de les aider à remonter une filière du milieu journalistique.
Bien sûr, l'objet était d'entourer une telle espionnite du sceau officiel de Secret défense, sans laquelle l'infraction à la loi devient manifeste.
Et ce serait par ce procédé de barbouzes que le cabinet de Guéant est donc parvenu à localiser les informateurs de Monde et du Canard qui sont à présent menacés des foudres de la justice.
Seulement, cet activisme qui en rappelle un autre, celui de Nixon, risque bel et bien de se refermer sur ses initiateurs, la France n'était pas une "démocratie" africaine dont les fonctionnaires et les hommes politiques à tous les niveaux restent de simples exécutants serviables et corvéables à merci. Le monde politique français, particulièrement de l'opposition, ne manquera pas de monter en épingle de telles méthodes fascistes qui ne conduiront au final à rien d'autre qu'à jeter davantage de discrédit sur le petit Hongrois qui préside encore, jusqu'en 2012, aux destinées de la France.