En prenant leurs distances de Sarkozy les ministres transfuges doivent comprendre qu'il faut partir

Les deux principaux ministres dits transfuges faisant encore partie du gouvernement de François Fillon se démarquent publiquement de la politique engagée en matière de sécurité à l'initiative de Sarkozy.

Le premier, Hervé Morin, ministre de la Défense, issu du parti de Bayrou et devenu son adversaire déclaré, a déclaré que le discours de Sarkozy tenu à Grenoble fin juillet dernier était voué à l'échec s'il ne comportait qu'un seul volet répressif.

Le second, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, venu du P.S. auquel il tourne le dos depuis sa nomination, reconnaît, lui, qu'il n'était pas content de ce qui s'est passé à propos des Roms.

A l'un comme à l'autre, dont l'UMP n'a jamais avalisé le recrutement, le député Lionel Luca leur enjoint de démissionner, en leur rappelant le mot célèbre de J.P. Chevènement, ancien ministre de la Défense : "Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne", prononcé en janvier 1991 lors de son retrait du gouvernement de Mitterrand qui avait engagé la France dans la guerre contre l'Irak.

A dire vrai, s'agissant principalement de Kouchner, Sarkozy s'apprêtait déjà à s'en séparer à l'occasion du remaniement ministériel d'octobre prochain, même si sa nomination en 2007 avait été imposée, semble-t-il, par le CRIF. Kouchner aurait en effet brillé par son incompétence notoire à venir à bout des problèmes posés à son ministère. Quant à Morin, en se désignant d'ores et déjà comme candidat aux prochaines élections présidentielles, il se pose en adversaire déclaré de Sarkozy, qui ambitionne un second mandat, à qui il ôte par conséquent tout espoir de récolter les voix du Nouveau centre.

Il ne serait donc pas étonnant que les deux ministres soient éjectés dès octobre.

L'analyse donnée hier par Christophe n'est pas si dénuée de fondement, du moins en ce qui concerne Hervé Morin, le ministre de la Défense.

Dans un article du Nouvelobs d'hier, inséré juste 1 heure après celui de Christophe, il est fait état en effet du renvoi de l'entêté Morin qui s'obstine à se présenter aux présidentielles de 2012, comme candidat du Nouveau centre - le parti qu'il dirige -, faisant ainsi ombrage à Sarkozy.

Selon le magazine, le nom de Woerth est dans l'air pour le remplacer, une fois, bien sûr, le dossier des retraites bouclé comme espéré. Sarkozy y verrait là "une manière élégante de l'écarter... sans l'humilier". Seulement, avec la relance du dossier judiciaire qui concerne personnellement ce ministre, Sarkozy craindrait d'ores et déjà une réaction peu ragoûtante de l'armée, qui aurait aussi son mot à dire, semble-t-il, dans le choix de son mentor.