A une cadence effrénée, le centre d’Alger se transforme gaillardement en une espèce de bazar géant, multiforme, parfois même hideux, davantage tourné à l’écoulement de toute la camelote fabriquée, sauf en Algérie, partout ailleurs dans le monde. Des caissons métalliques d’origine étrangère, aux couleurs vives, de montage facile et rapide ornent uniformément les devantures, déparant ainsi l’architecture des lieux et donnant un cachet déplorable à la cité, sous le regard apparemment indifférent des autorités comme des citoyens.
Curieusement d’ailleurs, les magasins de chaussures, en nombre croissant, voisinent désormais avec ceux de l’habillement, de la lingerie et des parfums importés d’Europe mais surtout d’Asie. Jusqu’aux meubles malaisiens, en passant par les téléphones portables les plus sophistiqués ou les montres suisses de renommée mondiale, quand ce n’est pas leur copie chinoise de prix plus abordable, il est aujourd’hui possible de trouver à Alger, y compris bien sûr les véhicules de toutes marques, toutes les espèces de produits les plus divers dont l’acquisition, depuis l’indépendance du pays, était restée jadis sinon prohibée du moins sérieusement contrôlée. Il est vrai que, le pétrole coulant toujours à flot pour quelques années encore, notre pays, depuis la libéralisation, peut s’enorgueillir d’être redevenu solvable et surtout fréquentable maintenant qu’il a abdiqué son socialisme de la mamelle.
Rira bien qui rira le dernier, dit l’adage. Et s’agissant d’un pays, qui, de surcroît se dit arabe, le mot célèbre de Clinton résonnera toujours dans les oreilles de ceux qui donnent un sens à son message pourtant clair : « C’est curieux que les Arabes, qui, en 55/56, avaient atteint le même niveau que les Indiens et les Chinois, en soient toujours à cuire des pommes frites pendant que ces derniers gravissent allégrement les marches conduisant au peloton des nations les plus performantes ».
Tout est dit, ici, pour expliquer au mieux l’incompétence et l’incapacité de nos dirigeants à gouverner dans le sens des intérêts primordiaux du pays, et au pire cet engouement pour l’émigration qui se développe avec quelque raison dans la bouche de larges couches de nos populations abandonnées à leur triste sort.