Trois journalistes, 1 Français et 2 Ivoiriens, ont été arrêtés et déférés il y a deux jours dans une prison à Abidjan.
Il s'agit du Français Théophile Kouamouo, directeur des rédactions du journal Le Nouveau Courrier, ainsi que les Ivoiriens Stéphane Guédé et Saint Claver Oula, directeur de publication et rédacteur en chef, indique une dépêche de l'AFP reprise par Le Monde.
Ils ont été placés en garde à vue mardi, à la suite de la publication d'un article consacré à la filière du cacao, où ils ont fait état de malversations en se référant aux conclusions d'un procureur ivoirien, Raymond Tchimou, qui bouclent une enquête de 2007.
Sous le titre "Le livre noir de la filière café-cacao", le quotidien détaillait "pillages" et "escroqueries" (remboursement de frais pour des missions à l'étranger non effectuées, financement de coopératives inexistantes, surfacturation du rachat d'une usine de chocolat aux Etats-Unis...) dont se seraient rendus coupables les barons du secteur, rapporte Le Monde.
Le magistrat, qui adressait son rapport à Laurent Gbagbo, chef de l'Etat, s'est trouvé ainsi surpris de constater le viol du secret de l'enquête. Les journalistes ayant refusé de révéler leurs sources, ils vont être poursuivis pour vol de papiers administratifs.
Cette enquête avait surtout mis au jour l'existence d'une filière dite de "détournement de fonds, abus de biens sociaux et escroquerie", ayant conduit à l'arrestation, en 2008, de la quasi-totalité des responsables incriminés, y compris des proches de Gbagbo.
Les confrères des journalistes arrêtés se sont aussitôt indignés de la mesure prise et réclament leur libération immédiate et sans condition, en rappelant leur attachement "au libre exercice par les journalistes de leur métier, en Côte d'Ivoire comme partout ailleurs dans le monde".