À Alger, où il se trouve depuis hier, l'ancien ministre français de l'Économie, actuellement président du Fonds monétaire international, a affirmé quelques vérités que les pouvoirs publics devraient particulièrement méditer.
D'abord, a-t-il constaté au micro de la radio "chaîne 3" : « Au FMI, nous trouvons que l’économie algérienne se porte bien mais le problème principal est que cette économie vit trop sur les ressources publiques. Cette économie doit donner plus d’importance au secteur privé ». En effet, les dirigeants algériens, pourtant devenus affairistes pour la plupart, cultivent à ce jour encore quelques relents du "socialisme de la mamelle" cher à Boumediene qui avait bouleversé l'ensemble des champs économique et culturel avec ses réformes aussi irréfléchies que malvenues qui ont mené le pays à la ruine.
S'expliquant plus avant, le visiteur a ajouté : « L'Algérie, pays le plus important de l’Afrique du nord devrait avoir un secteur privé dynamique. Il faut que les infrastructures permettent aux investisseurs privés d’être rentables et que l’investissement privé se sente à l’aise. Cela est lié au climat des affaires et à l’environnement juridique », tout en laissant sous-entendre que le gouvernement qui le mesure bien ne semble pas disposé à faire évoluer les choses.
Abordant ensuite le côté de la jeunesse algérienne, l'ancien ministre observe que le taux de chômage parmi les jeunes de 16 à 25 ans est de 20 % et qu'il importe vivement de saisir toutes les opportunités possibles pour créer de l'emploi. « La jeunesse est la bénédiction de l’Algérie, c’est également son problème. Pour créer de l’emploi, il faut d’autres métiers tels que les services et le commerce. Des activités qui peuvent se développer dans le secteur privé. Il y a peut être une mentalité qui doit évoluer pour que la manne pétrolière permette de diversifier l’économie algérienne », a-t-il tenu à souligner.
Invité, par ailleurs, à donner son avis dans un séminaire organisé conjointement par le FMI et la Banque centrale d'Algérie, à propos des ressources naturelles dans les pays pétroliers, Strauss-Kahn constate encore à regret : « Vos pays ont la chance de posséder des richesses extraordinaires. Et pourtant, dans beaucoup d'entre eux, le chômage est élevé, surtout parmi les jeunes, et des millions de personnes continuent de vivre dans la pauvreté. »
N'ignorant pas que la manne pétrolière profite surtout aux castes du pouvoir, l'intervenant n'a pas manqué de fustiger la mauvaise gouvernance : « Les recettes provenant des matières premières doivent profiter à toute la société », a-t-il dit.