Jamais l'Algérie ne serait tombée si bas, depuis l'indépendance, si un colonel, nommé Boumediene, ne s'était, par la force des armes, emparé du pouvoir, en juillet 1962.
Ce sanguinaire, qui n'avait jamais tiré - pas plus que ses proches collaborateurs d'alors - un coup de feu au combat contre l'ennemi pendant la guerre de libération, était passé directement d'Egypte vers le Maroc, pour y prendre le commandement des troupes, dites faussement de l'ALN, stationnées à Oujda et dans les profondeurs du Maroc.
L'ouest algérien, dont ce commandement avait pour charge d'assurer le développement de la résistance contre la France, n'avait d'ailleurs apporté qu'une lointaine contribution à la lutte. Excepté la région montagneuse de M'sirda, du côté de Tlemcen, et quelques îlots de résistance situés à Témouchent, la guerre y était quasiment inexistante.
Boumediene en profita donc pour préparer son premier coup d'Etat de 1962. Il amassa des tas d'armes, achetés à prix fort à l'étranger grâce aux travailleurs algériens qui étaient pressurés chez eux ou en France. Il forma des cadres dans l'objectif qu'il s'était tracé, et attendit la fin des hostilités, pour pénétrer avec force dans l'Algérie libérée.
Arrivé dans les bagages de Benbella - cet autre comploteur connu surtout pour sa grande gueule et non pour son intelligence ni pour ses faits d'armes -, Boumediene s'est saisi du poste ministériel de la Défense nationale, après avoir semé, de concert avec Benbella, la discorde dans les rangs des dirigeants réunis à Tripoli, en juin 1962. Tous deux aspiraient à tirer l'Algérie vers le socialisme et non vers le libéralisme et la liberté d'expression.
En 1965, il chassa carrément du pouvoir Benbella qui lui avait jusque-là servi de tremplin. Il mit en place son Conseil de la révolution, composé quasiment des siens, pour mieux assurer le contrôle de la direction du pays. Il régna ensuite jusqu'en 1978, où du poison absorbé vraisemblablement à Damas, à l'occasion d'une réunion des chefs d'Etat arabes, mit fin à ses jours. L'espace de deux ou trois semaines, d'ailleurs, il avait complètement fondu, ne pesant, au moment de son décès, qu'une trentaine de kilos.
Son règne aura été essentiellement marqué par une arabisation effrénée de l'école et de l'administration, dont les Algériens paient depuis les conséquences les plus déplorables. Parti du néant, Boumediene a tenté aussi d'industrialiser le pays, en nationalisant à tour de bras des entreprises françaises restées dans le pays après l'indépendance, et en créant de nouvelles entreprises à la direction desquelles des centaines de copains et de coquins, sans formation et surtout à l'intégrité discutable, ont été désignés. Boumediene s'est singularisé aussi par la création de milliers de mosquées, pour assurer la pérennité de l'islam et servir les intérêts arabo-baâthistes qu'il défendait.
De tout cela, enfin, les Algériens ne gardent que le souvenir de mesures le plus souvent improvisées et sans lendemain, qui expliquent la ruine dans laquelle ils se débattent toujours, 30 ans après la disparition de ce dictateur.
Enfin, on ne peut surtout pas manquer d'attribuer à Boumediene la paternité du mouvement intégriste qui endeuille aujourd'hui encore le pays. L'on sait aussi qu'il voulait, ce faisant, faire pièce au mouvement berbériste qui revendique en vain ses droits fondamentaux depuis des décennies. Et ce mouvement intégriste a non seulement survécu à Boumediene mais il s'est développé et radicalisé pour former les GIA, le GSPC et autres organisations criminelles barbares de notoriété aujourd'hui bien établie.
Voilà en gros ce qu'évoque ce charlatan imbu d'arabité et d'islamité dont nombre d'extrémistes saluent encore la mémoire.