Obama déçoit de plus en plus

A l'usure du pouvoir, les hommes politiques - on ne cessera jamais de le constater - changent presque toujours. Ils reviennent immanquablement sur les engagements pris devant leurs électeurs. Ainsi, en est-il d'Obama, devenu quasiment l'émule de Guy Mollet, qui défend bec et ongles, aujourd'hui, le renouvellement du "Patriot act", dans sa forme la plus originale qui lui avait été léguée par son prédécesseur, Georges W. Bush.

Le président américain en place n'a même pas jugé bon de rectifier la moindre disposition d'une loi pourtant très liberticide qu'il s'engageait fermement, hier encore comme candidat, à abolir, sitôt élu.

Bakchich, le journal satirique parisien, en fait une analyse fort intéressante que j'ai jugé utile de rapporter intégralement ci-après. La voici.

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Obama, Patriot Act II, scène I
Lundi 8 mars - par Doug Ireland

Barack Obama a signé le renouvellement du « Patriot Act », sans aucune des réformes qu’il réclamait lorsqu’il était candidat.

Une des raisons de la haine par le peuple de gauche américain pour George W. Bush tenait à ses agressions insidieuses contre (nos) les libertés et droits constitutionnels. Mais la semaine dernière, Barack Obama a signé le renouvellement d’un des pires de ces assauts, la loi « Patriot Act », sans aucune des réformes exigées par les progressistes, réformes pourtant réclamées par Obama lui-même quand il était candidat à la Maison Blanche.

Le « Patriot Act », voté par le Congrès à la demande de Bush dans l’hystérie sécuritaire qui a suivi les attentats meurtriers de 11 Septembre 2001, confère d’immenses pouvoirs au gouvernement fédéral pour les « écoutes » téléphoniques et le contrôle des courriers. Il autorise la saisie de dossiers officiels et officieux de suspects sans les prévenir et légalise la surveillance des individus, même s’ils n’ont aucun lien avec un groupement terroriste organisé.

La désillusion galopante à l’égard de Barack Obama se renforce à gauche. Après deux guerres et une politique économique conservatrice, le chef de l’état poursuit dans bien des domaines l’oeuvre de son prédécesseur en défiant et en assassinant (nos) les libertés civiles. Le mois dernier, la vénérable American Civil Liberties Union, prestigieuse association gardienne des (nos) libertés depuis 1920, a publié un rapport accablant sur la « déception » Obama. Dans pas moins de 66 cas, le président aurait eu le pouvoir de restaurer des libertés mais n’a rien fait, et dans 27 autres, ses actions auraient été « essentiellement négatives ».

Parmi les atteintes bushiennes aux libertés laissées en l’état par Obama, on peut citer la politique de « rendition », c’est-à-dire le transfert d’individus soupçonnés d’avoir des liens avec le terrorisme vers des pays où la torture est d’usage pendant les interrogatoires (Égypte, Maroc, ou Jordanie) ; l’utilisation des militaires pour surveiller les citoyens aux États-Unis et à l’étranger ; le pouvoir de désigner sans procès un individu ou une association comme « terroriste », les empêchant ainsi de faire du business ; la surveillance de militants politiques quand bien même aucun soupçon de crime ne pèse sur eux ; l’utilisation de tribunaux militaires pour les procès de civils accusés de terrorisme en lieu et place des cours qu’autorise la Constitution ; l’emprisonnement illimité sans procès des individus soupçonnés de terrorisme (y compris à Guantanamo où 188 d’entre eux croupissent toujours sans avoir été jugés) ; l’utilisation du « secret d’État » pour empêcher un procès et pour refuser de fournir au Congrès des documents qu’il réclame ; et bien d’autres exemples…

Le 3 février dernier, Dennis Blair, le directeur des renseignements nationaux - conseiller principal de la Maison Blanche nommé par Obama – a déclaré devant une commission du Congrès que le gouvernement avait parfaitement le droit d’assassiner des citoyens américains s’il les soupçonne de terrorisme !

Cette conduite anticonstitutionnelle d’Obama et de ses sbires rappelle le dicton vieux de 250 ans de Benjamin Franklin, le vieux sage de la révolution américaine : « Ceux qui sacrifient des libertés essentielles pour obtenir un peu de sécurité temporaire ne méritent ni liberté, ni sécurité ».

Nul n'est prophète dans son pays, dit l'adage.

Obama, pour ne pas déroger à cette règle, est battu dans sa ville natale d'Hawaï. Pour l'élection d'un parlementaire au Congrès, qui s'est déroulée hier, le candidat républicain, Charles Djou, a été élu avec près de 40 % de voix, face à deux candidats démocrates engagés séparément dans la course et qui ont obtenu respectivement un peu moins de 31 % et 28 %.

Pourtant, c'est bien dans cette cité que le président américain a passé toute son enfance et qu'il a remporté, il y a seulement 2 ans, plus de 72 % de suffrages à l'élection présidentielle.

C'est dire qu'Obama, qui avait canalisé un grand nombre d'espoirs de ses concitoyens lors de la bataille de 2007, n'est plus en phase avec ce qui fut son électorat. Timoré, ambigu et sans doute aussi complexé par ses origines, le président américain aura donc d'autant plus déçu que c'est à présent la seconde gifle que reçoit son parti, après la défection tant remarquée au Massachusetts qui fut jadis un fiel du camp démocrate.

En s'alignant par ailleurs, comme il vient de le déclarer, sur la politique de son prédécesseur en matière de lutte contre le terrorisme, Obama, à n'en pas douter, cristallisera dans l'opposition une autre partie de l'électorat américain qui lui avait fait confiance.