Le colonel canadien était aussi un meurtrier
Un haut gradé canadien, qui avait piloté l'avion transportant la reine d'Angleterre en visite au Canada, a été reconnu coupable mardi de deux meurtres à caractère sexuel dont les détails sordides présentés en cour ont horrifié tout le pays.
Le colonel Russell Williams, 47 ans, ancien commandant de la plus grande base aérienne du Canada, avait plaidé coupable lundi de plus de 80 chefs d'accusation, dont deux agressions sexuelles et deux meurtres avec préméditation.
Au deuxième jour de son procès devant la Cour supérieure de l'Ontario, à Belleville, à l'est de Toronto (centre), il a été reconnu coupable de l'ensemble des chefs présentés contre lui.
Sa peine pourrait être prononcée dès mercredi. Il encourt la réclusion à vie sans possibilité de liberté conditionnelle pendant 25 ans.
Comme la veille, la journée de mardi a été marquée par des récits sordides, cette fois ceux des viols du caporal Marie-France Comeau et de Jessica Llyod, dont il avait filmé et photographié le martyre.
Double personnalité
L'accusation a raconté comment le militaire se transformait en prédateur sexuel digne des pires films d'horreur, épiant le quotidien de ses futures victimes avant de s'introduire par effraction à leur domicile pour ensuite les agresser sexuellement et les tuer.
A chaque fois, les jeunes femmes l'ont supplié de leur laisser la vie sauve, supplices qu'il a filmés, comme l'ensemble de ses agressions.
Après deux jours passés à subir ses agressions sexuelles, la bouche recouverte de papier collant, Llyod, 25 ans, est décédée le 29 janvier par strangulation.
Parti le lendemain avec ses hommes pour un exercice en Californie, l'officier n'est revenu que plusieurs jours plus tard à son domicile afin de jeter la dépouille de sa victime dans un champ voisin.
C'est notamment en comparant les traces de pneus trouvées près de la maison de la jeune femme, avec celles du 4X4 de Williams, que les autorités ont confondu l'homme, marié depuis 19 ans.
Sur les dents après le meurtre en novembre de Marie-France Comeau -une hôtesse de l'air que l'assassin avait croisée sur un vol militaire- et deux agressions sexuelles dans la même région de l'Ontario, la police surveillait depuis trois jours le colonel lorsqu'elle a procédé début février à son audition et à la fouille de sa résidence.
Les enquêteurs ont alors procédé à des relevés d'ADN qui coïncidaient avec ceux effectués au domicile de Jessica Lloyd: la double personnalité de l'officier était démasquée.
Une lettre au père de sa victime
Plus tôt mardi, l'accusation avait raconté les circonstances de l'assassinat de Mme Comeau, le soir du 23 novembre 2009. Après avoir quitté son bureau à la base militaire de Trenton dont il était commandant, Williams est entré dans la maison de la jeune femme par une fenêtre du sous-sol et l'a attaquée. Battue, ligotée et violée, il a fini par la tuer en l'asphyxiant, avant de partir directement pour une réunion avec de hauts responsables militaires à Ottawa.
Plus tard, il a signé une lettre de condoléances adressée au nom de l'armée canadienne au père de sa victime, un homme ayant fait une longue carrière sous les drapeaux.
Les télévisions canadiennes ont commencé à montrer mardi certaines des centaines de photos qu'il avait prises de lui-même, vêtu seulement de sous-vêtements féminins volés lors de ses nombreux cambriolages fétichistes.
(Source AFP)