Pour la 1ère fois de l'histoire une femme est élue à la tête du Brésil

Dilma Rousseff, 62 ans, économiste, la candidate et militante du Parti des Travailleurs, mais aussi la dauphine du président sortant Lulla a été élue hier, au second tour, présidente du Brésil, avec un score confortable de 56 % contre 44 % à son à son rival social-démocrate, José Serra.

Ce succès a été vivement applaudi au siège du comité de campagne, assailli durant toute la soirée par les ministres, les gouverneurs et dirigeants de la coalition gouvernementale et surtout par ses nombreux partisans.

Rousseff le doit principalement à Lulla qui n'avait ménagé aucun effort pour sa réussite. Lui en sachant gré l'heureuse élue s'est confondue en remerciements en prévenant devant des partisans réunis dans un grand hôtel de Brasilia : "Je frapperai souvent à sa porte et je sais qu'elle sera toujours ouverte", avant d'ajouter : "La tâche de lui succéder est difficile et représente un défi, mais je saurai honorer cet héritage et amplifier son travail".

Militante convaincue de gauche, elle a profité de cette occasion pour renouveler son engagement de combattre la faim dans son pays : "Nous ne pourrons avoir de repos tant que des Brésiliens souffriront de la faim", a-t-elle assuré.

Dans un geste de conciliation à l'égard de José Serra, ancien gouverneur de Sao Paulo se revendiquant de la droite, elle lui a tendu la main en appelant à "l'union", une main que le candidat malchanceux a rejetée peu après : « Pour ceux qui nous imaginaient vaincus, nous ne faisons que commencer la lutte véritable », a-t-il répliqué.

Dans l'ensemble, les Brésiliens, qui, à 82 %, se félicitent de l'énorme travail accompli par Lulla durant ses deux mandats, applaudissent son choix et se déclarent prêts à reporter leur confiance sur Dilma Rousseff sans le moindre complexe.

Enfin, cette dernière, qui a reçu depuis nombre de messages de félicitations du monde entier, ne prendra ses fonctions qu'au premier janvier prochain, avec l'assurance d'être confortée par une franche majorité au parlement.

La famille de Rousseff s'est manifestée depuis la Bulgarie, d'où son père est originaire, pour lui souhaiter bonne chance et bon courage dans tout ce qu'elle entreprendra sur le chemin du succès.

Son père défunt, Petar Roussev, était né à Gabrovo, au centre de la Bulgarie, d'où il avait émigré en 1929, d'abord en France, puis en Argentine, avant de s'installer au Brésil sous le nom de Pedro Rousseff. Ce n'est qu'en 1948 qu'il écrit à sa mère, Tsana, pour lui annoncer sa réussite comme entrepreneur en bâtiment et son installation en famille au Brésil, où il est devenu père de trois enfants, dont Dilma-Vana.

Le maire de Gabrovo, Nikolaï Sirakov, croit que "la victoire de Dilma Rousseff inspirera de la fierté et du courage aux Bulgares". "Elle a montré que celle qui lutte réussit", a-t-il souligné.

Dilma Rousseff a été investie, hier, dans ses fonctions de présidente du Brésil, succédant au président sortant Luiz Inacio Lula da Silva.

Cette battante de 63 ans a prêté serment sur la Constitution brésilienne devant et sous les ovations nourries des députés et sénateurs ainsi que d'un parterre de chefs d'État et de gouvernement étrangers réunis pour la circonstance au Congrès.

Une dizaine de présidents d'Amérique latine, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, le ministre français de la Défense Alain Juppé, le prince des Asturies, Philippe de Bourbon, et le président de l'Autorité palestinienne, Mamhoud Abbas, étaient présents à la cérémonie.

L'on sait d'ores et déjà que Dilma s'est fixé comme cheval de bataille "d'éradiquer la pauvreté". "Je ne pourrai pas me reposer tant que des Brésiliens souffriront de la faim", avait-elle promis dans ce sens.

Le président sortant Lulla lui lègue en tout cas un pays au summum de sa réussite : une croissance de 7,6 % alors qu'elle est sinon négative du moins nulle dans la plupart des pays avancés, un chômage de 5,7 % seulement dans une population de 192 millions. 29 millions de Brésiliens sont aujourd'hui sortis de la misère et plus de la moitié de la population totale s'inscrit désormais dans la classe moyenne.

De grands chantiers attendent la nouvelle présidente, en dehors des problèmes classiques du Brésil. Il s'agit notamment de la Coupe du monde de football en 2014 et des Jeux Olympiques en 2016 qui nécessitent de très gros investissements et surtout un respect total des plannings.