Un colloque sur la liberté d'information au "Maghreb" réuni aujourd'hui à Paris

C'est entre 14 et 19h que se tient en principe aujourd'hui ce colloque destiné à sensibiliser l'opinion sur les atteintes de plus en plus nombreuses à la liberté d'expression et aux droits de l'homme dans les pays d'Afrique du Nord (je trouve que le terme de Maghreb est inapproprié pour tous ceux, la majorité, issus du terroir qui ne s'identifient en rien au Monde arabe).

Les libertés pour la récupération desquelles les peuples de cette région ont payé de leur sang se trouvent en effet confisquées partout, sous l'œil parfois bienveillant sinon complice de l'ancien occupant. Dans aucun des pays concernés, les dirigeants autoproclamés en général ne tolèrent pas même l'existence de médias libres ni de publications non autorisées préalablement. Les violences les plus intolérables, jusque et y compris la torture, léguées par le colonisateur d'hier, y sont régulièrement appliquées à grande échelle pour pérenniser les systèmes qui se rejoignent tous par le besoin de perdurer.

A Rabat comme à Alger, à Tunis comme à Tripoli ou à Nouakchott, les régimes en place, au mépris du droit sinon de la simple morale élémentaire, veillent non seulement pour s'éterniser mais au besoin pour se renouveler dans des espèces de dynasties médiévales n'ayant d'autre préoccupation que celles de s'emparer des richesses des peuples.

Certes, le colloque d'aujourd'hui ne pourra rien changer à ces choses, mais au moins aura-t-il le mérite de rappeler à la conscience universelle que, sur la rive sud de la Méditerranée, les peuples vivent une nouvelle forme d'esclavage aussi méprisable qu'inacceptable.

A ce propos, la déclaration d'Ayad Ahram tombe à pic, pour stigmatiser la "démocratie" de façade marocaine que les chancelleries occidentales ne manquent aucune occasion de flatter.

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Déclaration d'Ayad Ahram sur la chaîne TV5-monde .

(Ayad Ahram, Franco-marocain, 45 ans, Vice-président de l'Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc)

"Le nouveau roi a relooké la vitrine extérieure et a procédé au changement de présentoir. Le fond de commerce reste le même. On y vend la même marchandise.

Ce qui caractérise ces dix ans c’est le fait du prince. Le chef de l’Etat prend les décisions et prononce des discours qui ne sont ni commentés, ni discutés. Une situation qui relègue le parlement au rang de chambre d’enregistrement. Pis encore, le parlement ne contrôle pas les actions du gouvernement.

À la fin des années Hassan II, il y a eu quelques avancées sur le plan des libertés individuelles suite à la pression exercée par les victimes, leurs familles et les associations internationales. Une amnistie générale a vu le jour. Des réfugiés politiques parrainés par des ONG ont pu regagner le Maroc.

Mohammed VI a pris des initiatives allant dans le même sens. L’Instance Equité et Réconciliation (IER) a été créée pour solder le passif des droits de l’Homme au Maroc.

Mais l’approche adoptée par cette instance est loin d’être satisfaisante. L’Etat voulait tourner toute cette page sans vraiment la lire et avec le moindre coût politique possible. L’IER a permis d’indemniser matériellement les victimes, mais elle ne leur a pas permis d’aller plus loin dans leur quête de vérité et de justice. Voilà comment on a encouragé l’impunité totale."

Un autre livre est frappé par la censure à Alger, nous apprend aujourd'hui lematindz.net. Il s'agit de "Poutakhine", une espèce de journal intime signé par Mehdi el-Djazaïri.

Parce que ce dernier a osé y interpeller le président Bouteflika sur la question de savoir où se trouvait-il pendant la décennie où le pays affrontait le terrorisme, les autorités ont posé un interdit sur sa publication.

Voici ce qui est écrit à ce sujet dans le site précité. L'on remarquera, ce faisant, que la loi elle-même est totalement détournée pour justifier le lynchage de cet ouvrage.
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Censuré à Alger : le livre Poutakhine sort en Europe

lematindz.net - le 19 Juin, 2010

Le livre "POUTAKHINE, journal presque intime d'un naufragé" de Mehdi El Djezaïri, interdit en Algérie, est sorti à Paris, apprend-on auprès de l'auteur.

Mehdi El Djezaïri organise une rencontre-débat le lundi 21 Juin à 18 heures à Paris.(*)

Le livre est considéré comme un pamphlet contre le président Bouteflika. Mehdi El Djezaïri a lancé le défi de trouver « un seul mot d’insulte dans les 432 pages du livre ». « Sauf à considérer que poser une question à son Président est en soi une insulte. La question que j’ai posée en exergue : “Où étiez-vous Monsieur le président quand l’Algérie saignait et pleurait ses enfants ?” a été régulièrement posée depuis 1999 », a-t-il écrit. « Il n’y a pas de censure au Salon du livre. Au salon d’Alger comme aux salons de Tunis, de Casablanca ou de Paris, il existe un décret qui précise les raisons qui font qu’un livre ne soit pas diffusé », a indiqué [, de son côté,] Khalida Toumi, [ministre de la Culture] faisant référence au décret exécutif n°03-278 du 23 août 2003 fixant le cadre réglementaire de diffusion de livres et ouvrages en Algérie. L’article 10 de ce texte stipule : « Sont interdites, sur le territoire national, l’introduction et la diffusion de livres et ouvrages édités sur quelque support que ce soit et dont le contenu se caractérise par l’apologie du terrorisme, du crime et du racisme ; l’atteinte à l’identité nationale dans sa triple dimension ; l’atteinte à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale et à la sécurité nationale ; l’atteinte à la morale et aux bonnes mœurs ; la falsification du Saint Coran et l’offense à Dieu et aux prophètes. »

Plusieurs libraires d’Alger avaient été convoqués par la brigade de recherche et d’investigation (BRI) du commissariat central, où ils ont été sommés de restituer le reste du quota du livre Poutakhine.

L’auteur, Mehdi El Djezaïri, fait l’objet d’une grave persécution par les services de police.
L.M.