Rachid Benaissa, le ministre algérien de l'Agriculture, a révélé devant les députés que 11900 exploitants agricoles seraient incessamment traduits devant les tribunaux pour "mauvaise exploitation et détournement du foncier agricole à un autre usage".
Il s'agit là de domaines publics que l'Etat avait mis à la disposition de ces agriculteurs, du temps vraisemblablement du "socialisme de la mamelle" cher à Boumediene, de triste mémoire.
L'on se souvient que cet ancien dictateur, voulant promouvoir sa réforme de l'agriculture, avait distribué des terres à de soi-disant agriculteurs, qui n'étaient en réalité, pour la plupart, que de simples trafiquants qui ne connaissaient rien au travail de la terre.
Bénaissa, dans son allocution, est d'ailleurs revenu sur le thème des graves négligences qui avaient entouré l'affectation et même la vente de certaines de ces terres. Pour lui, les insuffisances de productions agricoles nationales trouvent précisément leurs causes dans ces graves et criminelles déprédations.
Aussi, annonce-t-il une modification sensible de la loi dans le sens où le droit de jouissance, fixé jusqu'ici à 99 ans, va être désormais limité à 40 ans. De plus, une disposition nouvelle permettra de résilier tout contrat dont le concessionnaire n'aura pas strictement observé le cahier des charges.
Déjà, dans l'assemblée elle-même, il semble que des voix, provenant de la tendance FLN, se seraient opposées à semblables amendements de la loi, qui ôteraient à ce parti l'un des moyens les plus sûrs de s'offrir des "clientèles" électorales.
Quant aux anciens moudjahidin et autres ayants-droits, ils n'ont pas manqué une fois encore de témoigner de leur rapacité habituelle à vouloir s'emparer eux-mêmes des terres en cause.